L'extrême droite surfe sur l'affaire Nasri
Samir Nasri n'en finit plus de faire parler de lui. Sauf que depuis l'Euro 2012, il n'est plus seulement à l'affiche des journaux sportifs. Depuis ses insultes aux journalistes, l'extrême droite s'est également emparée de ce qu'on appelle désormais "l'affaire Nasri".
On a d'abord eu le droit à l'analyse d'Ivan Rioufol. Dans un billet publié le 25 juin sur son blog, l'éditorialiste ultra-conservateur du Figaro comparait le gouvernement et l'équipe des Bleus dont il déplorait la désinvolture. En première ligne des critiques, Samir Nasri, qualifié de "petit caïd".
Le magazine d'extrême droite Minute a ensuite pris le relais en consacrant sa couverture à l'affaire. En une de l'hebdomadaire, la photo de Samir Nasri, le doigt sur la bouche, le jour du fameux "Ferme ta gueule". Et un titre des plus éloquents "Va te faire enc... ! Ils ont encore souillé le maillot bleu".
Dans l'article, le commentaire est tout aussi parlant: "Leur comportement de petits caïds méritent des coups de pied au cul, par série de cinq, à chacun de leurs matches vraiment nuls. Mais, apparemment, les incorrigibles sont intouchables..."
Enfin, dernier épisode en date: la réaction du Bloc Identitaire. Le mouvement politique d'extrême droite a mis en ligne un flyer où Samir Nasri apparaît à côté de la citation "Fils de pute ! Va te faire enculer ! Va niquer ta mère ! " En dessous, en guise de légende, on peut lire: "Samir Nasri, joueur de l'équipe de France de football, comportement de racaille payé 890.000 € par mois."
En 1996, c'était Jean-Marie Le Pen
Ce n'est pas la première fois que l'extrême droite s'empare d'affaires footballistiques. Dans le coin gauche de sa une, Minute n'oublie pas par exemple de rappeler un "précédent": le coup de boule de Zidane donné à l'italien Marco Materazzi en finale de la coupe du monde 2006. En réaction, l'hebdomadaire avait titré "Ciao voyou!".
En 2006, Jean-Marie Le Pen y était d'ailleurs allé de sa petite déclaration en expliquant que "les Français ne se [sentaient] pas complètement représentés par cette équipe". Ce n'était d'ailleurs pas sa première sortie sur le sujet.
Dix ans plus tôt déjà, l'actuel président d'honneur du Front national, trouvait "artificiel de faire venir des joueurs de l'étranger et de les baptiser équipe de France" et estimait inacceptable que "la plupart des joueurs français ne sachent pas ou ne veuillent pas chanter La Marseillaise". Premier visé par ses propos Christian Karembeu, joueur qui a toujours refusé de chanter l'hymne national: peu avant le Mondial, il avait découvert la photo d’un de ses ancêtres, exhibé comme un sauvage à l’Exposition universelle de Paris en 1931.