Emedia Invest ne s'avoue pas vaincu
Le groupe Emedia Invest ne compte pas se laisser faire, dans l’affaire de retransmission des matchs de la prochaine Coupe du monde. Le groupe médiatique, ayant déjà constitué un pool d'avocats, espère obtenir gain de cause.
Maîtres El Hadj Diouf, Bamba Cissé, Oumar Sarr et Seydou Diagne, qui seront épaulés par des avocats des barreaux de Paris et de Zurich, notamment : Emedia a ménagé sa monture, car la bataille s'annonce rude avec la RTS. Entouré de ses conseillers, Mamoudou Ibra Kane a aussitôt mis à nu l'approche "discourtoise et incongrue" de la télévision nationale qui, selon lui, est "hors-jeu".
"En se substituant à la RTS pour payer le contrat, l'État a d'emblée faussé les règles concurrentielles. Et plus grave encore, l'État du Sénégal a payé plus de neuf cents millions de francs CFA, en lieu et place des sept cents millions requis. La RTS a donc bénéficié de fonds publics dans une affaire privée", dénonce le DG d’Emedia.
Après avoir confirmé la situation de hors-jeu de leur concurrent, M. Kane a de nouveau brandi son trophée octroyé par New World TV. "Nous avons un contrat en bonne et due forme pour retransmettre 28 des 64 matchs de la Coupe du monde qatarie et il est toujours en vigueur, car nous n'avons reçu aucune notification résiliant ce dernier. Je tiens à rappeler que cette procédure qui a abouti à l'octroi du contrat au groupe Emedia a été supervisée et certifiée par la Fifa himself. Maintenant, il y a eu un revirement. La RTS, qui était disqualifiée dès le départ, s'est accaparée des droits de retransmission, grâce notamment à la partition de l'État qui a payé les droits, comme mentionné dans un communiqué de la RTS elle-même", renseigne-t-il.
‘’C'est l'affaire du secteur privé tout entier’’
Ainsi, dans ce combat, l'ancien responsable de la TFM compte sur le soutien des confrères. "Personne n'a intérêt à laisser passer cette forfaiture. Ce combat va au-delà d’Emedia Invest. C'est le combat de nous tous, de toute la presse, privée notamment. Et pour élargir davantage notre champ, je dirai que c'est l'affaire du secteur privé tout entier. Nous devons plus que jamais être forts pour faire face. À ce rythme, si nous nous laissons dominer par les mastodontes comme la RTS, nous risquons tout simplement de disparaître et notre disparition, ce sont des milliers d'emplois perdus. Pour finir, je pense qu'un État intelligent gagnerait à soutenir son secteur privé, car c'est la survie de la nation elle-même qui en dépend", soutient Mamoudou Ibra Kane.
Pour Me Seydou Diagne, l'un des avocats du groupe de presse, les parties impliquées : New World, la RTS et l'État du Sénégal doivent revenir à la raison. L’avocat a ensuite livré un pan de la stratégie qu'ils comptent mettre en place pour remporter le probable procès. "Nous avons constitué une équipe internationale. Car la complexité du dossier exige la participation d'autres avocats. Ainsi, nous avons des confrères des barreaux de Paris et de Zurich, notamment. Ce choix s'explique par le fait que c'est une juridiction internationale qui devra départager les deux parties", explique Me Diagne.
‘’Nous ne sommes pas contre un arrangement à l'amiable’’
Maître Bamba Cissé, pour sa part, laisse entendre qu'ils n'hésiteront pas à faire confiance à la Fifa, pour permettre à Emedia de remporter ce match. "La Fifa, ce n'est pas une mince affaire. C'est un peu l'ONU du football, beaucoup plus puissante que certains États. Si cette entité gérée par Gianni Infantino constate qu'un État s'est immiscé pour biaiser le jeu, elle peut bel et bien annuler la procédure et pourquoi pas rétablir notre client, en l'occurrence le groupe Emedia, dans ses droits les plus absolus", dit-il.
Selon l'avocat, la règle aurait voulu qu'on organise au moins un autre appel d'offres auquel participeront aussi la TFM et la Sen TV. Ainsi, la logique d'une "concurrence saine et libre" aurait été respectée.
Reprenant une dernière fois la parole, M. Kane a souhaité qu'une issue heureuse soit trouvée à ce tiraillement, avant qu'il ne devienne ce bémol de la prochaine Coupe du monde pour le Sénégal. "Toujours est-il que nous ne sommes pas contre un arrangement à l'amiable, pour qu'on nous rende ce qui nous revient de droit. Car, après tout, c'est la célébration du football. En sus, le Sénégal va y participer, nous ne devons pas accepter que la fête soit compromise par qui que ce soit", a-t-il conclu.