10 ans pour retracer une esthétique bien de chez nous

Ouverte au public jusqu’au 30 septembre, l’exposition ‘’10’’ retrace la décennie d’existence de la Galerie du Manège, rue Parchappe, et se décline entre espaces ouverts et vibrance exaltée d’une esthétique si particulière dont témoignent une vingtaine d’œuvres, triées sur le volet.
Accessible par une porte ouverte sur la cour intérieure du Manège, récemment rénovée, l’exposition ‘’10’’ peut se décrire comme une rétrospective visuelle des plus beaux moments qu’a connus la galerie depuis son ouverture, en 2005. Les 350m2 du site sont sublimés par une scénographie minimaliste qui fait, à coup de cloisons stratégiquement aménagées, la part belle à la longueur de l’espace. Le résultat laisse errer d’un regard sur l’ensemble des œuvres exposées qui sont dispersées çà et là comme autant d’autels dans un mess paisible où s’égare la lumière diurne sur des murs blanchis à la chaux.
Vingt artistes ont été sélectionnés pour prendre par à cette rétrospective. Il s’agit de photographes, de vidéastes, de sculpteurs, d’artistes textiles, de peintres et, enfin, de designers qui ont tous déjà eu à travailler avec l’institut français dans le cadre d’installations ou d’expositions solo ou collectives. Certains d’entre eux ayant aujourd’hui disparu, ‘’10’’ prend alors une double dimension qui est celle de l’hommage en plus de celle d’exposition.
Côté peinture, l’on note la présence de plusieurs influences esthétiques. L’une d’elles, à savoir la ‘’1ère génération’’ de l’école de Dakar (Amadou Seck, Iba Ndiaye, Papa Ibra Tall), se décline en toiles aux formes abstraites, aux revendications idéologiques tracées à l’acrylique et à l’hermétisme des symboles. Autant de vestiges d’une autre époque. Elle côtoie la présence de ses contemporaines, plus éclatantes et ‘’pop culture’’ pour certaines (Vincent Michéa, Cheikh Ndiaye) ou oniriques et sombres pour d’autres (Omar Ba, Solly Cissé)…
En ce qui concerne son volet photo, l’exposition visite notamment le ‘’portrait posé’’ avec, tout d’abord, les ‘’portraits de brousse’’ d’Omar Ly qui s’inscrivent dans la plus pure tradition du médium et, ensuite, les clichés ultra colorées d’Omar Victor Diop ; les clichés en mouvement d’Antoine Tempé ou encore les autoportraits mis en scène de Samuel Fosso.
Les sculptures, quant à elles, témoignent de la versatilité des différents artistes retenus par l’expo avec, d’un côté, les silhouettes filiformes des ‘’bustes’’ de Ndary Lo, celles plus expansives de la ‘’Princesse XXL’’ de Marc Montaret et, de l’autre, les sculptures fétiches de Seyni Camara.
Sophiane Bengeloun