Luis Enrique est-il la meilleure chose qui peut arriver au PSG ?
Tout proche d'officialiser l'arrivée de Luis Enrique sur son banc, le PSG accueillerait là un homme à la tête bien dure qui apprécie très peu de se faire marcher sur les pieds, mais qui pourrait aussi redonner au jeu parisien ses lettres de noblesse.
Quand rien ne va dans son sens, il faut apparemment soigner le mal par le mal. C’est sans doute avec une déclinaison du syndrome de Stockholm que le PSG a abordé ses recherches pour son futur entraîneur ces dernières semaines. En premier choix, qui de mieux pour ce rôle que Julian Nagelsmann, bourreau qui a évincé trois mois plus tôt le club francilien de la Ligue des champions ? Raté, finalement. Alors pourquoi ne pas remonter encore plus loin dans le temps et aller chercher l’artisan majeur de la remontada originelle ? Après tout, la rancune n’a souvent pas grand-chose de positif. L’état-major parisien s’est alors lancé les deux pieds joints dans la course à Luis Enrique, semble-t-il réticent au départ pour débarquer en France, puis davantage disposé à endosser le costume les jours passant. Le PSG serait donc à deux doigts d’officialiser la nouvelle, alors que Christophe Galtier est à l’instant T toujours en poste. Un choix qui fait sens, malgré tout, puisque l’ancien sélectionneur de l’Espagne était probablement le meilleur profil disponible sur le marché et coche de nombreux critères souhaités par la direction parisienne.
Égos, autorité et séparation des pouvoirs
À en croire la deuxième partie de saison du PSG, souvent fade et parfois sans révolte lorsque les éléments allaient dans le mauvais sens – le match au Parc des Princes face à Lorient fin avril en est d’ailleurs un exemple criant –, le discours de Galtier ne passait plus auprès de ses stars. Il paraissait donc assez évident que Nasser Al-Khelaïfi et Luís Campos allaient jeter leur dévolu sur un entraîneur capable en premier lieu de résister à un vestiaire rempli d’égos. Enrique répond plutôt bien à ça, puisqu’il a tout de même emmené le Barça de la grande MSN – niveau ego, c’est plutôt pas mal – vers un triplé historique en 2015 (Ligue des champions, coupe et championnat) lors de sa première année en poste en Catalogne. Tout n’avait pas été si simple pour lui pour autant, puisqu’il avait reçu pas mal de critiques tôt dans la saison après avoir mis Lionel Messi sur le banc. Un sacrilège, en somme. « Avec Leo, c’était les montagnes russes. Jusqu’à ce que tout soit résolu, il y a eu un temps de tensions, que j’ai dû gérer et qui a duré 15 jours. Mais aujourd’hui, je ne peux que parler des merveilles de Leo. J’aime être ami avec les joueurs. On avait une très bonne relation », avait-il raconté après coup en 2019 à Radio Catalunya. Messi n’est plus à Paris, mais ça en dit long sur la carrure du bonhomme.
L’Espagnol n’en était pourtant pas à son coup d’essai, puisqu’il n’avait pas hésité non plus à mettre Francesco Totti sur le banc lors du premier match qu’il dirigeait à l’AS Roma. « Je comprends très bien l’importance d’une figure comme Totti, mais j’ai le dernier mot en ce qui concerne le onze de base et les remplacements. Je ne me laisse influencer par personne », s’était-il alors justifié. Un management sans passe-droits donc, avec une autorité défiant toute épreuve et la volonté d’être le seul décideur des choix sportifs. La cohabitation avec Luís Campos pourrait être folklorique à ce niveau-là, puisque le dirigeant portugais n’a pas hésité la saison passée à faire entendre ses volontés à Christophe Galtier. Sans grande réussite, finalement. Mais dans un scénario où chacun y met du sien, un retour aux bases, avec un rôle défini pour chaque élément de l’organigramme et une séparation des pouvoirs respectée, pourrait être ce qu’il peut arriver de mieux à ce PSG.
Luis attaque
Et sur le terrain, ça donne quoi ? On a quitté Luis Enrique en décembre sur un échec au Qatar, où sa Roja avait trébuché dans le piège bien ficelé par Walid Regragui et son Maroc. Il ne faut pourtant pas s’y tromper : si cette purge de 120 minutes avait été suivie de critiques sur le jeu espagnol stéréotypé et beaucoup trop articulé sur une possession souvent stérile, cela n’a pas toujours été le fonds de commerce de « Lucho ». Au Barça, il a parfois su s’éloigner des préceptes bien ancrés en Catalogne de Pep Guardiola en amenant davantage de jeu en transition et de verticalité. Il avait notamment axé la réussite de sa formation sur une utilisation massive des côtés et par conséquent de Neymar, sans doute le meilleur du monde à son poste à cette époque-là. Sur le papier, les supporters parisiens ont de quoi être séduits. En parlant du loup, Neymar devrait donc retrouver à Paris un entraîneur qui a su le bichonner et le mettre dans les meilleures conditions au sommet de sa carrière. De quoi imaginer que le Brésilien pourrait être davantage disposé à rester en France désormais ? Sans doute, puisque les deux hommes ont toujours entretenu une bonne relation. Mais revoir l’ailier au poste auquel on l’avait vu à Barcelone signifierait également que Kylian Mbappé retrouve seul l’axe de l’attaque. Et Luis Enrique est-il prêt pour un nouvel épisode du #pivotgang ? Au pire, il y aura toujours de la place sur le banc.
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