A chacun son plat préféré !
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Pendant le mois béni de ramadan, les habitudes changent. On s’adapte aux circonstances et ce, sur tous les plans. Après s’être abstenu de manger et de boire durant toute une journée, les jeûneurs doivent faire un choix sur ce qu’ils mangent.
Le ramadan, mois de piété et de charité, rime avec changement d’habitudes. Notamment vestimentaires. Il est de bon ton de s’habiller de manière correcte et décente, et de bannir les autres comportements non recommandés par la religion. Les musulmans s’efforcent, ainsi, de respecter les recommandations de Dieu pour récolter les bienfaits du jeûne. Et après une journée de privation, il faut recharger les batteries à l’aide de bons plats, le soir. Toutefois, ils ne mangent pas n’importe quoi. Ils veillent sur leur santé.
C’est le cas d’Astou Diop. Croisée au marché Castors de Cambérène, la dame, de teint clair, habillée d’un voile vert, est préoccupée par le menu du jour. De mauvaise mine, elle achète des condiments. Interpellée, elle affirme : ‘’Tous les jours, je prépare deux repas. Après le ‘Ndogou’, nous mangeons de la sauce. Le ‘’thiéboudieune (riz au poisson), je ne le fais pas, car le soir, il n’est pas conseillé de manger des repas qui contiennent beaucoup d’huile. De plus, il est dit que le jeûne permet à l’organisme de se reposer.’’
Si Astou Diop parle de risques d’avoir des problèmes sanitaires en mangeant du riz, Awa Cissé, vêtue d’un ensemble wax, donne une autre version. ‘’Pendant ce mois, je mélange les mets, du fait que si nous dégustons toujours du riz au poisson, au finish, personne n’aura plus envie d’en manger. Alors que nous sommes là pour faire plaisir aux gens. Surtout chez moi, lorsque je sers du riz, ma famille n’y touche même pas. Il est donc préférable de rester quelques jours sans le cuisiner’’, soutient la demoiselle à la peau dépigmentée. Awa poursuit d’un ton timide : ‘’Nous assurons les trois repas recommandés par l’islam que sont le ‘Ndogou’ (coupure du jeûne), le dîner et le ‘Kheud’ (repas pris à l’aube). Pour les deux derniers repas, de préférence, nous prenons du pain au chocolat ou avec du beurre. Des fois, c’est avec des saucissons. Nous dépensons beaucoup, mais on ne s’en rend même pas compte.’’
Son avis est partagé par la voilée Diarra Seck. Surprise en train de marchander un sachet de pâtes alimentaires italiennes, elle lance, l’air fatigué : ‘’Après avoir pris du pain au lait pour le ‘Ndogou’, aussitôt après le ‘Nafila’ (prière du soir), nous mangeons de la sauce. Mes enfants ne veulent pas de riz, en cette période de ramadan. Le ‘Kheud’ n’est pas important chez nous. Parfois, c’est du ‘Thiakry’ ou des omelettes.’’ Cette mère de 6 bouts de bois de Dieu précise tout de même : ’Durant tout le mois, je ne mange que du Thiéboudieune. C’est mon plat préféré. Je ne peux pas m’en passer durant ce mois. Sinon, c’est comme si je n’avais rien mangé’’.
De l’avis de Fanta Senghor, la soixantaine bien révolue, il faut toujours changer de menu. ‘’Par exemple, je peux faire de la Soupe Kandji (riz avec de la sauce aux gombos), du ‘Yassa’. Cependant, il est impossible de jeûner sans manger du riz au poisson’’, narre la commerçante qui s’occupe d’un client.
Si les femmes sont pour le changement d’habitudes culinaires, il en est autrement pour les hommes. Ces derniers préfèrent, de loin, le riz au poisson aux autres mets. Rencontré dans la rue en train de discuter, Bassirou Diagne, 40 ans, chapelet autour du cou, les cheveux gris, argue : ‘’Nous pensons que c’est mieux de manger du riz.’’ Même son de cloche chez ce jeune commerçant trouvé dans son magasin. D’après Mbaye Diouf, il raffole le riz au poisson blanc. Marié à deux épouses qu’il a laissées au village, il fait remarquer : ‘’Je n’ai pas de préférence. Je me contente de ce que j’ai.’’ Néanmoins, il a laissé entendre qu’il aimerait toujours manger du riz au poulet ou avec de la viande de bœuf.
AWA FAYE