Un faux enseignant condamné à 1 an de prison, après 5 ans de service
Le tribunal de grande instance de Kolda vient de condamner Bounda Baldé, âgé de 56 ans, à un an de prison ferme pour usurpation d’identité. Il a utilisé la pièce d’identité de son cousin pour obtenir un emploi dans la fonction publique, percevant ainsi son salaire pendant 5 ans.
Bounda Baldé a fait preuve d’audace et de détermination. Il a été alphabétiseur pendant 3 ans. Ensuite, il a été recruté en 2016 en tant que VPP (volontaire payé par les populations). Passionné par son métier, il a usé de manœuvres frauduleuses en utilisant la pièce d’identité de son cousin Boye Gano pour obtenir un emploi dans la fonction publique en 2018.
Muni de son ordre de service, Bounda Baldé a été affecté à l’école élémentaire 3 de Kounkané. Il se présentait à ses collègues sous le nom de Boye Gano et non de Bounda Baldé. Grâce à son statut d’enseignant, il n’a eu aucun mal à percevoir son salaire sur la base de fausses qualifications.
Cependant, le mensonge a ses limites, et ses agissements l’ont conduit à la prison de Kolda. L’éducateur a été condamné hier à un an de prison ferme par le tribunal de grande instance. Le faux enseignant doit également payer une amende de 50 000 francs CFA au trésor public. Il a été reconnu coupable de délit d’escroquerie portant sur des deniers publics, de faux et usage de faux dans un document administratif, ainsi que de faux en écriture privée.
Le mensonge découvert en 2023
Tout a commencé avec Boye Gano, qui, suite à son échec au concours d’entrée à l’EFI en 2003, est parti en Espagne où il vit depuis 2004. Après plusieurs années, il n’a pas réussi à se faire confectionner un passeport, car sa pièce d’identité correspondait à celle d’une autre personne exerçant à Kounkané en tant qu’enseignant.
En menant des investigations dans sa famille, il a découvert que Bounda Baldé, qui vivait dans la même maison que son oncle Bounda Gano, avait utilisé son identité pour dispenser des enseignements et se faisait désormais appeler Boye Gano.
Une plainte a été déposée au tribunal d’instance de Vélingara pour faux et usage de faux contre Bounda Baldé. L’enquête menée par la gendarmerie de Vélingara a permis son arrestation. Il a été arrêté et placé sous mandat de dépôt le 13 octobre 2023.
2 ans dont 6 mois de ferme requis contre Bounda Baldé
Devant la barre ce mercredi 15 janvier 2024, Bounda Baldé a reconnu les faits pour lesquels il est poursuivi, précisant que « c’est son défunt oncle Bounda Gano, secrétaire administratif du centre d’état civil de la commune de Kounkané à l’époque, qui lui avait confectionné un dossier au nom de Boye Gano depuis 2004 pour qu’il puisse accéder non au statut de fonctionnaire, mais à celui de contractuel depuis 2005 ».
Ce n’est pas tout. Le mis en cause a poursuivi qu’il ne détenait pas « le BFEM, ni le diplôme nécessaire à l’inscription à ce concours », ajoutant qu’avec « cette pièce d’identité au nom de Boye Gano, il s’était remarié et avait déclaré ses enfants ».
Prenant la parole, le ministère public a expliqué que, sur la base de fausses qualités, Bounda Baldé a empoché de l’argent de l’État. De plus, il s’est remarié, a changé les documents de ses enfants et a même contracté des prêts bancaires avec cette fausse identité.
Fort de ce constat, le maître des poursuites a déclaré que « les faits d’association de malfaiteurs, d’escroquerie portant sur des deniers publics, de vol simple, de faux et usage de faux dans un document administratif et de faux en écriture privée sont constants et ne souffrent aucun doute », avant de requérir une peine de 2 ans dont 6 mois d’emprisonnement ferme. Le mis en cause est tombé sous le coup des articles 238, 239, 132, 137, 45-46 et 430 du code de procédure pénale.
Mon client est un « escroc qui a servi dignement son pays »
L’avocat de l’inculpé, Me Prosper Djiba, a soutenu que le prévenu a reconnu avoir usé de la pièce d’identité de son cousin pour enseigner dans la fonction publique pendant cinq (5) ans. « Il s’est fait passer pour un enseignant au nom de Boye Gano et percevait son salaire sous ce nom », a-t-il déclaré, ajoutant que « son cousin a mis mon client dans le créneau du faux. Bounda Baldé était recruté et payé par les populations de sa localité en tant que volontaire ». C’est pourquoi l’avocat a sollicité du tribunal une application bienveillante de la loi, concluant qu’en réalité, « mon client, un escroc, a servi son pays avec dignité ».
Ainsi, cee mercredi 15 janvier 2025, dès l’installation des juges dans une salle d’audience pleine à craquer, Bounda Baldé a été appelé à la barre. Le verdict a été rendu. Le tribunal de grande instance de Kolda l’a condamné à un (1) an d’emprisonnement ferme et à une amende de 50 000 francs CFA qu’il doit payer au trésor public.
Il a été relaxé du délit d’association de malfaiteurs, mais reconnu coupable des délits d’usurpation d’identité, d’escroquerie portant sur des deniers publics, de vol simple, de faux et usage de faux dans un document administratif et de faux en écriture privée.