Publié le 21 Jun 2012 - 21:27
FÊTE DE LA MUSIQUE

Le folklore prédomine encore

Daddy Bibsson, rappeur Sénégalais

 

La fête de la musique ou «faites de la musique», créée par l'ancien ministre français de la Culture Jack Lang, est devenue l’apanage des jeunes artistes et autres petites vedettes de la musique sénégalaise. Depuis le début des années 2000, les ténors du showbiz sénégalais signent absent lors de cet événement. Cette année encore, ils comptent le refaire à l’exception notable des Frères Guissé qu’accueille ce soir la maison de la Culture Douta Seck. «Les grandes figures de la musique sénégalaise préfèrent se camoufler chez eux lors de la fête de la musique. Ils refusent de sortir. Ce que je trouve déplorable», se désole le journaliste culturel de la RSI Alioune Diop. «Je ne me rappelle qu’une seule fois où les grands noms de la musique sénégalaise ont célébré le 21 juin. C’était en 2001, si je ne m’abuse. Il faut qu’ils acceptent de côtoyer les jeunes pendant cette nuit», suggère-t-il.

 

Cependant, n’était-ce pas au Ministère de la Culture d’organiser des plateaux à cet effet ? Que nenni ! Rétorque Alioune Diop. «Il est dangereux de laisser tout entre les mains du ministère. C’est au musicien de prendre sa guitare et de jouer la musique devant chez lui». Avis que ne partage pas Daddy Bibson. Chopé par EnQuête au détour d’une conférence de presse, le rappeur qui a récemment fêté ses vingt ans de carrière est d’avis que c’est au ministère de prendre en charge les spectacles. «J’ai bien envie d’organiser quelque chose dans mon quartier mais je n’en ai pas les moyens. Dans un cas comme celui-ci, le ministère doit faire quelque chose», dit-il.

 

Des amuseurs publics

 

Pourtant, le ministère de la Culture organise différents spectacles à Dakar et banlieue. Mais la communication n’est jamais bien passée. «Moi, je ne suis pas au courant de ces spectacles et je n’y suis pas invité», ont réagi Daddy B et le reggaeman Macky Sylla alias Daddy Macky. Mais le dernier nommé précise : «Que je sois invité ou pas, ce n’est pas important». Le mieux serait que des tables rondes et autres manifestations de sensibilisation soient organisées autour de la Culture. Il n’est pas intéressant de ne se limiter qu’au folklore en ce jour si important. «Il faudrait organiser des spectacles dans les écoles, dans les quartiers et sensibiliser les jeunes.»

Cette analyse, Daddy Macky la partage avec le secrétaire général de l’Association des métiers de la musique, Guissé Pène. «Cette fête ne devait pas s’arrêter seulement aux musiciens», déclare-t-il. Encore que la Journée mondiale de la musique du 3 octobre n’est pas fêtée. «Ce jour devait permettre de tenir des foras et de diagnostiquer les problèmes de la musique, en ne s’arrêtant pas au folklore comme si les musiciens n’étaient que des amuseurs publics», s’indigne Daddy Macky.

Pour l'édition 2012, il se dit partisan d'une «grande manifestation autour de l’application de la loi sur les droits d’auteur et les droits voisins.» Votée depuis 4 ans, cette loi tarde à être appliquée.

 

 

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