Dans la nouvelle Assemblée nationale, deux groupes parlementaires sont déjà sur la table : celui de Benno Bokk Yaakaar qui sera dirigé par un APR pur sucre et doté d'une bonne expérience politique, d'une part, et celui du PDS. Qui pourrait s'appeler «Groupe des démocrates et libéraux», avec comme président potentiel Me Ousmane Ngom où, à un degré moindre, Modou Diagne Fada.

Après avoir jaugé leurs forces et faiblesses, les partis et coalitions de partis admis dans la nouvelle Assemblée nationale après les législatives du 1e juillet s’organisent. Au niveau des deux grands pôles, Benno Bokk Yaakaar (BBY) et le Parti démocratique sénégalais (PDS), les choix des futurs présidents de groupe parlementaire ont commencé dans les coulisses. Si aucun nom n’est avancé au sein de la mouvance présidentielle, par contre le profil du futur patron des députés est sérieusement défini. Selon le député Moustapha Diakhaté, il devra être un «rassembleur» capable de conserver «l’esprit Bokk Yaakaar», mais aussi disposer d'une «expérience politique» incontestable. «Nous avons un gouvernement Bokk Yaakaar, et nous avons aussi un groupe parlementaire Bokk Yaakaar», indique la tête de liste du département de Dakar. A ceux qui le voient comme un prétendant sérieux au poste, Moustapha Diakhaté rétorque : «je ne suis candidat à rien».

«Je ne suis candidat à rien.» (Moustapha Diakhaté)

Son collègue Abdoulaye Ndiaye, lui, ne cache pas ses ambitions. Responsable de l’Alliance pour la République (APR) à Grand-Yoff, il dit exclure d'ores et déjà toute idée de confier ce poste aux alliés, encore moins tenir un rôle de «figurant» dans l'hémicycle. «Nous avons toujours gagné la plus grande commune de Dakar et nous voulons jouer un grand rôle pour le développement de notre localité», déclare-t-il. «Plusieurs figures dans notre parti ont le profil de l’emploi, précise Abdoulaye Ndiaye. C’est au président Macky Sall de choisir.»

Le PDS lui est en avance sur les autres. Le nom de son futur groupe parlementaire est déjà connu : Groupe des démocrates et libéraux. Son président aussi : ce sera Me Ousmane Ngom, selon des sources dignes de foi. L'expérience et le bagout. Mais ce choix serait contesté par certains de ses «frères» dont Modou Diagne Fada. Joint par téléphone, l'ancien ministre de la Santé, qui disait se trouver dans un meeting à Darou Mousty, avait promis de rappeler. En vain.

«A Bokk Gis-Gis, toutes les alliances sont possibles sauf avec le Pds»

Les deux mastodontes de l’Assemblée nationale devront tout de monde tenter d'élargir leur espace politique en composant avec les autres... Mais à la coalition Bokk Gis-Gis (BGG), la question n’est pas à l’ordre du jour. Moussa Diakhaté, porte-parole, rapporte la position de Pape Diop. «On peut s’allier avec tout le monde sauf avec le PDS, dit-il. On ne peut pas traiter quelqu’un de tous les noms d’oiseaux et vouloir lui tendre la main après». Une occasion pour lui de démentir les allégations de désistement potentiel de l'ancien maire de Dakar de son poste de député. «Pape Diop siégera à l’Assemblée nationale et prendra son destin en main», précise-t-il. Mieux, «il va mettre sur pied un parti ou mouvement qui sera ouvert à toutes les réflexions».

«Rester autonome, hors tout groupe parlementaire» (PVD)

Du côté du mouvement Bess Du Niak et du MRDS, Cheikh Oumar Sy et Ibrahim Cissé, les deux chargés de communication, promettent d’aviser la semaine prochaine à l’issue de leur «réunion d’évaluation» respective. La même posture est observée par le leader du Mouvement patriotique du Sénégal (MPS/Faxas). Après s'être réjoui du résultat obtenu (1 député) qui lui a permis de se «jauger», Khadim Thioune se donne un temps de réflexion pour aborder le prochain virage de son engagement politique, cette fois comme député. Sans doute pour attendre la proclamation définitive des résultats par le Conseil constitutionnel, Mouhamadou Daff, n°2 d'And Jëf, renvoie également toute décision à la semaine prochaine.

Toutefois, au Parti de la vérité pour le développement (PVD), le porte-parole adjoint Amara Fofana, souhaite que les deux députés, Modou Kara et sa femme Sokhna Dieng, soient dans le groupe des «non inscrits» pour préserver leur autonomie. «Si nous intégrons un groupe parlementaire, nous serons responsables de toutes les décisions qui seront prises par ce groupe. Or, nous avons l’ambition de conquérir le pouvoir et de mettre en œuvre notre programme axé sur l’être humain et sa foi».

DAOUDA GBAYA