Publié le 5 Dec 2019 - 01:00
EVENTUELLE GRÂCE DE HISSENE HABRÉ

Le veto des victimes

 

S’insurgeant hier contre toute idée de grâce pour l’ancien président tchadien, les victimes des crimes du régime de Hissène Habré exigent leur indemnisation.

 

Les avocats des victimes de Hissène Habré sont formels. L’ancien président du Tchad ne peut pas bénéficier d’une grâce médicale réclamée par ses proches soutenus dans ce combat par le Forum du justiciable. Face à la presse hier à Dakar, elles ont rappelé que le Sénégal est lié par le statut des Chambres africaines. Par conséquent, estime leur avocat, Me Assane Dioma Ndiaye, ni le Sénégal encore moins son président de la République n’ont d’autorité pour remettre en cause ou aménager la peine qui a été prononcée contre Hissène Habré.

‘’Ce principe a été souligné dans le jugement de la Chambre africaine extraordinaire d’appel du 27 avril 2017 qui a déclaré que le Sénégal ne peut en aucun cas (…) altérer la nature de cette peine, afin de ne pas remettre en cause son caractère véritablement international. Une grâce éventuelle devait donc passer par une procédure transparente impliquant l’Union africaine et les parties civiles’’, indique la robe noire.

Levant toute équivoque entre droit à la santé et détention carcérale, Me Assane Dioma Ndiaye soutient qu’il n’y a aucune corrélation possible. ‘’Au niveau national, s’il est établi, par un rapport médical, que l’état de santé d’une personne est incompatible avec les conditions de la détention carcérale, les autorités locales sénégalaises doivent la libérer ou la maintenir dans un milieu hospitalier. Ce qui fait que beaucoup de détenus sont au pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec’’, souligne-t-il. Il relève ainsi que l’Etat du Sénégal doit faire en sorte que le droit à la santé soit effectif pour tout détenu qui nécessite une prise en charge médicale. ‘’Nous n’avons pas de problème par rapport au droit à la santé de Hissène Habré. Nous avons été, par contre, étonnés de voir certains exiger sa libération quand on a agité sa fracture.

Il n’y a pas de corrélation, il n’y a aucun lien’’, fulmine le droit-de-l’hommiste. Maitre Assane Dioma Ndiaye pense qu’il est impossible d’être libre, seulement quelques années après une condamnation pour divers crimes comme des meurtres en série, des détentions arbitraires, des tortures, des déportations et autres crimes de guerre.  ‘’On vous condamne pour des milliers de morts et des crimes aussi grave et après cinq ans, on dit qu’il faut le libérer. Ce souhait va à l’encontre de l’un des objectifs majeurs de cette justice pénale internationale.  L’autre objectif, c’est la rétribution en matière pénale qui revient à payer une dette à l’égard de la société, de la communauté internationale, puisque nous sommes en matière de crime contre l’humanité’’, déclame la robe noire.

Maitre Assane Dioma Ndiaye estime, en outre, que l’inculpation de l’ancien président du Tchad constitue une véritable thérapie pour les victimes. Selon lui, si la victime a le sentiment que le coupable a été arrêté et jugé selon les principes d’un procès équitable, elle a au moins le réconfort moral et est peut-être prête à pardonner à l’avenir. Mais, en revanche, estime Me Ndiaye, si elle sent une sorte de déni de justice, la victime va croire à une parodie de procès et ce sera une double victimisation. Aux yeux du défenseur des droits de l’homme, cette agitation relative à une grâce pour Habré doit donc cesser par respect aux milliers de victimes et survivants qui, depuis lors, ont tout perdu. D’ailleurs, il pense qu’il serait dommage que ce procès précurseur du combat contre l’impunité en Afrique et synonyme de beaucoup d’espoir, soit un échec. 

HABIBATOU TRAORE

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