Les propriétaires s’en expliquent
La hausse du prix des moutons alimente les débats, à quelques jours de la Tabaski. EnQuête a demandé aux éleveurs et vendeurs les raisons de cette surenchère.
Les HLM sont un des hauts lieux de la vente de moutons, en cette période de préparation de la Tabaski. Mais les prix proposés donnent souvent le vertige. Ils varient entre 80 000 et 4 millions F CFA. Cette cherté étonne les clients. EnQuête a posé la question aux propriétaires qui s’expliquent. ‘’Il faut d’abord se demander comment nous avons eu nos moutons’’, lance Amadou Diallo, éleveur originaire de Linguère. Il renseigne qu’ils font des prêts auprès des banques par le biais de l’Association des éleveurs du Sénégal (AES). Ensuite, viennent la nourriture et l’entretien pendant un certain nombre de mois avant de les acheminer vers Dakar ou d’autres lieux de vente.
La vie dans ces foirails, dit-il, est très coûteuse. L’aliment de bétail est cher et les frais liés au séjour s’accumulent chaque jour. Au-delà des explications d’ordre économique, Amadou Diallo soutient que la cause fondamentale est le fait que les gens n’aiment plus pratiquer l’élevage. Même les peuls. Selon lui, auparavant, les éleveurs pouvaient entretenir plus de 200 moutons. Aujourd’hui, ils préfèrent faire la somme du prix de ces moutons et acheter deux à trois ‘’ladoum’’ qui ne seront pas à la portée de tous, à l’approche de la fête.
Des tentes, des barrières, des fils barbelés et des cordes constituent le matériel nécessaire pour colmater un espace vital. Cet équipement se loue à des prix divers et souvent élevés. ‘’Nous avons loué les deux bâches à 200 mille F pour toute la durée du séjour ; les barrières à 400 F l’un, par jour ; acheté deux rouleaux à 50 000 F CFA à raison de 25 000 F l’unité et pris en charge deux vigiles à 100 000 F CFA pour la surveillance, pendant la nuit’’, détaille Amadou Ka, un autre vendeur. S’y ajoute ‘’la prise en charge des personnes avec qui nous sommes venus’’, explique M. Diallo qui a les yeux rivés sur son téléphone, arguant qu’il a des clients qui l’appellent pour réserver ou le localiser dans le marché.
Le transport est aussi un autre facteur qui explique cette flambée des prix. De Linguère à Dakar, la location du camion peut être comprise entre le 150 000 et 200 000 F CFA. Les conditions de déplacement et la distance font que certains animaux meurent. Un manque à gagner sur le reste du troupeau. Sans compter les dépenses liées à l’autorisation du service vétérinaire de la localité d’origine. Assis près de ses moutons ‘’ladoum’’, El hadji Camara, éleveur et propriétaire d’une société d’élevage, explique la cherté des prix par leur race. ‘’Les ‘’ladoum’’ sont très capricieux. Ils ne mangent que du maïs, du mil et certains aliments bien préparés. Ils exigent aussi un environnement sain’’, poursuit-il. Le prix de cette race de gros moutons va de 600 000 à 4 millions. A l’image d’Amadou Diallo, M. Camara met les moyens pour être dans les conditions optimales de vente.
DIENE NGOM (stagiaire)