Un retour gagnant !
Après 4 années sabbatiques, le Festival du rire et du théâtre de Kaolack a été relancé cette année. Sa onzième édition a ainsi vécu les 14, 15 et 16 avril dernier. L’événement a regroupé 600 festivaliers.
A peine les lampions de Thiès éteints suite à la célébration de la journée mondiale du théâtre le 27 mars dernier, c’est au tour de Kaolack, la ville carrefour, d’accueillir les comédiens. Une occasion pour eux de connaître des sensations que seul un festival de ce genre peut procurer. C’était à l’occasion de la 11e édition tenue du 14 au 16 avril dernier. Un évènement qui semble renaître de ses cendres après une absence de 4 ans. ‘’Nous avons senti le besoin de relancer l’événement quand on a su que le président de la République a décrété l’année 2017 une année de culture. On a jugé nécessaire de reprendre le festival et de lui retourner l’ascenseur. C’est pourquoi cette édition a été choisie pour « Sargal » le Pr Macky Sall’’, a fait savoir Guédel Mbodj. Mais ce que ce dernier n’a pas dit, c’est qu’il avait décidé, après 10 éditions, de ‘’rendre’’ aux artistes leur manifestation.
Car cet événement a pour objectif de fédérer tous les artistes comédiens du pays, dans le but de faire leur promotion mais surtout de regrouper tous les acteurs du secteur autour d’une rencontre, au moins une fois par an. Considéré comme l’un des événements phares de l’agenda culturel national, le Fest’rire a su donner à sa ville d’accueil une des manifestations les plus courues. ‘’On est parti d’un constat selon lequel Kaolack n’avait pas d’événement culturel majeur. Kaolack n’était pas inscrit dans l’agenda culturel du Sénégal. Il ne figurait nulle part, il fallait que Kaolack ait une visibilité au Sénégal parce que, à l’instar des autres régions, chacun a son événement culturel. Et maintenant, on a atteint notre objectif après 10 ans d’existence’’, se réjouit l’initiateur de l’événement, le promoteur Guédel Mbodj.
Pour le représentant du ministre de la Culture et de la Communication par ailleurs Directeur des Arts, Abdoulaye Coundoul, cet événement doit être un cadre d’échange pour tous les artistes comédiens. ‘’Le Festival du théâtre et du rire de Kaolack doit désormais être une plate-forme d’échanges, de diffusion, mais aussi de réflexion sur les problématiques de ce secteur que le président de la République a décidé de soutenir, par la création d’un Fonds de développement, à l’image du Cinéma, du livre et des cultures urbaines’’ a-t-il rappelé.
Aussi, de l’avis des initiateurs, le théâtre qui était considéré comme ‘’la dernière roue de la charrette’’ a repris son envol depuis la 1ère édition du Festival en 2002. C’est au cours de cette année d’ailleurs qu’est née l’Association des comédiens du théâtre sénégalais (ARCOTS) présidée alors par feu Thierno Ndiaye Doss. Le doyen Lamine Ndiaye qui participe à cette manifestation depuis 2002 estime que la tenue de celle-ci est plus qu’importante. ‘’Tant qu’on ne participe pas à des rencontres de ce genre, on se fait écraser parce que les gens avancent et vous, vous restez au même niveau. Ce n’est pas ce qui fait le théâtre’’, assure-t-il.
Un hommage rendu aux pionniers
Par ailleurs, le promoteur Guédel Mbodj, par ailleurs nouveau Buur Saloum, a jugé que le moment était venu de récompenser certains comédiens et aussi de saluer la mémoire de ceux qui ne sont plus de ce monde. Eu égard à leur cursus professionnel et à ce qu’ils ont eu à faire dans le pays, en se mettant au service des populations et pour des productions de qualité et instructives, c’était le lieu de les honorer. Parmi ces artistes célébrés figurent Thierno Ndiaye Doss, Malick Ndiaye Fara Thial Thial, Sidy Niang, Aida Camara, Makhourédia Guèye. Leurs familles ont reçu des diplômes de reconnaissance en sus de chèques. Une manière pour le monde du théâtre de les magnifier tout en saluant les productions de qualité qu’ils ont laissées comme héritage à la jeune génération.
Guédel Mbodj a également compris qu’il vaut mieux célébrer les gens de leur vivant. C’est ainsi qu’il a décerné des diplômes de reconnaissance à Lamine Ndiaye, Mamadou Diack, Habib Diop, Seune Sène, Bass Diakhaté, Yankoba Diop, Moustapha Diop, Oumar Ba alias Baye Peul.
Les autorités locales ont brillé par leur absence N’eût été les années sabbatiques, le Festival du théâtre et du rire de Kaolack aurait été à sa 14e édition. Une interruption qui fait qu’il en est à la 11e. Mais pour cette reprise dénommée ‘’Sargal Macky’’, même si les artistes ont été au rendez-vous, les autorités de la région elles, n’ont pas participé à l’évènement. Elles n’ont été présentes ni à la cérémonie officielle qui a eu lieu le vendredi 14 avril, ni aux festivités organisées le lendemain et le surlendemain. Une situation que ‘’déplore’’ l’ambassadeur itinérant Guédel Mbodj. ‘’Je me dis peut-être que ces autorités n’avaient pas le temps. Je sais que sans prétention, avec la fonction que j’occupe, je peux les remplacer, je peux parler au nom du président de la République, c’est pourquoi je n’en fait pas un cas’’, a dit le malheureux candidat à la mairie de Kaolack aux dernières élections locales. Un autre impair noté lors de ce Festival, c’est la faible participation du public kaolackois, mais également de certains comédiens qui sont devenus célèbres grâce à cette manifestation. Toutefois, le promoteur n’a pas voulu revenir sur le budget du Festival. Pour lui, ce n’est point important. Il dit également n’avoir pas attendu le soutien de l’Etat pour reprendre ses activités. ‘’Ce n’est pas une activité économique pour parler d’actif ou de passif. On essaye de satisfaire tout le monde, de faire vivre une ville pendant 4 jours, et ça n’a pas de prix. La seule évaluation qu’on peut faire, c’est dire que le monde est content ; maintenant les dépenses, ça importe peu pour nous’’, a soutenu Guédel Mbodj. |
HABIBATOU WAGNE