Le Conseil départemental de Rufisque contraint de quitter son siège
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Certains parlent d’une expulsion, d’autres d’un arrangement entre le Conseil départemental de Rufisque et le propriétaire de l’immeuble qui lui servait de siège. Inauguré en 2014 en grandes pompes en présence de Me Oumar Youm, alors ministre des Collectivités locales, l’institution départementale est vite devenue mauvais payeur. D’où la colère du propriétaire qui a enclenché une série d’actions pour recouvrer ses fonds. Aujourd’hui, le Conseil quitte son hôtel départemental.
C’est fait. Comme beaucoup de Rufisquois s’y attendaient, le Conseil départemental libère le siège qu’il occupait depuis 2014, après être resté plus d’une trentaine de mois sans payer le loyer. C’est las de courir derrière son argent que le bailleur, Mamadou Yassarou Diallo, s’était tourné vers le tribunal pour recouvrer les près de 80 millions de francs Cfa que lui doit l’institution départementale. Il faut rappeler que, toujours dans l’optique de rentrer dans ses fonds, le propriétaire de l’immeuble départemental avait servi une mise en demeure au Conseil. Cela, du fait que ce dernier n’avait pas respecté les termes du protocole d’accord. Le contrat d’une année renouvelable avait été signé, le 1er septembre 2014, et le Conseil départemental devait verser mensuellement à Yassarou Diallo 2 millions 500 mille francs Cfa.
Toutefois, comme usant de la loi du plus fort, non seulement le contrat n’a jamais été renouvelé, mais le Conseil départemental n’a payé que 4 mois de loyer (de son installation en septembre 2014 au mois de janvier 2015). Lorsque le propriétaire de l’immeuble a rué dans les brancards, il avait reçu des promesses fermes de Souleymane Ndoye, le président du Conseil départemental, de régler très rapidement la facture. N’ayant pas reçu son argent, le propriétaire a saisi le tribunal pour une ordonnance d’expulsion.
« Nous devons au bailleur 77 500 000 francs Cfa »
Du côté du Conseil départemental, l’on confirme les difficultés liées au paiement du loyer. « Le ministère nous a demandé de faire la situation des arriérés de location arrêtés de septembre 2015 au 31 mars 2018, parce qu’on devait quitter depuis le 31 mars, tout juste après le forum. 31 mois d’arriérés faisant une somme de 77 millions 500 mille francs Cfa », précise le directeur administratif et financier, selon qui, n’eût été le ministère des Collectivités territoriales et celui du Budget, l’institution départementale rufisquoise ne se sortirait pas de sa situation de mauvais payeur. Ainsi Seyni Faye de préciser : « Le bâtiment que l’Etat prenait en charge au profit de l’Iea nous sert désormais d’hôtel départemental. L’Etat, par le bais de la direction du patrimoine bâti de l’Etat, va prendre la location au profit du Conseil départemental. » Pour ce qui concerne les arriérés de location de son ancien siège, le financier du Conseil départemental de Rufisque fait savoir que « c’est le ministère des Collectivités locales qui va s’en charger ». Car la faiblesse du budget du Conseil départemental ne lui permet pas « de prendre en charge en même les salaires, le fonctionnement et le loyer ».
Pendant ce temps, les travaux du futur siège du Conseil département tardent à démarrer. Cela depuis le 20 janvier 2017, où la première pierre a été posée en grandes pompes pour des travaux qui devaient durer, selon le président Souleymane Ndoye, 10 mois francs. A ce propos, précise le directeur administratif et financier du Conseil départemental, « ce qui bloque le début des travaux, c’est que nous sommes confrontés à un problème technique. La cause, c’est que sur le site en question, l’eau de mer, mais aussi, la nappe phréatique, est à fleur de sol. Le problème n’est pas d’ordre financier mais technique parce que l’Etat a déjà libéré l’argent ».
PAPE MOUSSA GUEYE (RUFISQUE)