Publié le 11 Feb 2025 - 18:53
COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE

Des paysans bradent leurs productions, faute d’acheteurs

 

Osons le  crier tout haut. La campagne arachidière en   cours est un fiasco, au regard des indicateurs révélés par les producteurs eux-mêmes. En effet, dans le bassin arachidier, notamment la zone Centre, il est établi, selon nos interlocuteurs, que seulement un mois après le démarrage de la campagne, les greniers sont vides. Avec le faible taux de rendement agricole, les paysans n'ont pas assez de graines à céder à la Sonacos qui peine aussi, faute d'argent, à acheter les productions dans le sud du pays, à Kolda,  Ziguinchor et Sédhiou.

 

La campagne de commercialisation de l’arachide est catastrophique, selon le secrétaire général du Syndicat national des paysans sénégalais.

Selon Tamsir  Ndiaye, dans la zone  centre du bassin arachidier, c'est l'inquiétude totale  chez les producteurs  dont les stocks d’arachides sont  épuisés, un mois  après le démarrage de la campagne.  La raison, selon lui, est que  "la récolte a été catastrophique cette saison, parce  que les rendements ont  été en deçà des estimations espérées". Pour ce qui le concerne, il n'a vendu que  huit sacs d’arachides et son grenier  s’est vidé. "La saison dernière, j’ai cédé 120 sacs d’arachides, mais cette année je ne m’en suis pas sorti,  car je n'ai  vendu que huit  sacs", a déploré le paysan qui met cette situation sur le dos d’un mauvais rendement agricole doublé d’une qualité de graines qui  laisse à désirer.

Sans détour, Tamsir  dresse un  tableau sombre  de la situation qui prévaut à Kaolack,  Kaffrine et Diourbel. "Gorgui Tamsir’’ comme le nomment affectueusement ses proches, renseigne que des paysans n'ont vendu aucune graine dans cette campagne arachidière. En effet, la majeure partie des paysans n'a quasiment rien récolté. "Certains paysans n'ont profité que du foin tiré des champs, car les graines d’arachide étaient de très faible qualité  pour qu'elles puissent être destinées à la consommation,  tellement, elles sont petites et ont perdu de leur teneur", dit-il. Avant d'ajouter que dans son entourage, un gros producteur s’en est tiré avec seulement 10 sacs d’arachides,  alors que l’année dernière,  il en avait vendu 200".  Une situation qui n’est pas sans conséquence.

En effet, les semences de la prochaine saison ne sont pas assurées. Il s’y ajoute que les paysans qui croulent sous le poids des dettes pour l'achat d’intrants agricoles sont exposés aux poursuites par les banques, si une issue ne leur est pas trouvée pour éponger leurs dettes.

‘’Les producteurs de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor peinent  à trouver des acheteurs’’

Par contre, à Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, dans le sud du pays,  la situation se présente différemment.  Selon Cheikh Tidiane Cissé,  secrétaire général de l'Association des paysans du bassin arachidier, la  Casamance fait face à la disponibilité d’un bon rendement, mais les acheteurs sont introuvables. Dans ces contrées, l’on ne se plaint pas de la qualité ni de la quantité des graines, mais plutôt de l’inexistence d'opérateurs à qui  céder les graines. Une situation qui se justifie, à son avis, par la  dette due aux opérateurs par le gouvernement. "Les autorités sénégalaises qui avaient promis 70 milliards F CFA aux opérateurs pour cette saison n’ont levé aucun  centime. Résultat : les opérateurs sont restés les bras  croisés sans acheter de graines’’. C'est  ce qui fait que  la Copeol n’entre toujours pas dans cette campagne, faute d’argent.  

Les difficultés qui émaillent  cette présente campagne ne manquent  pas. En effet, d’après le SG de l’organisation paysanne susmentionnée, "au niveau de la Sonacos Lydiane, des producteurs ont vu leurs cargaisons rejetées à parce que les graines  sont faibles en termes de poids par rapport aux normes’’.

Toutes ces explications pour démontrer que cette présente  campagne arachidière  s'est soldée par un échec avant même son terme.

‘’Des paysans bradent leurs graines, faute d'acheteurs’’

Bassirou  Ba, président de l’organisation paysanne Aar Sunu Moméel a axé son propos sur le bradage des récoltes des paysans, faute  d’acheteurs. Tout comme Cheikh Tidiane Cissé, il admet que des productions ne trouvent pas preneurs, faute d’argent.

Dès lors, ils se trouvent dans l’obligation  de céder leurs productions à vils prix pour survivre. La vérité est, selon lui, que  la campagne a été catastrophique à tous points de vue. Et le résultat est là. Il regrette, dans la foulée, le fait que   la Sonacos s'est récemment targuée d’avoir réceptionné plus de 100 000 t d’arachide. Cent quinze  mille tonnes environ, selon les estimations de  Cheikh Tidiane Cissé qui rappelle que cela ne fait que confirmer la faible production arachidière et des  acheteurs, puisque  la Sonacos avait annoncé un objectif de 300 000 t. Des projections difficiles à atteindre, en ce sens qu’en plus du mauvais rendement agricole, une bonne partie est destinée à la consommation.  

Au sujet des points de collecte de graines, Cheikh Tidiane Cissé et Bassirou  Ba se veulent très clairs : ils n'existent pas depuis 10 ans, contrairement aux idées  véhiculées par le régime.  En  réalité, ‘’la pratique est la même.  Ce sont les opérateurs qui se déplacent pour le compte de la Sonacos à la rencontre des producteurs, même si cette fois-ci la donne a changé,  car  faute d’argent, leurs déplacements sont très limités. Ils dictent malgré tout  leurs règles, parce qu'ils  sont seuls sur le terrain, en l'absence de la Copeol. Et que la Sonacos commence aussi à traîner des pieds pour payer les opérateurs.

ABDK( Correspondant)

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