Après avoir dominé (2-0) la Mauritanie, l’équipe nationale locale du Sénégal affronte le Mexique, ce mercredi à Miami. Ces deux matches amicaux, qui ont occasionné la suspension du championnat, posent un débat quant à leur opportunité. La question est différemment appréciée par les techniciens.

L’équipe nationale locale du Sénégal va boucler sa série de matches amicaux, dans la nuit de mercredi à jeudi. Après avoir battu la Mauritanie (2-0), vendredi 5 février dernier à Saly, c’est le Mexique qui se dresse devant les Lions locaux, à Miami (Etats-Unis). L’objectif est de consolider la sélection dirigée par Moustapha Seck. Mais ces deux rendez-vous ont entraîné la suspension du championnat pour deux semaines. Or, les représentants du Sénégal en compétitions africaines, As Douanes (Ligue africaine des champions) et Génération Foot (Coupe de la Confédération africaine de football) entrent en lice ce week-end.

Cette décision de la Ligue  professionnelle d’observer une trêve avait même été fustigée par certains dirigeants comme le président du Casa Sport, Seydou Sané. Mais au-delà de cette polémique, se pose alors la question de l’opportunité de livrer ces rencontres compte tenu du fait que l’équipe locale n’a aucune compétition dans un futur proche. Le tournoi de l’Uemoa se tient souvent dans le dernier tiers de l’année et les éliminatoires du prochain Championnat d’Afrique des nations (Chan) de 2018 prévu au Kenya ne sont pas encore programmés.

Les avis sont partagés quant à la nécessité d’organiser en cette période des matches amicaux pour une équipe qui n’a pas de joutes à préparer.

Chérif Kandji : ‘’Moment inopportun’’

Certains essayent de connaître les objectifs visés par la Fédération sénégalaise de football (FSF) à travers sa direction technique. C’est le cas du chargé de la petite catégorie du Jaraaf. ‘’Je ne vois pas quelle est la compétition qu’on est en train de préparer et qui nécessite qu’on ait des rencontres pareilles et qui méritent de suspendre le championnat’’, s’interroge Chérif Kandji. Selon lui, la configuration même de l’effectif de la sélection locale pose problème. ‘’Les joueurs qui jouent peuvent quitter cette équipe dès demain. C’est en tout cas leur souhait’’, dit-il. Compte tenu de ce risque permanent de changement dans l’effectif, le technicien s’interroge encore : ‘’Est-ce que cela valait la peine de suspendre le championnat qui commençait à prendre du rythme ?’’ ‘’Bien qu’un match amical soit une opportunité pour une équipe nationale, je ne vois pas son opportunité en ce moment précis’’, est convaincu l’ancien coach de l’Asc HLM.

En plus, l’ancien joueur de la SEIB, actuelle Suneor, évoque le besoin pour les clubs sénégalais engagés aux compétitions africaines ‘’’d’avoir plus de matches pour que leurs joueurs soient plus en jambes’’.

Salam Lam : ‘’Il faut faire compétir les gens’’

Pour sa part, le directeur du Centre de détection des jeunes talents, Salam Lam, rappelle que ‘’l’équipe nationale a son programme de développement et les clubs qui sont engagés en compétitions africaines ont leurs objectifs’’. ‘’L’organisation de matches amicaux dépend aussi de la disponibilité des adversaires. C’est le cas de la Mauritanie qui s’est préparée à Diambars’’, estime le responsable de la structure basée à Fatick. Il juge que ‘’c’est une aubaine’’ pour l’équipe locale qui devait être de retour en ce moment sur le chemin du Rwanda si elle était qualifiée au Chan. ‘’Il faut trouver des matches amicaux pour le bien des jeunes qui évoluent dans cette équipe. C’est bien pour leur progression et pour l’équipe. Il faut faire compétir les gens’’, insiste-il.

Toutefois, l’ancien entraîneur de l’Union sportive de Ouakam (Uso) relativise. Ce dernier souligne l’intérêt que renferme le championnat pour les équipes devant participer aux compétitions de la Caf. ‘’Maintenant, ça aurait été très intéressant que l’As Douanes et Génération Foot aient un autre match officiel’’, reconnaît-il. Cependant, M. Lam pense que ces équipes ont au moins un aperçu de leurs effectifs. ‘’Il y a des années, quand on se qualifiait pour les compétitions continentales, le championnat national n’était même pas lancé. On était obligé de faire des tournois à quatre. C’était le cas quand je coachais l’Uso, le Ndiambour et le Jaraaf’’, rappelle-t-il.

Lamine Mboup : ‘’C’est malheureux d’arrêter le championnat’’

L’ancien international, Lamine Mboup, abonde presque dans le même sens que Salam Lam. ‘’Par rapport à ce qui concerne les équipes nationales, cela ne devrait pas avoir un impact sur le championnat’’, dit-il.

En revanche, l’ancien joueur de la Jeanne d’Arc de Dakar s’oppose radicalement à la décision de suspendre le championnat. ‘’Un match amical pour se renforcer sur le plan international, ce n’est pas interdit. Mais ce qui est malheureux, c’est d’arrêter le championnat pour ces matches-là’’, regrette-il. M. Mboup trouve cela ‘’anormal’’. ‘’Déjà, nos joueurs n’ont pas assez de matches dans les jambes ; casser le championnat, c’est encore nous donner moins de compétitions pour rivaliser avec nos adversaires’’. Pour l’ancien coach de la Jeanne d’Arc, la suspension serait justifiée ‘’si le Sénégal recevait (Ndlr, à Dakar) un match car on a besoin du public pour soutenir l’équipe’’.