Alerte de Idrissa Mbengue
Une trentaine de tableaux, tous réalisés par l’artiste Idrissa Mbengue, sont actuellement visibles à l’espace Aliana. Une exposition qui vaut le détour et qu’EnQuête vous présente ici.
Ses tableaux allient air vieillot et charme fou. Pourtant, ils ne datent pas de longtemps et la thématique développée est assez courante. Son auteur Idrissa Mbengue a axé son travail sur la dégradation de l’environnement. Un sujet très lié à l’histoire des arts plastiques. L’air antique que reflètent ses tableaux s’explique par la décrépitude avancée des terres, de l’air et même de la mer. Pour avoir ces impressions, le jeune artiste diplômé de l’école privée Taggat du maître Kalidou Kassé, utilise des couleurs chaudes ou sombres comme le marron, le noir, le jaune, l’orange, etc. Du bleu, il y en a, mais, il est presque tout le temps parsemé de points de noirs.
Une situation alarmante est ainsi soumise à l’appréciation des visiteurs de l’espace Aliana dont les cimaises reçoivent, actuellement, les toiles d’Idrissa Mbengue. Elle est consécutive à une mauvaise gestion des déchets, comme le montre ce plasticien résidant à Keur Massar. La ‘’Désertification’’ due à l’action de l’homme est un phénomène destructeur de l’environnement. Elle est représentée, ici, à travers un arbre coupé à moitié ; de ce qu’il en reste semble sortir de la fumée. Que dire alors de la ‘’Pollution de l’air’’. La forte industrialisation notée dans certaines zones d’habitation en est la cause, comme le montre l’artiste.
Une forte industrialisation qui mène souvent vers une ‘’Urbanisation anarchique’’. A côté, est matérialisé le spectre de la Sonacos avec une explosion dans l’industrie en 1992. ‘’On constate que, chaque jour, des personnes meurent, suite à un accident de travail ou d’une maladie professionnelle, par exemple, l’accident qui a eu lieu à la Sonacos causé par l’explosion d’un camion citerne contenant du produit toxique (amoniac)’’, lit-on sur la fiche de présentation de l’œuvre représentant ce triste épisode de l’histoire de cette entreprise sénégalaise.
‘’L’érosion côtière’’ est un autre des maux que vit la planète terre actuellement. Des populations habitants en bordure de mer sont, des fois, obligées de quitter leurs demeures pour aller s’installer ailleurs. D’autres le font à cause des inondations. Ce que Idrissa Mbengue a essayé de reprendre dans le tableau intitulé ‘’Zones humides’’. Avec deux tons de vert l’un très prononcé et l’autre tirant vers le fluor, il a essayé de reproduire ces dernières. Quelques touches de couleur marron ça et là en forme d’ilots rappellent la boue qui parsème ce genre d’endroit. ‘’On fait référence à la technopole, c’est-à-dire, les zones habituellement inondées ou gorgées d’eau’’, indique une note de présentation de l’œuvre.
Par ailleurs, la forte présence des couleurs terre dans le travail de Idrissa Mbengue s’explique par le fait que l’une de ses références en peinture et le ‘’Pinceau du Sahel’’. A Kalidou Kassé, M. Mbengue, qui allie peinture abstraite et figurative, dit lui devoir beaucoup. Même cette exposition a lieu grâce à son ‘’mentor’’. En effet, depuis bien longtemps, Idrissa Mbengue participe à des expositions. Jusqu’ici, ce n’était que des exhibitions collectives. Celle-là est la première individuelle de l’artiste de talent qui a remporté le 2e prix d’un concours d’art organisé par l’office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Une belle opportunité pour lui, car il est très difficile pour un jeune artiste d’organiser une exposition individuelle au Sénégal. Par conséquent, c’est une chance que lui offrent la gérante de l’espace Aliana Mme Camara et le directeur artistique de cet espace, le peintre Kalidou Kassé. Cette équipe d’ailleurs veut miser sur les jeunes qui ont du talent, en leur organisant des exhibitions du genre.
BIGUE BOB