Publié le 7 Jan 2021 - 17:48
FINANCEMENT DES PARTIS - ELECTIONS LOCALES - SUPPRESSION DES VILLES

Les vérités de Maitre El Hadj Diouf 

 

La levée de fonds de Pastef, la suppression des villes, le couvre-feu… Me El Hadj Diouf a, hier, donné ses avis sur ces questions brûlantes de l’actualité. Il ne porte pas Ousmane Sonko dans son cœur et s’insurge contre toute idée de supprimer la ville de Dakar.

 

Tout porte à croire que la conférence de presse convoquée hier par l’avocat El Hadj Diouf, avait pour objectif de casser la dynamique de levée de fonds de Pastef/Les Patriotes. Pendant plus d’une heure, les piques à l’endroit d’Ousmane Sonko ont plu.

Cette levée de fonds, selon l’avocat, est une violation des règles régissant les partis politiques au Sénégal. A l’en croire, le risque de blanchiment d’argent est beaucoup trop élevé. ‘’Qu’est-ce que vous voulez ? Qu’on assiste à des blanchiments d’argent massifs dans ce pays ? La loi interdit aux Sénégalais établit à l’extérieur de participer au financement d’un parti. C’est une occasion en or pour blanchir des milliards. Le monde d’aujourd’hui est un monde en danger. Le Mali, le Burkina Faso, le Niger... tous ces Etats sont menacés ; ils sont en pleine guerre contre les djihadistes. Au Sénégal, des procès ont eu lieu. Il y a également le pétrole qui attire et aiguise les appétits, ne l’oublions pas’’.

Partant du fait que les partis politiques n’ont, pour la plupart, pas les moyens de leur politique, Maitre El Hadj Diouf approuve la rigueur et la vigilance du ministre de l’Intérieur quant à l’origine de leur financement.

Cette campagne internationale de financement est, de son point de vue, ‘’dangereuse et illégale’’. On dit, poursuit-il, que le ministre n’a pas le droit de rappeler le droit. Or, le ministre de l’Intérieur gère la vie des partis politiques, ‘’vous l’empêchez de parler de la violation des règles qui régissent les partis politiques. Quel serait son rôle, s’il ne doit pas parler du cadre juridique qui régit les partis ?’’, interroge celui qui se fait appeler ‘’le député du peuple’’.

Il se dit rassuré de la posture d’Antoine Diome, d’autant plus que c’est un magistrat, un homme de loi. Le leader du Parti des travailleurs et du peuple (PTP) a saisi l’occasion pour demander la dissolution de Pastef/Les Patriotes. ‘’Un parti qui viole la loi doit être dissous et ses leaders emprisonnés. Je demande solennellement au ministre de l’Intérieur d’appliquer la loi pour que nul n’en ignore’’, insiste-t-il.

 ‘’Supprimer, c’est effacer l’histoire du Sénégal’’

Le projet de suppression de la ville de Dakar faisait également partie des sujets abordés par le président du PTP. Cette tentative ‘’irréfléchie’’ doit, selon lui, être rapidement rangée aux oubliettes. Il estime que ‘’cela n’a aucun sens. Je salue, poursuit-il, les objections du Grand Serigne de Dakar. Supprimer les villes, c’est effacer l’histoire du Sénégal. Je demande solennellement au chef de l’Etat de renoncer à ce projet qui ne l’honore pas. C’est un projet qu’il faut rapidement enterrer. Le Sénégal n’appartient pas à ceux qui sont au pouvoir ou dans l’opposition, il appartient à tous les fils de ce pays. Les Dakarois ne l’accepteront jamais. S’il le faut, nous marcherons. Toutes les populations de Dakar et de Rufisque doivent dire non à l’inqualifiable. Non à l’inacceptable !’’.

‘’Nous réclamons l’organisation rapide des élections’’

En ce qui concerne la tenue des Locales, Maitre El Hadj Diouf entend saisir les instances de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’homme est convaincu que le président ne veut pas organiser ces élections avant 2024. Par ailleurs, les maires vont bénéficier d’un mandat supplémentaire, soit dix ans, puisque les dernières élections locales se sont tenues en 2014. ‘’Depuis 2019, explique-t-il, les maires du Sénégal baignent dans la plus parfaite illégalité et personne ne parle, personne ne réagit. Les populations n’ont que les élections pour sanctionner positivement ou négativement les élus. Nous réclamons l’organisation rapide des élections en 2021, comme prévu par la Constitution. La CEDEAO exige, non seulement le respect du calendrier républicain, mais également, refuse la révision des textes qui régissent les élections six mois avant les délais. Donc, tout report des élections viole le protocole de la CEDEAO. Les populations doivent réclamer la tenue immédiate et sans condition de ces élections. Ils n’ont pas le droit de changer quoi que ce soit durant les six mois qui précèdent les élections‘’.

Toutefois, l’homme politique pointe du doigt l’ignorance de l’opposition sénégalaise qui est en train de se laisser berner par un débat sur la révision du fichier électoral. Une bombe à retardement, tout comme le dialogue national.

Le débat est ailleurs, selon lui. ‘’L’examen de ce fichier n’a pas lieu d’être. Une bonne partie de l’opposition ne fait que parler, mais n’y connaît rien. Le vrai combat, ce n’est pas le fichier, mais la suppression du parrainage qui est une injustice. Macky Sall a aujourd’hui beaucoup de moyens pour aller dans les régions et récolter des parrainages, ce qui n’est pas le cas pour l’opposition. Si le parrainage existait en 2012, il ne serait devenu président. Démocratisons les élections, pas de caution élevée pour les élections, car c’est une rupture de l’égalité des citoyens. Les tergiversations de l’opposition sont un cadeau offert à Macky Sall. On nous parle de rationalisation du calendrier électoral pour tout organiser le même jour. Or, les élections obéissent à un calendrier électoral républicain qu’il faut absolument respecter’’.

Etat d’urgence et couvre-feu

‘’Pourquoi les régions de Kaolack, Diourbel n’en font pas partie ? Est-ce de la peur ? Le pays est un et indivisible. S’il doit y avoir un état d’urgence, il doit s’appliquer sur l’ensemble du territoire. Cette mesure est injuste. Si on avait maintenu rigoureusement l’interdiction des rassemblements, on n’en serait pas là. Ce gouvernement tâtonne trop. Soit on généralise, soit on laisse tomber ce couvre-feu. On aurait dû maintenir les restrictions, même lorsque les cas positifs se faisaient rares’’.

HABIBATOU TRAORÉ

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