Le point de non-retour !
La coupe est pleine, on ne plus revenir à la situation ante. L’heure est à l’introspection, à la prise de conscience et celle de mesures fortes, pour mettre un terme à cette farce de très mauvais goût. En effet, le drame de Gniby en dit long sur nous, peuple sénégalais, sur l’évolution de notre société et nos mœurs sociales. Cette tragédie, au fond, ne surprend personne, même si, dans sa cruauté et les douleurs qu’elle charrie, elle n’en est pas moins insupportable.
Elle renseigne beaucoup sur l’état de déliquescence de notre société, sur l’égoïsme, cette sorte d’égocentrisme détestable qui préside nos vies, aujourd’hui. C’est comme si, en tant que peuple en perdition, nous avions fait le deuil de l’empathie, de la générosité, de l’entraide, de la bienveillance, de l’intérêt commun, du commun vouloir de vivre ensemble. Si on en est là, aujourd’hui, à ramasser les membres déchiquetés de certains des nôtres, à pleurer des êtres chers, c’est parce que, dans la vie de tous les jours, l’appât du gain a pris le pas sur toute autre considération. Nous sommes devenus autocentrés, nous complaisant dans nos vanités. Seul notre propre personne, voire notre compte en banque, compte. Les autres n’ont qu’à aller se faire voir.
C’est cet appât du gain, sous-tendu par un laisser-aller général, qui fait que chacun n’en fait qu’à sa tête. Il permet à des épaves d’inonder nos routes et d’écumer la population ; il permet au premier venu de disposer du permis de conduire sans avoir lu une seule ligne du code de la route ; il pousse celui qui doit faire les contrôles sur la route et ailleurs à fermer les yeux ; il conduit à la construction de routes qui ne sont pas aux normes ; il transforme notre pays en une jungle où si tu appartiens au bon camp et disposes des bonnes connaissances, tu peux, à peu près, tout te permettre. Comme ce jeune homme qui ne cesse d’être convoqué au commissariat ou à la gendarmerie et qui peut compter sur son parent officier… jusqu’au jour où, il causera une tragédie sur la route, à cause de son indiscipline notoire. Ainsi, va notre pays… à la dérive.
Egoïsme, égocentrisme et insensibilité qui font que nos regards, au quotidien, traversent les petits talibés de nos quartiers, sans même les voir, tellement, ils font partie du décor.
Une fois encore, ceux qui doivent prendre les mesures salvatrices sont entrés en scène. Ils vont faire de grands et beaux discours, prendre des mesures, annoncer un changement radical. Et puis, lorsque le temps aura fait son œuvre, on rangera le tout au fond des tiroirs, jusqu’à la prochaine tragédie. Pour encore, recommencer le cirque.
Ainsi va cette chère Afrique qui marche à reculons, semant des cadavres sur sa route.