Le Pool judiciaire financier ne traîne pas
La machine judiciaire est désormais en marche contre les personnes impliquées dans les infractions économiques et financières, notamment le blanchiment de capitaux. Avec l'enquête annoncée par le Parquet du Pool judiciaire financier suite au rapport de la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (Centif), les choses semblent évoluer avec l'arrivée du nouveau régime.
Une vaste enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux a été annoncée par le Parquet du Pool judiciaire financier, qui a remplacé la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Composé de 27 magistrats, le Pool judiciaire financier est chargé de traiter les infractions économiques et financières, le financement du terrorisme, le blanchiment de capitaux ainsi que d’autres infractions complexes. Ce mécanisme a été mis en place à travers la loi du 2 août 2023 modifiant la loi n° 65-61 du 21 juillet 1965 portant Code de procédure pénale. Toutefois, c'est en septembre 2024 que la juridiction a été installée.
Ce dispositif vise à répondre aux nombreux défis posés par l’exigence citoyenne de redevabilité, la mondialisation de l’économie, les flux rapides de capitaux, le développement des technologies de l’information et de la communication, ainsi que les multiples réseaux criminels, selon le Garde des Sceaux Ousmane Diagne. Lors de sa Déclaration de Politique Générale (DPG) devant les députés, le Premier ministre Ousmane Sonko avait réaffirmé la volonté du gouvernement de lutter contre la corruption et le détournement des fonds publics. C'est durant cet exercice à l'hémicycle qu’il a annoncé le rapport très attendu de la Cour des Comptes. « Tous ceux qui ont détourné l'argent du peuple le paieront cher », a averti le PM.
Ainsi, contrairement à la CREI, le Parquet du Pool judiciaire financier ne traîne pas. À l'heure actuelle, le Parquet du Pool judiciaire financier a été saisi de plusieurs rapports de la Centif. « L’analyse d’un des rapports a fait ressortir des faits impliquant plusieurs personnes. Les investigations menées révèlent des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux, par le biais de sociétés écrans qui auraient été utilisées pour des transactions suspectes d’une valeur estimée provisoirement à plus de 125 milliards de Francs CFA », a-t-on indiqué.
Des membres de l'ancien régime et leurs présumés complices sont cités dans des dossiers qui secouent le pays ces derniers jours. Tandis que le rapport de 2024 pourrait être disponible d’ici le mois de juin, les dossiers examinés par la Centif en 2023 sont au nombre de 138, soit une augmentation de 3 % par rapport à l’année précédente. 807 déclarations de soupçon ont été reçues par la Centif durant cette même période, contre 330 en 2022, représentant une progression de 145 %. C'est la croissance interannuelle la plus élevée depuis la création de l’organisme.
De ce fait, 43 dossiers ont été transmis au parquet. Les catégories d’infractions déclarées les plus importantes au cours de la période sous revue sont la fraude (473), les infractions fiscales pénales (41) et les infractions à la réglementation des changes (33).
Affaires Tabaski Ngom-Moustapha Diop, TF1451/R, Farba Ngom
Parmi les affaires qui défraient la chronique, celle de Tabaski Ngom-Moustapha Diop. Inspectrice des Trésors, Mme Ngom est poursuivie pour blanchiment de capitaux et escroquerie portant sur des deniers publics. Elle a été placée en garde à vue, avant-hier, soupçonnée d'avoir détourné 700 millions de F CFA ou plus des caisses de la Commission de Régulation du Secteur de l'énergie (CRSE). D’où son audition dans les locaux de la Division des Investigations Criminelles (DIC). Moustapha Diop a également été cité dans cette affaire. Toutes les personnes impliquées seront interrogées par les enquêteurs, selon le procureur.
Il y a aussi l’affaire du TF1451/R. Le procureur a ouvert une enquête pour "escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux et blanchiment de capitaux" portant sur la somme exacte de 94 milliards. Dans ce dossier où les héritiers Mbeugour sont cités, la Division des Investigations Criminelles (DIC) a pris en main l'enquête. L’autre dossier concerne Farba Ngom, il est visé par une enquête pour blanchiment de capitaux suite à un rapport de la Centif.
BABACAR SY SEYE