Une histoire de confiance et de fric
Vu les affinités et la relation de confiance qui existent entre Abdoulaye Wade et Alioune Aïdara Sylla, on aurait pu penser que les deux hommes se connaissent depuis belle lurette. Le premier a fait du second son homme de confiance. Eh bien, il se trouve que les deux hommes ont commencé à collaborer en 2004, après une cour assidue de Me Wade.
Entre Abdoulaye Wade et Alioune Aïdara Sylla, c'est une longue histoire qui prend ses limbes en 1995. Une époque où le troisième président de la République du Sénégal est ministre d'État dans le gouvernement de Habib Thiam. C'est Habib Sy, alors chef de cabinet de Wade, qui présente les deux hommes. En cette période charnière, Aïdara Sylla fait ses premiers pas dans la jungle politique, au niveau de la communauté rurale de Thilmakha. Cette première entrevue se limite à une petite causette dans le bureau de Habib Sy.
Leurs relations vont prendre une ascension fulgurante, au lendemain de l'Alternance. Le président nouvellement élu lui fait une cour pressante, qui va finir par porter ses fruits. ''Le jour de la déclaration de politique générale de Moustapha Niasse, alors que j'étais député depuis 1998, mon collègue Pape Diop est venu me dire que le président a besoin de moi''. L'entrevue aura lieu en 2004. En effet, la déclaration se termine en queue de poisson. Lui, il refuse de rencontrer Wade. Pape Diop insiste. ''Je lui ai fait savoir que je ne rallierai le Parti démocratique sénégalais sans, au préalable, gagner ma communauté rurale pour les échéances électorales locales qui se dessinaient en 2002''. Il gagne sa communauté rurale. Idrissa Seck revient à la charge. ''Nous avons noué des relations amicales, mais j'ai refusé de rallier le Pds''. Ce n'est que partie remise, puisque Wade le convainc, lors de leur entrevue, qui a lieu en 2004.
Dans la foulée, le président lui confie la construction de l'Haras national à Kébémer (un marché de gré à gré). ''Satisfait de mes prestations, le président me confiait tout ce qui a trait à la construction de son patrimoine familiale et de son propre patrimoine à Kébémer, Touba, Saly Portudal, Keur Massar''. Il rallie le Pds en 2005. Neuf ans après, il déclare n'avoir pas d'affinités particulières avec les autres dignitaires de l'ancien régime qu'il dit ne pas fréquenter, à l'exception de Me Madické Niang, son avocat et ami.
Le bâtisseur de Wade
Ainsi, depuis lors les deux hommes ne se sont jamais perdus de vue. À Kébémer, Aliou Aïdara Sylla a déjà construit 04 villas pour les membres de la famille de Wade. Actuellement, il achève la construction de la résidence de l'ex-président à Touba. Idem pour Saly Portudal. Alioune A. Sylla y termine la construction d'une villa sur un terrain de 3 hectares, pour le compte de son mentor. Toujours concernant le patrimoine de l'ancien président de la République, l'élu de Thilmakha a révélé avoir érigé une clôture d'un terrain de plus de trois hectares, en face du champ de Me Abdoulaye Wade à Keur Massar. Il est prévu, sur ce périmètre, des cultures expérimentales de plantes médicinales par l'ex-première dame, Viviane Wade. En outre, l'homme de confiance de Me Abdoulaye Wade s'est chargé de la construction de villas pour des personnes désignées par l'ex-président.
Aujourd'hui, dans sa retraite à Versailles, Abdoulaye Wade continue d'être assisté par M. Sylla, à travers sa société SAS. Entre autres prestations, la société s'occupe de gardiennage auto, d'accompagnement, de fourniture de véhicules avec chauffeur ; des prestations qui ont été rétribuées à hauteur de 358 000 Euros TTC, soit 232, 7 millions de Fcfa.
Rétribution en terres
Il faut croire que son mentor a su se montrer généreux, en retour, pour service rendu. Puisque l'enquête de la gendarmerie révèle que plusieurs parcelles de terre ont été cédées à l'homme de confiance de Abdoulaye Wade pour des sommes ''très en deçà de la valeur vénale réelle des terrains sur ce site à cette époque'', selon le témoignage de Ndiaga Thiam, conservateur de la Propriété foncière de Dakar Plateau. C'est le cas du TF N°14415/DG. Un terrain de 17 000 m3, situé sur la Corniche Ouest de Dakar, cédé à sa société dénommée Société de Promotion Touristique (SPT) au prix de 42,5 millions Fcfa, soit 2500 Fcfa, le m3. Sa Société des Affaires et Services (SAS) a bénéficié d'un terrain de 2ha 2a 47ca sur la Corniche Ouest à Dakar Plateau, au prix de 121,4 millions Fcfa. Ici, la SAS a ensuite mis le terrain dans la constitution du capital de Diappo Sarl, sur la demande de Alioune Aïdara Sylla.
Gaston COLY
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