Un véritable hajj de combattant

Le plus grand pèlerinage musulman a débuté hier à La Mecque, avec l'arrivée de plus de 1,4 million de pèlerins venant du monde entier à Mina. Vêtus de leurs traditionnels vêtements blancs et sans couture, hommes et femmes ont afflué vers cette ville de tentes, marquant le commencement de l'un des plus grands rassemblements religieux au monde. À Mina, les pèlerins passeront leurs journées et leurs nuits en prières et en se préparant spirituellement pour le jour crucial d'Arafat. Cet événement majeur coïncide cette année avec une période de fortes chaleurs en Arabie saoudite, ce qui a conduit les autorités à mettre en place des mesures de sécurité et de santé renforcées pour assurer le bien-être des pèlerins.
C'est sous une forte canicule que les pèlerins sont arrivés dans la ‘’ville de tentes de Mina’’, marquant le début de l'un des rassemblements religieux les plus importants au monde. Vêtus de vêtements blancs sans couture, hommes et femmes ont passé la journée et la nuit à Mina, priant et se préparant pour le jour crucial d'Arafat, ce jeudi 5 juin.
Arafat, le défi spirituel
Le hajj est l'un des cinq piliers de l’islam, une obligation religieuse unique pour les musulmans qui en ont les moyens physiques et financiers. Chaque année, les yeux du monde entier se tournent vers La Mecque où des millions de pèlerins de nationalités, d'ethnies et de cultures diverses se réunissent pour un remarquable rassemblement spirituel. Le pèlerinage du hajj s'étend sur cinq à six jours, du 8 au 12 ou 13 de Dhul Hijjah. À l'apparition du nouveau croissant de lune, commence l'Aïd el-Adha, qui dure quatre jours. Le pèlerinage comprend une série de rites et de rituels, dont certains doivent être accomplis dans un certain ordre. Il peut être physiquement exigeant, car les pèlerins doivent se déplacer d'un endroit à l'autre et peuvent marcher en moyenne entre 5 et 15 km par jour.
Accomplir le hajj est une épreuve de patience et de tempérament : c'est un défi spirituel, émotionnel et physique, qui peut nécessiter une certaine préparation et, pour beaucoup, un événement unique. Les rituels commencent par l'entrée des pèlerins dans un état sacré de pureté appelé ‘’ihram’’, vêtus d'une simple tenue blanche symbolisant l'unité et l'humilité devant Dieu. Les rites se poursuivent par le ‘’tawaf’’, l'acte consistant à faire sept fois le tour de la Kaaba à la Grande mosquée de La Mecque. Ensuite, les pèlerins se rendent à Mina, puis dans la plaine d'Arafat pour le ‘’Wuqoof-e-Arafah’’, pilier essentiel du hajj où sont prononcées les invocations.
Selon les informations des médias saoudiens, le ministre du Hajj a demandé aux pèlerins de s'abstenir de quitter leurs tentes entre 10 h et 16 h, ce jeudi. Il n'y a que peu ou pas d'ombre sur le mont Arafat, laissant les pèlerins directement exposés au soleil brûlant du désert pendant des heures. ‘’Nous mettons en garde contre l'escalade des montagnes ou des endroits élevés le jour d'Arafat, car cela provoque un effort physique extrême et augmente le risque d'épuisement dû à la chaleur’’, a déclaré le ministère de la Santé dans un communiqué publié par les médias saoudiens.
Après Arafat, les pèlerins se rendent à Muzdalifah pour collecter les cailloux utilisés pour la lapidation symbolique du diable à Mina. Cet acte, connu sous le nom de ‘’Rami al-Jamara’’, se déroule sur trois jours. Le sacrifice d'animaux et la coupe des cheveux marquent les derniers rituels avant le retour des pèlerins à La Mecque pour un ‘’tawaf’’ d'adieux.
Dispositions sécuritaires
Cette année, le hajj est marqué par un déploiement massif de plus de 250 000 fonctionnaires de plus de 40 agences gouvernementales. Les autorités ont installé plus de 400 unités de refroidissement haute puissance sur les sites clés et agrandi les zones ombragées de 50 000 m2 afin de protéger les pèlerins des coups de chaleur. Les températures devraient dépasser les 40 °C pendant le pèlerinage, sans toutefois atteindre les 51,8 °C de l'année dernière, année où plus de 1 300 personnes ont trouvé la mort, nombre d'entre elles n'étant pas enregistrées et dépourvues d'installations adéquates.
Deux grandes stations de refroidissement fonctionnent 24 heures sur 24 à la Grande mosquée de La Mecque, maintenant les températures ambiantes entre 22 °C et 24 °C. Des technologies de pointe, notamment l'intelligence artificielle et la surveillance par drone, sont également en place pour surveiller les mouvements de foule et coordonner les interventions d'urgence. Des équipes médicales, dont 50 000 personnels soignants et administratifs, ont été placées en état d'alerte, avec plus de 700 lits d'hôpitaux et respirateurs réservés aux cas critiques. Les autorités saoudiennes ont renforcé le contrôle des permis d'entrée. Plus de 269 000 personnes sans autorisation pour le hajj ont été refoulées de La Mecque.
Les pèlerins sénégalais à l'épreuve
Le Sénégal a enregistré des décès de pèlerins avant le jour fatidique d'Arafat, ce jeudi 5 juin. La presse fait état de deux morts. En octobre 2024, le ministère saoudien du Hajj et de la Omra avait recommandé aux personnes âgées de plus de 65 ans, souffrant de maladies chroniques, telles que des problèmes cardiaques, rénaux ou respiratoires, ou de diabète, souffrant de déficiences immunitaires, qu'elles soient congénitales ou acquises, atteintes d'un cancer en phase terminale, enceintes ou enfants de moins de 12 ans d'envisager de reporter leur pèlerinage au hajj et à la Omra cette année. Les autorités avaient estimé que ces recommandations étaient faites pour la sécurité des pèlerins, car ces groupes peuvent être plus à risque de complications de santé, en particulier dans le contexte des défis posés par l'environnement du pèlerinage.
Pour les visiteurs en provenance de pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Mali, en plus des exigences mentionnées, une chimioprophylaxie à base de comprimés de ciprofloxacine (500 mg) devait être administrée dès l'arrivée. Les autorités saoudiennes justifiaient ces décisions suite au bilan macabre du hajj 2024 où plus de 1 300 pèlerins seraient morts lors du pèlerinage, en raison de la chaleur extrême qui a sévi dans le pays et dans la ville sainte de La Mecque. Les températures ont atteint 51,8 °C et ont frappé de plein fouet les quelque deux millions de personnes qui se sont rendues à La Mecque pour le pèlerinage.
Ces décès sont dus à de longues distances à pied, sous le soleil, sans abri ni confort adéquats, disait le ministère de la Santé, soulignant que parmi les victimes figuraient également des personnes âgées et des personnes souffrant de maladies chroniques. Les autorités ont renforcé les mesures d'atténuation de la chaleur dans l'espoir d'éviter une répétition du hajj de l'année dernière, qui a vu 1 301 pèlerins mourir, alors que les températures atteignaient 51,8 °C. Au compte du Sénégal, les autorités ont tiré un bilan positif du hajj 2024, avec 11 décès, dont cinq non encadrés par la Délégation générale au Pèlerinage (DGP) sur un total de 10 617 pèlerins.
Au mois d'avril, une réunion interministérielle a été tenue sur l'organisation du hajj 2025. À l'issue de cette rencontre, le Premier ministre Ousmane Sonko a pris une série de décisions pour garantir le bon déroulement du pèlerinage. La préparation du hajj 2025 a été marquée par la volonté de corriger les dysfonctionnements observés les années précédentes. Parmi les préoccupations majeures figuraient la ponctualité des vols, le confort et la sécurité des pèlerins, l'élaboration et le respect du protocole sanitaire ainsi que les conditions d'hébergement et de restauration à La Mecque et à Mina. Un accent particulier a été mis sur la bonne organisation des séjours par les voyagistes privés. Pour assurer le succès de l'édition 2025, plusieurs mesures ont été arrêtées pour faciliter le séjour de moins de 12 860 pèlerins sénégalais.
F. BAKARY CAMARA