Une amitié mise à mal
L’amitié entre Oumar Mamadou Barry et Elias Daouda Dabo était sincère. L’un a même donné à son fils le nom de l’autre. Mais elle se conjugue désormais au passé, depuis que le premier nommé a traîné l’autre devant le tribunal de Dakar, pour escroquerie et abus de confiance.
Oumar Mamadou Barry est un émigré qui voulait se doter d'un terrain à Tivaouane Peul. Pour cela, il déclare avoir versé la somme de 2 500 000 F à son ami Elias Daouda Dabo, qui lui a remis un acte de vente. Cependant, en voulant viabiliser le terrain, une dame du nom de Bineta Diallo est venue réclamer le même terrain. "En plus des 2 millions, j'ai remis à Elias des machines à hauteur d’un million F CFA et une voiture’’, a déclaré Oumar, à la barre du tribunal, dans un wolof approximatif. Mais le prévenu, barbu et habillé d’un boubou vert, s’est inscrit en faux à ces propos. Sous ses airs d’homme pieux, il a livré une autre version. ‘‘Concernant le terrain, je lui ai bel et bien remis l’acte de vente par lequel j'ai acquis la parcelle et jusqu'à présent, ses briques sont là-bas. Pour la voiture, je l'ai vendue et je lui ai envoyé tout l'argent’’, a-t-il dit.
Ayant écouté les deux parties, le ministère public a souligné la difficulté à juger cette affaire, à cause de l’absence de certains éléments du dossier. ‘‘C’est une affaire très complexe. Vu la difficulté d'établir les dates des remises, il y a une prescription à soulever. Raison pour laquelle le délit d'escroquerie sera très difficile à établir. Par contre, celui d'abus de confiance peut lui être imputé’’, a déclaré le procureur qui a requis une peine d'emprisonnement de trois mois ferme. Ensuite, Me Babacar Ndiaye, avocat de la partie civile, s’est attardé sur la personne d’Elias Dabo. ‘‘En le voyant, avec son apparence, il peut facilement vous tromper. Comme dit l’adage : l’apparence est souvent trompeuse. Même moi, j’aurais eu confiance en lui. Mais finalement, c’est un escroc’’, a-t-il tonné. Avant de réclamer la somme de 13 500 000 F pour le préjudice causé. L’avocat s’est aussi exprimé sur les prescriptions soulevées par le parquet, en demandant la relecture du PV pour se renseigner sur les vraies dates des remises.
‘‘La partie civile avance des faits sans preuve. Mon client n'a pas volé les machines, mais c'est sa femme, divorcée, qui les a amenées avec elle. Je demande de relaxer mon client qui n'a rien fait’’, a lancé l’un des conseils de la défense. Son collègue Me Fall de renchérir : ‘’Il n'y a aucune preuve. Il n'y a pas d’escroquerie, encore moins d’abus de confiance. Tous ces faits ne sont pas constitués en droit. Mon client a vendu son terrain dans les mêmes conditions qu'il a acquis ce même terrain. La dame qui réclame le terrain n'a apporté aucun document confirmant ses dires.’’ Le conseil de poursuivre en attaquant frontalement la partie civile : ‘‘Oumar Mamadou Barry n'est pas correct et tout le monde l'a abandonné, même sa femme. Mon client est un honnête père de famille qui a 17 enfants et qui n'a pas de temps à perdre. Je ne parlerai même pas de relaxe, je demande à M. le président de renvoyer le prévenu des fins de la poursuite.’’ Celui-ci rendra son verdict le mardi 26 septembre prochain.
CHEIKH DIOP