Un grand rassemblement prévu le 11 mars prochain
Le front unitaire qui regroupe le Grand Cadre, le Cusems et le Saes a organisé hier une grève totale sanctionnée par une marche au sein des cinq campus universitaires du Sénégal. Ces enseignants prévoient un grand rassemblement le 11 mars prochain.
Les enseignants sont sur le pied de guerre. Après la marche du 14 février dernier, les enseignants du Grand Cadre, du Cusems et du Saes ont battu le macadam hier. Le mot a été suivi dans les cinq campus universitaires (Dakar, Thiès, Saint-Louis, Bambey et Ziguinchor). A Dakar, les enseignants se sont donné rendez-vous à la bibliothèque centrale, avant de faire le tour de l’UCAD. Ce front unitaire veut fédérer l’ensemble des syndicats en lutte. Ainsi, un grand rassemblement est prévu le 11 mars prochain, probablement à la place de l’Obélisque, afin de décliner la feuille de route avec les autres syndicats. Cette manifestation constitue les prémices de l’ouverture d’un front syndical qui va regrouper les secteurs d’activités, notamment, la santé, la justice et les collectivités locales.
Le secrétaire général du Grand Cadre, Mamadou Lamine Dianté, renseigne qu’au-delà des trois syndicats du front, la FGTS avec les collectivités locales, le Pames et le Sutsas pour la santé et le Sytjust pour la justice prendront part à cette manifestation. ‘’Nous sommes en train de préparer une mini-grève générale, le vendredi 11 mars, avec tous les secteurs d’activités. Une grève qui sera ponctuée par des rassemblements de travailleurs dans toutes les localités du Sénégal. A Dakar, nous avons l’ambition d’organiser un grand meeting des travailleurs à partir de 16h’’, révèle M. Dianté. Le secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye, qui s’est réjoui de la ‘’grande réussite’’ de la marche dans tous les campus universitaires, a levé un coin du voile sur les actions à venir. Il annonce la tenue d’une grande marche à Thiès, dans les plus brefs délais, après celle du 11 mars.
‘’48 heures de grève en perspective pour le Saes’’
Du côté du Saes, il y a une grève de 48 heures en gestation. ‘’Nous attendons les procès-verbaux des campus pour préciser les jours de grève’’, annonce le secrétaire général adjoint. Yankhoba Seydi a souligné que cette marche avait pour objet de restaurer la dignité de l’enseignant.
3 QUESTIONS A… BACARY BADIANE, PRÉSIDENT DE LA FEDERATION NATIONALE DES PARENTS D'ELEVES DU SENEGAL (FENAPES) ‘’Ils veulent sacrifier nos enfants’’ Comment appréciez-vous la position des enseignants qui affichent une certaine détermination à mener la lutte jusqu’au bout ? C’est une arme pour les syndicats d’enseignants d’aller en grève quand leurs revendications ne sont pas satisfaites. Je sais qu’ils ont déposé un préavis de grève. Normalement, un mois après, le gouvernement devrait répondre. Est-ce qu’il a répondu après les trente jours ? Je ne sais pas. Je ne peux pas contrôler. Si le gouvernement ne répond pas, à ce moment ils peuvent déclencher leur grève. Je dis qu’ils ont le droit d’aller en grève. Mais il faut savoir le contenu de leur préavis et pourquoi le régime n’a pas répondu. Si l’Administration a répondu, certainement, ils n’iraient pas en grève. Le gouvernement aurait pu les appeler en discussion pour voir si ce qu’ils ont demandé est possible ou non. Que pensez-vous du nouveau front unitaire initié par les enseignants qui risque de corser la lutte ? Nous sommes en train de préparer une déclaration dans laquelle nous disons que la Fédération est complétement déçue, parce que, compte tenu de ce qui se passe, tout le monde sait que les enfants ont un niveau extrêmement faible. Les résultats sont faibles à tous les niveaux. Si ce qui se passe ne leur suffit pas, et qu’ils veulent en rajouter, c’est qu’ils veulent sacrifier nos enfants. Les parents d’élèves ne peuvent pas être d’accord qu’on arrive à ce stade. Est-ce que ce qu’ils sont en train de revendiquer est plus important que l’éducation des enfants ? S’il n’y a pas de salaires, alors, en ce moment-là, tout le monde serait d’accord. Mais si ce ne sont pas les salaires, le reste est négociable. Où est-ce qu’ils vont aller avec ce front ? Certainement ils cherchent la confrontation avec l’Etat. Si l’Etat dit : je ne paie plus, qu’est-ce qui va se passer ? Dans tout ça, est-ce qu’on pense à l’élève ? Est-ce qu’on a pitié de l’enfant ? Pensez-vous que le gouvernement a fait le maximum pour satisfaire leur demande ? Je crois que le gouvernement a fait un effort. Je ne suis pas en mesure de dire les points qui ont été satisfaits. Le plus gros effort, c’est la formation. La plupart d’entre eux n’avaient pas de formation. Il y en a qui sont en train d’être formés. Ils sont tellement nombreux qu’on ne peut les former tous à la fois. Dans ce cas, il faudrait les sortir des salles de classe pour les former. D’après les chiffres, il paraît qu’ils sont 21 000. Il faut un système. Depuis 1995, on s’est amusé à faire ce qu’il ne fallait pas faire. Des volontaires ou des vacataires sans formation, le gouvernement l’a fait. Et voilà les résultats. Dans l’enseignement supérieur, il y a eu des concertations. Ensuite, des décisions ont été prises. Il y a eu les assises, le conseil présidentiel. Des décisions sont sorties de ces concertations.Il ne reste plus qu’à réaliser ce que le président de la République a décidé de faire. Mais, est-ce que cela peut se faire en un jour ? Il faut de la patience. Il faut que les enseignants acceptent de faire des sacrifices. L’Etat a fait un effort et c’est visible. Les salaires sont payés régulièrement, avec les augmentations. Que l’Etat fasse un effort pour que nos enfants puissent retourner à l’école. Les enfants sont dégoutés. Ils n’ont plus envie d’aller à l’école. Ils sont dans la rue pour s’amuser et on a comme l’impression que les enseignants, ce n’est pas leur problème. Ce qui les intéresse, c’est qu’on leur paye leurs droits. Est-ce qu’un enseignant qui est en grève et qui reçoit son salaire à la fin du mois peut dormir tranquillement ? Ce qui manque, c’est le comité de suivi des accords. Que l’Etat installe ce comité pour voir, point par point, ce qui a été fait, ce qui n’a pas été fait et pourquoi. Nous-mêmes nous ignorons les points satisfaits, à cause de ce manquement. |
AIDA DIENE