Le monument déserté au profit de l’arène
C’est le vide à perte de vue qui nous a accueillis, le 4 avril, au seuil des innombrables marches du Monument de la renaissance africaine. Cela alors qu’en principe (c’est-à-dire selon le programme « officiel »), une série d’évènements culturels étaient programmés et même confirmés par la cellule de communications du site, qu’EnQuête a pu avoir au téléphone.
En théorie donc, une pièce de théâtre jouée par des élèves, une séance de récitation de contes et un mini concert de hip-hop étaient prévus de 15h à 22h. Sauf qu’on n’a rien vu de la journée : ‘’Je suis là depuis 9h et rien de spécial ne s’est passé aujourd’hui’’, explique un photographe indépendant, habitué des lieux. ‘’C’est seulement hier qu’il y a eu une certaine affluence avec l’inauguration. Plusieurs écoles se sont déplacées pour l’occasion’’, ajoute-t-il.
Même son de cloche chez les ‘’commerçants’’ du coin : que ce soit de la perspective de la boutique du monument où de celle des occupants des stands d’art artisanal implantés un peu plus loin, on raconte une semblable histoire : ‘’Je n’ai pas vu grand monde depuis ce matin’’, raconte Ibou Thiam, un vendeur de tableaux, en se désolant par la même occasion que l’inauguration d’hier n’ait pas eu de retombée économique sur son commerce.
Ce n’est qu’au coucher du soleil, alors qu’au loin un poste de radio portait la nouvelle de la victoire du lutteur Tapha Tine, qu’on s’est rendu compte que les alentours du monument n’étaient pas si déserts que ça… En effet, une explosion de cris jubilatoires a presque fait trembler les géants de bronze sur leur piédestal.
C’est ainsi par choix et non apparemment par hasard, que les Dakarois ont déserté le chemin de la renaissance pour celui de l’arène…
Sophiane Bengeloun