"Certains ont affirmé que j'étais surpayé"
En signant avec les Reds de Liverpool, le numéro 10 des Lions de la Teranga est devenu cet été, à 24 ans, le joueur africain le plus cher de l'histoire. Sadio Mané ambitionne désormais de remporter des titres avec son nouveau club mais aussi avec la sélection du Sénégal, avec qui il doit disputer la CAN 2017 au Gabon.
Depuis votre signature à Liverpool, sentez-vous que vous êtes entré dans un autre monde ? Que votre exposition a changé ?
Oui, forcément quand tu joues dans un club comme Liverpool tu deviens plus connu, plus célèbre, tout change. C'est le cas. Du coup, j'essaie d'être présent sur les réseaux sociaux, pour échanger avec les fans, car c'est une bonne chose pour l'image.
C'était le rêve de votre carrière de jouer dans un tel club ?
C'était mon rêve ! Je l'ai dit et je l'ai toujours manifesté, en travaillant chaque jour à l'entraînement.
Avec votre arrivée en provenance de Southampton, vous êtes devenu le joueur africain le plus cher de l'histoire (34 millions de pounds). Est-ce un poids lourd à porter ?
Je n'y pense pas. Pour moi, le plus important c'est ce que je démontre sur le terrain. Il faut toujours se dire que tout peut changer d'un moment à l'autre. S’il y a eu un tel montant, ça veut sûrement dire que je suis sur la bonne voie et ça doit me pousser à travailler chaque jour pour aller encore plus loin. Certains ont affirmé que j'étais surpayé mais ça m'importe peu.
En tout cas, vous ne pouviez pas espérer un meilleur début que lors de cette 1ère journée à Arsenal (victoire 4-3) où vous marquez un but prodigieux. A ce moment-là, vous êtes-vous dit que c'était le scénario parfait ?
Bien sûr, ça fait toujours plaisir de marquer ce genre de buts, surtout lorsqu'il y a la victoire au bout. C'est certainement l'un des plus beaux buts de ma carrière. J'espère en marquer beaucoup pour mon équipe.
Pour célébrer ce but, vous avez sauté sur le dos de votre coach Jürgen Klopp. Quand il était arrivé au club, il s'était présenté comme le "Normal One" par opposition à José Mourinho, le "Special One". Quelle est votre relation car vous semblez déjà très proches ?
C'est vrai qu'il est proche de ses joueurs. Il le démontre pendant les matches. C'est un avantage pour nous. C'est pour cela que quand j'ai marqué ce but, je suis allé directement vers lui et que les joueurs nous ont rejoints pour célébrer ensemble. Jürgen est un grand coach avec de l'expérience. On a de la chance de l'avoir. Maintenant, à nous de nous donner à fond pour lui, pour le club, et d'atteindre nos objectifs.
Qu'en est-il des Scousers, les fans de Liverpool ? Vivent-ils passionnément vos faits et gestes ?
Il n'y a qu'à voir les réseaux sociaux pour comprendre que ce sont des supporters particuliers. Ils sont magnifiques. Pour moi, on a les meilleurs supporters. Par contre, je dois reconnaître qu'il me faut encore un peu de temps pour que je m'habitue à l'accent local !
Un match est particulier à Liverpool, c'est le derby entre votre club et Everton (match aller le 17 décembre). A cette occasion, vous allez croiser votre compatriote de la Tanière des Lions Idrissa Gana Guèye. Avez-vous déjà commencé à en parler ?
Oui, on a parlé du derby pendant le stage avec la sélection. Mais bon…on va le gagner (rires). Ce ne sera pas facile mais je l'ai taquiné. Je lui ai dit qu'on ne leur laissera aucune chance, on les battra facilement !
Vous êtes désormais dans un grand club ce qui était votre rêve. Alors quel est votre prochain défi ? Obtenir le Ballon d'Or africain, le FIFA Ballon d'Or ?
C'est normal d'avoir des rêves lorsque l'on a des qualités, que l'on a confiance en soi. Gagner le Ballon d'Or, faire gagner mon équipe, la CAN : tout ça en fait partie.
Justement, la CAN aura lieu dans 4 mois au Gabon. Pour votre première participation lors de l'édition 2015, le Sénégal avait été sorti dès le premier tour. Cette fois, compte tenu de la qualité de votre effectif, votre équipe aura un statut de favori. Etes-vous prêt à l'assumer ?
Oui, il faudra l'assumer, mais favori ce n'est que sur le papier. Il faudra qu'on le comprenne bien et que l'on n'oublie pas de se donner à fond pour prouver qu'on mérite ce statut. En 2015, c'était vraiment dur d'être éliminés dès les poules parce qu'on avait une belle équipe avec beaucoup de grands joueurs. On a dû l'accepter, c'est le football. On a dû se remettre en question. Maintenant, on est sur la bonne voie avec de nouvelles bases, un nouveau coach (Aliou Cissé), un nouveau staff. On a fait de bons éliminatoires en enchainant les victoires. A nous de rectifier les lacunes pour être au top pendant la CAN.
Le peuple sénégalais sera exigeant avec vous, d'autant plus que les Lions de la Teranga n'ont jamais remporté de CAN dans leur histoire. Sadio Mané, êtes-vous prêt à endosser ce rôle de leader auprès de vos coéquipiers ?
C'est normal que le public sénégalais soit exigeant. Il est déçu de l'absence de résultats. On en est conscients. Après, en ce qui concerne le leadership, les victoires viendront collectivement. Le staff ne cesse de nous le répéter.
Pour terminer, on va parler de Génération Foot, l'académie où vous avez fait vos gammes en tant que jeune footballeur. En quoi cette étape a été cruciale pour la suite de votre carrière ?
Premièrement, je tiens à remercier tout le monde dans ce centre car j'y ai beaucoup appris. Si j'en suis arrivé là, c'est grâce à eux, au staff, aux managers, au président. J'y suis resté quelques années avant d'aller en France. Et à ce propos, je dois particulièrement remercier Olivier Perrin. C'est grâce à lui que j'ai pu signer au FC Metz.
Est-ce qu'Olivier Perrin est comme un deuxième père pour vous ?
Oui, on se parle encore régulièrement. Il me donne des conseils. On est restés bons amis.
(bbc.com)