De nouvelles violences font une trentaine de blessés
Une trentaine de personnes ont été blessées vendredi à Conakry dans de nouvelles violences qui ont opposé des commerçants entre eux, le matin, puis des membres des communautés peul et malinké, dans l'après-midi, selon des témoins et un journaliste de l'AFP.
Depuis mercredi, la capitale guinéenne a connu trois jours consécutifs marquées par des heurts. Vendredi après-midi, des heurts entre communautés malinké et peul, les plus importantes de Guinée, ont éclaté dans le quartier de Matoto, après la grande prière, faisant au moins 21 blessés, selon des témoins. "De jeunes Malinké qui ont prié dans leur mosquée ont attaqué à coups de pierres les Peul. Ils ont ensuite pillé des magasins (leur) appartenant au marché de Matoto", a indiqué un témoin.
"Nous sommes déployés dans tous les quartiers à haut risque de la ville mais nous sommes débordés", a affirmé un responsable de la police, Boubacar Kassé.
Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat si ces heurts entre Malinké et Peul étaient liés aux incidents de mercredi et jeudi dans plusieurs quartiers de Conakry, à la suite d'une manifestation d'opposants réclamant une transparence aux législatives prévues le 12 mai.
Clivages politiques et ethniques
Les clivages politiques recoupent le lus souvent les clivages ethniques en Guinée: une majorité de Mailinké sont acquis au président Alpha Condé - lui-même Malinké - tandis que la plupart des Peul soutiennent Cellou Dalein Diallo - Peul - principal opposant et candidat malheureux à l'élection présidentielle de novembre 2010.
Vendredi matin, des vendeurs, essentiellement de pièces détachées automobiles, ont attaqué à coups de pierres des vendeurs de denrées alimentaires, qui ont riposté également avec des pierres, ont rapporté des témoins.
Le correspondant de l'AFP a compté sept personnes blessées dans les quartiers de Madina et de Matam.
Mercredi, l'opposition guinéenne avait appelé à une manifestation qui avait dégénéré en violents affrontements, faisant 130 blessés, dont 68 parmi les forces de l'ordre, selon un bilan officiel. Un lycéen, blessé dans ces violences, y a succombé, selon une source hospitalière, et le gouvernement a annoncé vendredi qu'un policier était aussi décédé des suites de ses blessures.
Jeudi, alors que l'opposition avait appelé à une journée "ville morte", des échauffourées avaient aussi opposé des forces de l'ordre à des jeunes dans des quartiers de la banlieue de Conakry réputés favorables à l'opposition. Plusieurs jeunes avaient été interpellés, selon un journaliste de l'AFP.
Préoccupation de la FIDH
Dans un communiqué transmis à l'AFP par la présidence guinéenne, le gouvernement avait "constaté avec regret" ces "nouveaux incidents signalés aujourd'hui (vendredi) dans certains quartiers de la capitale", sans se prononcer sur leurs origines.
Le communiqué annonce par ailleurs que le président Apha Condé recevra lundi "l'ensemble des organisations politiques" et exhorte à la retenue, "afin que la Guinée s'achemine vers la tenue d'élections législatives libres et transparentes".
La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) s'est dite vendredi "vivement préoccupée par la situation politique et sécuritaire qui prévaut à Conakry, à la suite des violences survenues au cours d'une manifestation le 27 février 2013". Elle a appelé "les autorités guinéennes et les partis politiques à s'abstenir de toute violence et à retrouver un cadre de dialogue constructif".
L'opposition guinéenne a multiplié ces derniers mois les manifestations pour exiger des législatives libres et transparentes, scrutin repoussé depuis 2011 et maintenant fixé au 12 mai.
Jeuneafrique