Publié le 15 Jun 2012 - 19:35
EURO 2012 - GROUPE D - UKRAINE/FRANCE (0-2)

Les Bleus dansent sous la pluie

 

La clameur de la Donbass Arena lorsque le premier coup de tonnerre interrompt la Marseillais. Les frissons d’un hymne ukrainien repris par 48 000 poumons et 48 000 cœurs. La pluie, qui n’était plus tombée sur Donetsk depuis une semaine mais que le ciel gris promettait depuis le matin. Et puis l’arbitre qui, voyant les écrans géants clignoter après un éclair, décide de renvoyer les joueurs dans le confort du vestiaire au bout de cinq minutes de jeu. Tout a contribué à rendre ce début de match dantesque. Jusqu’à cette heure de torpeur incertaine durant laquelle le public faisait le bonheur des buvettes du stade en se demandant s’il n’allait pas devoir rentrer chez lui. Vers 20 heures locales, 19 en France, l’arbitre et les officiels ayant jugé le terrain praticable, on peut reprendre.

 

 

Benzema encore fébrile

 

Mais l’eau qui gorge le terrain n’a pas seulement forcé les 22 acteurs du match à conserver leur influx nerveux la reprise des hostilités. Elle rend maintenant le ballon beaucoup plus dur à maitriser, les contrôles plus fuyants. Les Français tentent alors d’adapter leur jeu en frappant de loin par Benzema (6e) et Debuchy (10e), puis nous apprend qu’elle est capable de dominer le jeu aérien, elle qui n’a plus marqué un but sur coup de pied arrêté « depuis Louis XIV », pour paraphraser Cantona. Sur un coup-franc excentré de Nasri, Mexès offre la parade du match à Pyatov de la tête (39e) puis Diarra tente sa chance sur le corner suivant sans plus de succès. Les Bleus peuvent aussi compter sur les errements de la défense ukrainienne, comme lorsque Ribéry profite d’un ballon très mal protégé par Nazarenko pour filer le long de la ligne de but (26e), avant de dévorer Mikhalik sur une accélération trois minutes plus tard.

 

Problème : les changements apportés par Laurent Blanc pour « améliorer » l’équipe ne portent pas vraiment leurs fruits. Titularisé à gauche à la place d’Evra, Clichy est régulièrement dépassé par les évènements, mais plutôt propre offensivement, et, sur l’aile droite, Menez (posé là à la place de Malouda) montre sa nervosité en accrochant Chevtchenko au milieu de terrain, récoltant au passage un carton jaune. De son côté, Diarra, resté dans le onze alors que le retour de M’Vila était attendu, perd un ballon très dangereux à 30 mètres des buts. Face à un Chevtchenko encore bien en jambes et galvanisé par les « Cheva, Cheva » descendus des tribunes, on se dit que le pire est à venir, d’autant plus que Benzema affiche une fois de plus sa fébrilité jusque dans un dégagement raté sur un corner ukrainien.

 

 

« On est chez nous »

 

Mais l’opposition offerte par les jaunes d’Oleg Blokhine est décidément trop faible, et le Ballon d’Or de la bande ne peut pas tout faire tout seul. Revenu sur la pelouse avec plus de couleurs dans les crampons, Menez est le premier à éteindre le stade, lorsqu’il repique dans l’axe pour tromper d’une frappe croisée un Pyatov pourtant excellent jusque là (1-0, 53e). Etourdis, les locaux se font punir trois minutes plus tard. Servi par Benzema à l’entrée de la surface, Cabaye résiste au retour de Gusev et double l’addition d’une frappe en pivot, comme un hôtelier ukrainien doublerait le prix de sa chambre avant l’Euro (2-0, 56e). Comble du comble, le silence devient alors tellement assourdissant que les quelques centaines de supporters bleus parviennent à se faire remarquer sur quelques secondes de « On est chez nous ».

 

Tout de jaune vêtues, les tribunes auront encore de menues occasions de se faire remarquer. En sifflant leur équipe amorphe juste avant une nouvelle frappe de Cabaye sur le poteau. Puis en reprenant brièvement espoir sur quelques timides incursions de Devic (66e, 71e) ou Yarmolenko (67e), et lors d’une fin de match dominée par leurs héros. Le résultat n’est pas loin d’être parfait pour la France, qui se place dans une position idéale avant son dernier match de poule contre laSuède, mardi. Reste quelques problèmes à régler, dont celui de Benzema, sorti la tête basse du terrain à la 76e malgré le score. Pour ne pas faire les rabats-joie, on soulignera quand même la nouvelle belle performance de Mexès, de plus en plus solide. La France n’avait plus gagné en phase finale d’une grande compétition depuis la demi-finale de 2006, et il a fallu un coup de tonnerre pour débloquer tout ça. Avec un peu de bol, un cyclone les transportera au bout de cet Euro.

 

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