Girondins
L'ancien footballeur international sénégalais, devenu sdf, est mort de froid dans l'indifférence
Joachim Fernandez était un ancien défenseur sénégalais passé par les Girondins de Bordeaux.
Il est mort le 18 janvier, le même jour que l'écrivain Michel Tournier et que le guitariste des Eagles, mais lui est mort dans l'anonymat total, dans un entrepôt désaffecté de Domont dans le Val-d'Oise. "La nuit avait été glaciale, il était sdf, il avait 43 ans, il n'a pas survécu au froid", racontait à l'époque un article du Parisien qui expliquait que c'est un autre sans-abri qui l'avait découvert mort le matin. Deux mois et demi plus tard, ce sans-abri qui avait découvert son copain mort parle dans le mensuel So Foot.
Parce qu'entre temps, on a rendu son nom au sdf qui était tout sauf anonyme. Et même son compagnon de galère peine à le croire, quand So Foot lui montre la vidéo de son pote, sur un terrain de foot à côté de Zinedine Zidane... Son copain mort s'appelait Joachim Fernandez mais ne lui avait jamais parlé de son ancienne vie d'ancien défenseur sénégalais passé par les Girondins de Bordeaux à la grande époque de l'épopée du club en coupe d'Europe face au Milan AC... C'était il y a pile 20 ans. Flavien Boris et Mathias Edwards de So Foot ont voulu savoir comment 20 ans plus tard, le coéquipier de Zidane et Lizarazu a pu finir par vivre, dormir et donc mourir dans la rue. Une enquête entre désillusion et fierté.
Joachim Fernandez était arrivé du Sénégal en 1993 après avoir été repéré par les Girondins, il est prêté une saison à Sedan puis à Angers avant de revenir chez les Girondins, où il disputera la rencontre mythique gagnée 3-0 contre le Milan AC. Ce sera la période la plus faste de sa vie de footballeur. Bordeaux ne le garde pas à la fin de la saison, il part jouer à Caen avant d'aller en Italie et de rejoindre le Milan AC en 99, mais il ne brille pas, il n'y disputera pas un seul match et va finir par se blesser au genou gauche. Il a 29 ans, sa carrière de footballeur est terminée.
Commencent alors de longues années de galère. Il n'a plus d'argent après avoir envoyé une bonne partie de ses salaires à sa famille restée au Sénégal, le reste il l'a distribué sans compter, il s'est ensuite séparé de sa femme, n'a plus vu leur fils et Joachim atterrit un beau jour au milieu des sdf de Domont dans le Val d'Oise qui ne sauront rien de son glorieux passé sur les terrains. Tout juste s'étonnaient-ils de l'entendre parler anglais, espagnol, italien, vestige de sa carrière internationale balbutiante. Il refusera toutes les mains qu'on lui tend, chacun le croira à l'abri chez un ami ou un cousin, personne ne savait qu'il était à la rue. "Sur la fin, il me paraissait si fatigué, si abattu" dit la patronne du bar-tabac de Domont que Joachim Fernandez fréquentait. Quatre pages pour lui rendre hommage, donner un nom à un mort de la rue.
(Rtl.fr)