Un prince du pinceau
A seulement 25 ans, Baba Ly fait déjà partie de ces nombreux jeunes artistes-peintres pétris de talent qui essaiment dans l’antichambre de grands maîtres en la matière.
Très tôt, son père Amadou Dédé Ly le prend sous son aile dans l’atelier qu’il occupe au village des arts de Dakar. Le jeunot Baba va y suivre le sillage paternel. Durant quatre années de formation, il apprend à maîtriser tous les rudiments de l’art plastique avant de se munir d’un pinceau pour extérioriser ses opinions et traduire le charme exotique de la nature sur une toile. En 2000, il fouine dans l’aube fraîche du vingt-et-unième siècle naissant pour déclarer sa flamme à la peinture. Il signe l’esquisse primitive qui révèle ses talents potentiels.
Dans l'atelier du village des arts, il se confie à EnQuête, en la présence muette de plusieurs tableaux décorant la pièce: «Mon père et Tita Mbaye ont toujours été mes références.» Cette marque de reconnaissance n’empêche pas Baba Ly de s’identifier avec un style qui lui est propre pour faire la différence. «Parce que nos aînés avaient toujours tendance à nous décourager pour dire qu’on imitait tel ou tel artiste-peintre, j’ai créé mon propre style», argumente-t-il.
Prophète ici et ailleurs
En 2008, la Fondation Cuemo Monte Carlo initie un concours international d’arts plastiques pour le Sénégal. Après deux participations en off dans le cadre de la Biennale des arts de Dakar, Baba Ly suit sa bonne étoile et n'hésite pas à participer en présentant son tableau. Il se retrouve sur la liste finale des dix candidats retenus parmi les soixante-cinq artistes-peintres présélectionnés. Une fois dans la principauté de Monaco, son talent fait encore plus merveille. La perfection de son œuvre est récompensée par le grand prix du jury. Une année plus tard, il se rend dans la ville de Nancy pour répondre à l’invitation de l’association Univers Arts dont la vocation est de promouvoir les jeunes artistes-peintres. Après ce succès en Lorraine, il débarque à Washington DC, capitale des États-Unis d’Amérique, en 2010, pour un nouveau challenge, en compagnie de Kiné Aw et Cheikh Tidiane Keïta, deux jeunes artistes-peintres de sa génération.
Dans la perspective d’animer plusieurs vernissages pour porter haut le flambeau de l'art plastique au Sénégal et ailleurs, Baba Ly s’implique davantage dans la peinture qui le fait vivre aujourd’hui. «Une partie de l’argent généré par la vente de mes tableaux est réinvestie dans l’achat du matériel pour préparer d’autres vernissages.» Mais la situation enclavée de la Galerie nationale sur le boulevard Hassan II (ex Avenue Albert Sarraut) en plein centre-ville de Dakar, est un obstacle pour la visibilité de plusieurs jeunes artistes-peintres. «La Galerie nationale n’est pas un site accessible à cause des nombreux bouchons qui découragent le public pour les jours ouvrables», regrette-t-il.
Très souvent soutenus par des mécènes culturels tels que le groupe Eiffage et la Fondation Sonatel, les jeunes artistes-peintres exposent dans des galeries artificielles et autres résidences privées. «Le ministère de la Culture a mis le village des arts à notre disposition, mais c'est une galerie qu'il faut aux jeunes qui représentent la relève dans les arts plastiques», lance ce prince du pinceau à l’endroit des autorités culturelles du Sénégal.
Almami CAMARA
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