Enterrement de première classe !
Une fois encore, Macky Sall a surpris son monde. Alors qu’on l’attendait hier, lors de sa conférence de presse d’après conseil des ministres décentralisé, sur le débat relatif au protocole de Rebeuss qui pollue l’atmosphère depuis un certain temps, le chef de l’Etat a choisi de dégager en touche : ‘’De mon point de vue, ce débat n'a aucun intérêt pour les populations…, par conséquent, je préfère ne pas répondre à cette question’’, a-t-il balancé à la journaliste Maïmouna Ndour Faye et à la face du peuple sénégalais qui espérait (peut-être naïvement) que son excellence Sall allait enfin livrer sa part de vérité sur cette affaire. Pourtant, le protocole/ou engagement de Rebeuss (c’est selon) tient le pays en haleine depuis que l’un des principaux acteurs, à savoir Idrissa Seck, a demandé la mise sur pied d’un jury d’honneur. Pour, dit-il, tirer cette affaire au clair.
L’auto-saisine annoncée en grande pompe du procureur de la République, conjuguée à l’audition programmée (finalement annulée) de Samuel Sarr à la Sûreté urbaine mardi dernier, laissait croire que les idéologues de la gouvernance sobre et vertueuse allaient pour une fois siffler la fin de la récréation. En œuvrant pour l’établissement de la vérité, sur les tenants et aboutissants de ce fameux ‘’protocole’’. Mais à l’arrivée, cette auto-saisine du procureur Serigne Bassirou Guèye s’est dégonflée comme un ballon de Baudruche. Car dans l’entendement du président Sall, tout ne se débat pas. Certes !
Mais force est de reconnaître que l’affaire dite du ‘’protocole de Rebeuss’’ est un problème sénégalais de grande envergure. Mieux, elle (cette affaire), comme un pot de colle, nous accompagne depuis plus d’une décennie en alimentant nos discussions de salon ou de chaumière, et sans que nous soyons en mesure de distinguer ce qui y relève de la vérité et ce qui y découle tout simplement de l’affabulation. C’est dire qu’on aura tout entendu avec ce protocole de Rebeuss dont les principaux acteurs sont toujours en activité sur la scène politique sénégalaise.
Rien que pour cela, le président de la République, dont certains de ses lieutenants ont ressuscité cette nébuleuse, se devait d’éclairer notre lanterne. Ancien premier ministre du président Abdoulaye Wade au moment des faits, actuel chef de l’Etat, Macky Sall est mieux placé que quiconque pour connaître la vérité sur ce dossier. En plus, son actuel ministre de la justice Garde des sceaux était l’avocat d’Idrissa Seck quand ce dernier était emprisonné dans le cadre des chantiers de Thiès. Un dossier alambiqué dans lequel beaucoup ont laissé des plumes.
N’est-ce pas Bara Tall ? Mais aujourd’hui, au lieu de laisser la justice poursuivre son travail, à moins que l’auto-saisine du procureur de la République sur le protocole de Rebeuss ne soit simplement qu’un coup de bluff, le chef de l’Exécutif nous (la presse) prie de l’aider à instaurer le débat économique. Une manière sans nul doute de procéder à un enterrement de première classe de certaines affaires ‘’sensibles’’, à quelques mois des législatives de 2017.
Mais comment parler d’économie si certains dossiers qui ont forcément des impacts sur notre vécu quotidien ne sont pas encore tirés au clair. Le protocole de Rebeuss, celui de Doha, les affaires Arcelor Mittal, Petro-Tim, Bictogo, Iris etc… sont assez importantes pour qu’on renonce à en réclamer la lumière.
Ibrahima Khalil Wade