Publié le 15 Jun 2022 - 21:47
FEMME À LA UNE – BIGUE BOB, RÉDACTRICE EN CHEF D’’’ENQUÊTE’’

Femme choc !

 

La presse sénégalaise compte dans ses rangs des centaines de femmes méritantes et professionnelles. Elles portent en bandoulière leur féminité et abattent un travail de titan, au quotidien. C’est le cas de Bigué Bob, Rédactrice en chef d’’’EnQuête’’, qui mérite un vibrant hommage, à l’occasion du 11e anniversaire de votre journal.

 

Certaines relations ont été retenues par l’histoire comme étant les amitiés les plus sincères de l’humanité. Sénèque et Lucilius, Michel de Montaigne et Étienne de la Boétie sont entrés dans l’histoire des amitiés, grâce à la sincérité de leurs sentiments réciproques. Une telle relation peut être lue entre le journal ‘’EnQuête’’, pour ne pas dire le journalisme, et Bigué Bob. En 11 ans de compagnonnage, cette relation s’est construite non sans embûches, mais dans la plus grande franchise. Car la rédactrice en chef d’’’EnQuête’’ fait partie des personnes qui n’ont pas pris le train en marche. Elle était là, au moment du départ de ce long voyage entamé en juin 2011.

C’est l’histoire d’une femme qui a l’habitude de dire que son nom de famille, c’est Bob comme Bob Marley à qui elle est apparentée. Bigué a fait ses humanités dans la capitale sénégalaise où elle a obtenu son baccalauréat, durant l’année scolaire 2004-2005, en série L2 au lycée John Fitzgerald Kennedy.

Depuis lors, sa vie est toute dévouée au journalisme. Elle aime à manger le ‘’dibi’’ ou le poisson grillé, à défaut de son plan favori, le ‘’soupe kandia’’ qu’elle sait si bien préparer. ‘’Depuis que je l’ai épousée, je n’ai pas mangé chez ma maman. C’est la meilleure cuisinière du Sénégal. D’ailleurs, elle a peur de la faim. Mais surtout, c’est une couche-tard, quand elle travaille, même si elle aime trop dormir. Une femme qui aime voyager, déformation de son amour pour la culture, certainement’’, confie celui qui a conquis le cœur de la dame originaire de Djoffior et de Foundiougne.

Professionnelle jusqu’au bout des ongles

En effet, le destin et la trajectoire professionnels de la jeune dame pourraient une source d’inspiration pour de nombreux travailleurs très pressés et tapis dans les entreprises, notamment de presse. Car, ainsi que le témoigne Gaston Coly, ‘’Bigué est arrivée à ‘EnQuête’ comme reporter. Elle a gravi tous les échelons pour devenir rédactrice en chef. Elle a été chef du desk culture, ensuite rédactrice en chef adjointe et maintenant, elle dirige la rédaction. Ce parcours parle de lui-même. Car s’il y a un adjectif qui la caractérise, c’est : professionnel !’’

Car, en juin 2015, c’est naturellement qu’elle fut nommée cheffe du desk culture. Grâce à son sérieux et son abattage, elle fut nommée cheffe d’édition du journal, en septembre 2019. Aujourd’hui, elle est rédactrice en chef. Fonction qu’elle assure depuis février 2020. 

En retraçant ce parcours de combattant de cette femme pétrie de valeurs professionnelles, le directeur de la rédaction du quotidien ‘’EnQuête’’ précise : ‘’En fait, le plus difficile dans notre métier, dans un contexte sénégalais où, comme vous le voyez, il y a un bouillonnement sociopolitique quasi continuel, c’est de saisir les enjeux du moment et d’avoir la bonne lecture pour en faire le bon traitement médiatique.  Cela suppose de ne pas trop subir les contingences socio-économiques. Et elle a cette intelligence de situation. Et ce qu’il faut savoir, c‘est qu’elle a la déontologie chevillée au corps. C’est assez effrayant (rire). Pour la côtoyer depuis plus d’une dizaine d’années, je peux dire que c’est une personne libre. C’est une qualité ou un état d’esprit déterminant dans notre métier’’, soutient-il.

Pour M. Coly, sa consœur est naturellement très cultivée. Ce qui constitue une qualité indispensable pour diriger une rédaction, à son avis. D’ailleurs, renseigne-t-il, ‘’cette qualité lui vaut des sollicitations à l’étranger, pour prendre part à des festivals ou comme critique cinématographique, de ce que j’en sais. Et d’ailleurs, une discussion avec elle est toujours enrichissante’’.

Mais le plus intéressant, c’est sans doute son éthique de travail. ‘’Sans misogynie aucune, je peux témoigner qu’elle est dure au mal. C’est une jeune dame avec qui vous pouvez aller à la guerre. Car elle est d’une loyauté à toute épreuve et ne rechigne pas à la tâche. Cela peut paraître dithyrambique, mais c’est compliqué de lui trouver des défauts. Même si j’en connais deux ou trois que je vais taire (rire). Allez, un défaut : comme beaucoup des siennes que je connais, c’est une obsessionnelle du contrôle’’, confie le directeur de la rédaction.

Dans cette même veine, sa consœur Oumy Régina Sambou témoigne : ‘’J’ai l’habitude de lui dire : ‘EnQuête’ et toi, c’est à la vie, à la mort, parce que je l’ai vu porter ce bébé, le nourrir, l’entretenir, s’en occuper comme elle le faisait de Bébé Fa ! Et autant on s’occupe de sa fille dans la vraie vie, autant on est focus sur ‘EnQuête’ le #Taaw bou goor (fils ainé). Mais, insiste-t-elle, ‘Bob Marley… À Bob de Diofior, que des ondes positives et un modèle de professionnalisme pour la jeune génération !’’’     

Bob de Marley à Diofior : une amie irremplaçable

La mentalité sénégalaise voudrait que la bonté d’une personne soit exprimée par ses proches. L’une de ses meilleures amies raconte leur histoire commune. ‘’En janvier 2011, période durant laquelle on a commencé à se fréquenter, après la conférence de presse de la création de Y en a marre, on a eu l’occasion de faire ensemble beaucoup de missions. La première, le souvenir qu’on chérit le plus, notre premier Fespaco avec feu Ndatté Diop. Comme des aventuriers, nous nous glissions partout dans Ouagadougou, se disant que nous devions absolument prouver à nos rédactions respectives que nous devions aller en mission, même sur des terrains qui nous sont inconnus. Résultat des courses : un travail de malade, mais aussi des liens indéfectibles que nous avions tissés. Vous imaginez sans peine la douleur causée par la disparition de Ndatté, notre frère qu’on aimait charrier à tout bout de champ’’, raconte Oumy Régina Sambou.

Pour la consœur, parler de Bigué est un exercice assez difficile. ‘’Mais c’est avec plaisir qu’on plonge et qu’on fouille dans nos souvenirs pour trouver anecdotes et autres faits’’. Sur cette lancée, fait savoir l’amie, ‘’jeune journaliste, elle fait partie de celles qui m’ont encore plus fait aimer le métier. Rendre hommage à Bigué, c’est rendre hommage aussi à quelqu’un comme feu Jean Meissa Diop qui lui a mis le pied à l’étrier. Aujourd’hui, je me dis que Jean serait fier du travail qu’elle a abattu, du chemin parcouru. Il a eu l’occasion de le lui dire de vive voix et ce n’est pas pour autant qu’elle en a eu la grosse tête. Les leçons qu’il lui a inculquées font partie des savoirs que Bigué Bob a généreusement partagés avec moi. Si en tant que jeune journaliste culturelle, sur le terrain, je n’avais pas rencontré une Bigué Bob, je ne serai pas là où je suis aujourd’hui’’, confie-t-elle.

Férue de culture, passionnée par sa profession, loyale à ‘’EnQuête’’, Bigué, surnommée ‘’Bijou’’, est une perle rare dans la corporation. ‘’Elle peut être tour à tour la canne sur laquelle on s’appuie ou le phare qui illumine’’, soutient son amie. Elle précise : ‘’La canne sur laquelle s’appuyer, elle l’a été, quand je ne savais absolument rien et que je ne connaissais pas beaucoup de personnes dans le milieu de la culture. Et professionnellement, quand j’ai été dans le flou, elle a été celle avec qui j’ai pu parler des différentes options que j’avais sous la main. Elle m’a aidée à faire mes choix et elle aide toujours !’’, assure Oumy Régina Sambou.

A l’en croire, ‘’je pourrais encore et encore raconter des choses, mais le temps ne le permet pas’’. Mais pour résumer, martèle-t-elle, ‘’vous cherchez un modèle de loyauté ? D’amitié sincère ? De probité morale ? D’engagement ? Mon ‘esclave sérère’ possède toutes les qualités morales que, dans notre société, nous avons tendance à magnifier. ‘Gor la, Garmi la’ (elle est de la race des nobles)… Et ce qui le prouve ce n’est pas seulement elle, mais toute la famille Bob que nous avons eu à fréquenter. Nous sommes aujourd’hui des membres à part entière. Toutes les valeurs et qualités que nous saluons chez Bigué, nous avons trouvé l’origine chez ‘Mère Ndèye’ qui accueille, réconforte, conseille et supporte nos folies. L’esprit du patriarche demeure et accueille de façon très subtile. Il est l’absent le plus présent. Les valeurs morales qu’il a incarnées, dans la famille de Bigué, ils ont su maintenir le flambeau’’, confie Oumy Régina.

Même son de trompette pour Ngor Diouma Dione, un ami dans le fil du temps qui lit en Bigué Bob trois qualités : entière, naturelle et très sympathique. ‘’J’ai connu Bigué ; elle était stagiaire à Walfadjri ; je ne sais plus combien d’années, cela fait. Nous étions membres d’un groupe d’amis composé d’internautes engagés pour les causes sociales, particulièrement la protection des enfants. Elle était chargée de la liaison avec la presse et les communautés bénéficiaires de nos interventions. C’est durant ces années que nous nous sommes rapprochés et que j’ai découvert une personne dotée d’un sens très poussé du devoir’’.

Le sociologue continue : ‘’Son empathie fait d’elle une personne spéciale et positive, capable de collaborer avec tout le monde. Lorsqu’on interagit avec elle, on imagine aisément le type d’éducation qu’elle a reçue. Bigué est pour moi une petite sœur, une amie et une conseillère.’’

Les mots du mari de la meilleure épouse

Toutefois, la journaliste n’est pas sans caprices. En effet, ‘’c'est une femme qui veut qu'on lui souhaite un joyeux anniversaire, le jour de son anniversaire. Et ceux qui ne le lui souhaitent pas, elle va se fâcher contre eux. Et sa fille a hérité ça d'elle. C'est pourquoi le 30 septembre est un jour spécial pour moi’’, raconte l’homme qui a conquis son cœur depuis 2013, année où Bigué a rencontré B. Ndiaye. L’heureux élu du cœur de notre héroïne, qui l’appelle amoureusement ‘’Ma femme, la mère de mon enfant Bébé Fa’’, confie : ‘’Sokhna Bigué Bob, c'est une femme que j'ai connue en 2013. Et que j'ai épousé le 3 mars 2014. Elle est une femme très courageuse, une femme qui a reçu les bénédictions de ses parents : sa mère, son père et ses sœurs. Elle aime ce qu'elle fait, aime sa famille et me respecte. Vivre avec moi n'est pas facile. Je suis très pris par mes activités professionnelles, familiales et religieuses. Mais elle arrive à tout supporter. C'est une femme d'excellente qualité et ce n’est pas facile de l'avoir’’, assure M. Ndiaye.

Selon le mari, Bigué est une femme qui n’a pas beaucoup de fréquentations. ‘’Si je peux citer ses amies, je donnerai les noms de Mariama Diédhiou, Oumy Régina Sambou, Awa Guèye et Khary Diène, les seules amies que je lui connais. Parfois, je dirais même que ma maison est une garderie d'enfants, parce que, les weekends, mes copains et leurs enfants viennent à la maison. C’est ce qui me fait dire que c'est une femme ouverte, car si tu es ouverte et qu’en plus tu aimes partager, les enfants souhaitent toujours être avec toi’’, assure M. Ndiaye.

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