Messi, parenthèse désenchantée
Lionel Messi n'a jamais semblé aussi proche d'un départ du Paris Saint-Germain. Et ce ne sont pas les sifflets d'une partie du Parc des Princes lors de la défaite face à Rennes ce dimanche (0-2) ou son départ précipité de l'entraînement en milieu de semaine dernière qui vont faire changer les choses.
10 août 2021. Ce n’est pas Istanbul, les supporters sont moins nombreux et moins bruyants, mais ils sont tout de même des centaines à être présents au Bourget pour accueillir Lionel Messi. Ils auraient même pu être plus nombreux si l’Argentin avait débarqué dans la capitale deux jours plus tôt comme les rumeurs le laissaient penser. Au bout de 48 heures, il ne restait donc plus que les plus tenaces pour faire un bel accueil à la Pulga qui s’est montré 20 secondes depuis la fenêtre de l’aéroport, le temps de faire un petit coucou, de montrer son tee-shirt blanc “Ici c’est Paris” et de distribuer quelques sourires.
À ce moment-là, on pouvait imaginer que l’histoire d’amour entre Lionel Messi et le public parisien allait être belle. Tant pis si l’Argentin aurait préféré rester au Barça, les supporters allaient lui prouver qu’il a fait le bon choix. Dix-sept mois plus tard, 22 kilomètres au sud-est du Bourget, l’ambiance n’est plus la même au Parc des Princes entre les deux parties, puisque Lionel Messi est le seul joueur titulaire face au Stade rennais qui reçoit des sifflets de la tribune Auteuil au moment de l’annonce de la composition des équipes. Résultat : une fois le coup de sifflet final donné, la Pulga échange son maillot avec Arthur Theate et file directement au vestiaire, sans passer par la case remerciement du public. Une image que l’on a vue à plusieurs reprises ces derniers mois.
Les sifflets de la discorde
Dans une rupture, il est toujours difficile de dater le moment de bascule où la relation a commencé à s’étioler. Pourtant, dans le cas de Messi avec les ultras du PSG, la date est bien connue : 13 mars 2022. Quatre jours après son élimination en huitièmes de finale de la Ligue des champions face au Real Madrid, le PSG reçoit Bordeaux au Parc des Princes. Un match durant lequel Lionel Messi et Neymar ont été copieusement sifflés à chaque ballon touché. Des sifflets qui étaient autant dirigés vers un joueur aux statistiques faméliques (2 buts, 11 passes décisives en Ligue 1 avant ce match contre Bordeaux) que vers les dirigeants coupables de préférer le marketing au sportif. Des dirigeants qui n’ont visiblement pas pris en compte les revendications du CUP, puisque la prolongation du contrat de la Pulga – qui s’arrête en juin prochain – a souvent été pointée comme une priorité avant d’être de plus en plus incertaine ces derniers jours. Et ce, même si Messi réalise une saison bien meilleure que la précédente.
Il faut dire que la nouvelle élimination en huitièmes de C1, ainsi que le comportement de l’Argentin ne plaident pas en sa faveur. Qu’importe, il bénéficie toujours du soutien de son entraîneur qui préfère taper sur les jeunes pousses du club que de critiquer les performances de ses tauliers : « Oui, j’ai vu certaines critiques sur le match du Bayern. Mais il n’a pas été le seul. Il a cette capacité à être décisif, il l’a été très souvent cette saison. Il fait partie des meilleurs passeurs, il marque des buts. C’est un joueur important, de par son comportement dans le vestiaire tous les jours. C’est un joueur qui, avec son âge, s’entraîne tous les jours, est toujours heureux de jouer, de bien faire jouer ses partenaires. » Du moins, lorsque les entraînements sont à son goût, puisque d’après plusieurs sources, Messi aurait quitté le Camp des Loges en plein exercice à cause d’un exercice de repli défensif pour les attaquants. Christophe Galtier a beau nier ce coup de colère – « Léo a ressenti une gêne à l’adducteur. Il a écourté la séance d’entraînement » -, la vérité est que depuis son arrivée à Paris, l’Argentin n’a jamais effectué le moindre repli défensif.
Un retour au Barça ?
En attendant de savoir ce que va faire la direction avec le contrat d’un joueur qui vend des tas de maillots à travers le monde, les supporters ont donc affiché leur envie de voir la Pulga quitter la capitale française. Pour aller où ? Si des contacts en MLS sont évoqués, ses anciens coéquipiers du Barça sont, en tout cas, enclins à le récupérer, à l’image de Sergi Roberto qui a critiqué les supporters parisiens en zone mixte après la victoire face au Real Madrid : « Qui ne serait pas prêt pour le retour de Leo ? Nous ne voulons pas trop en parler parce que c’est à l’entraîneur, au président de décider… Mais nous, les joueurs, nous l’attendons déjà à bras ouverts.
Ils s’en prennent à lui à cause de l’élimination en Ligue des champions. C’est un joueur spectaculaire et nous le traiterons très bien ici s’il vient. » Plus les jours passent, plus la fin de Messi à Paris se rapproche. Et plus le sentiment de gâchis se fait ressentir. Des erreurs ont probablement été commises de tous les côtés (dirigeants, supporters, entraîneurs, joueur), mais le sentiment de joie des supporters présents au Bourget s’est vite éteint pour laisser place à de la colère. Ou pire, de l’indifférence. Et dans 20 ans, le grand public aura oublié que Messi a porté le maillot du PSG. Un peu comme Michael Jordan avec les Washington Wizards ou Samuel Eto’o avec la Sampdoria.
SOFOOT.COM