Publié le 4 Jun 2018 - 13:54
IDRISSA SECK

Quand l’information imparfaite ruine sa carrière politique

 

Aujourd’hui, dans notre pays, les citoyens s’accordent dans une grande majorité que Idy est en train de ruiner sa carrière politique, si ce n’est déjà fait. Cette déroute qui ne date pas d’aujourd’hui découle à mon sens, d’une information imparfaite dans ses prises de décisions à des moments clés de sa carrière. Pourtant avec son vécu, il devrait savoir que seul le peuple est souverain. L’avenir du Sénégal ne se décide ni à Washington, ni à Jérusalem, ni dans aucune autre capitale étrangère, mais bien ici, chez nous, au Sénégal. Peut-être que ses absences de longue durée ont-elles finalement rendu imparfaite son information sur les priorités réelles de notre peuple. En effet, « seul le réel est le rythme de l’Histoire ».

En management stratégique, il est connu que pour imposer une vision conquérante, il est perdant de combattre le leader du moment sur son propre terrain, en copiant sa stratégie, sa tactique, ses méthodes et ses instruments. Comme d’autres avant lui, le Idy nouveau a d’abord souhaité emprunter à Macky sa stratégie conquérante de 2012. Certains s’y étaient déjà essayés vainement pour tenter une échappée. Les photos circulent : on en aura vu des politiques, sortir des cases du Sénégal profond, le pied gauche bien en avant, l’œil rivé sur la caméra, pour pouvoir dire aux sénégalais : comme Macky, moi aussi, je l’ai fait. Si ce n’était du tourisme politique, l’exercice lui ressemblait bien. En stratégie politique, l’expérience ne marche jamais deux fois.

A la suite de ce tour inachevé du Sénégal, le Idy nouveau s’est rendu très vite compte qu’il lui en faudrait davantage sur le terrain car comme le dit un proverbe africain, « la force du baobab est dans ses racines ». Or avec le départ de tous ses compagnons de la première heure, qui disposaient par ailleurs de fortes assises locales, ce qui reste de son parti ne pouvait aucunement lui servir d’appareil efficace de conquête du pouvoir. Idy changea donc de stratégie.

Le Idy nouveau opta ainsi pour la promotion d’un bouleversement radical de l’ordre en cours, afin d’imposer à la vie politique, son protocole et ses règles à lui. Cette stratégie excessive inscrite dans une discontinuité totale de l’ordre, dans la violence du verbe et la négativité des acquis du peuple, puise également sa source dans une information imparfaite, car elle bouscule en définitive la cohésion sociale de la nation. Il va ainsi, tour à tour, promettre le changement de l’hymne national, du nom officiel de notre patrimoine commun qu’est le Sénégal, un nom gravé dans le marbre, dans notre Constitution. A l’image de la République française, la République du Sénégal serait, avec Idy, dénommée République sénégalaise. Tout un programme !

Même la Qibla des musulmans changerait, pour pointer désormais vers Jérusalem la vraie Bakka ? Quant à nos parents chrétiens, qu’ils sachent dorénavant que la langue du prophète Jésus était en réalité l’hébreu et non l’araméen (sa vraie langue maternelle), parce que Jésus serait un prophète juif, selon le Idy nouveau, le messie ?

Pourtant Idy devrait savoir qu’en philosophie, le « connais-toi toi-même » socratique est un appel à la mesure comme voie pour atteindre la sagesse, mais il consacre aussi un appel à la vertu du repli intérieur et à la modestie pour l’humain dans cet univers cognitif, temporel et spatial hors-norme dont la dimension physique et morale n’est connue véritablement que par Dieu L’Omniscient. Idy ne se connaît pas lui-même. Il confond tout et se confond dans tout. Sa préférence (irréversible) pour le raccourci et le compromis, à la place de l’engagement et de l’audace, conduit inéluctablement à sa perte, sans qu’il n’en soit véritablement conscient.

En politique, le raccourci du compromis, c’est le pouvoir par la cooptation et le manque d’audace.

Hier, Idy attendait le pouvoir de Wade, et non du peuple. Il ne l’aura pas eu en définitive.

Aujourd’hui il l’attend de l’étranger, et non du peuple. Il risque encore de le rater.

Espérons que son œcuménisme naissant, fruit de ses rencontres « depuis deux ans avec des exégètes des trois religions révélées », selon ses propres propos, ne lui créera pas un destin à la Maimonide le cordouan, tel que nous l’a conté son ami Jacques Attali dans « la Confrérie des Éveillés ».

Shalom à Idy l’Eveillé !

Mazal Tov !

Mohammadou Bamba Syll

Ingénieur en Telecom

Tél : 00221.77.631.62.27 - Dakar/Sénégal

 

Section: 
Macky Sall, PASTEF et la vérité qu’on refuse de dire
Colloque du Gingembre Littéraire : vers une justice postcoloniale ? : Le Portugal face à ses responsabilités historiques
LEOPOLD SEDAR SENGHOR  PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE du SÉNÉGAL : RAPPEL HISTORIQUE
Le Phosphate Sénégalais : Un Levier de Croissance Économique ?
REDUCTION DE L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT : Quels impacts et quelles alternatives pour les pays africains ?
L’innovation militaire au Sénégal : Entre ambition et précautions
Oignons et pommes de terre : Les prix s’envolent, la spéculation commence à s’installer, et les mesures prises semblent ne pas convaincre
La candidature de M. Hott à la présidence de la BAD
Election de Sidi Ould Tah a la tête de la Bad : Soit une preuve d’amnésie, de tolérance des noirs africains ou de grand enfants
Macky SALL À L'ONU : DE L'URGENTE NÉCESSITÉ DE SOUTENIR SA CANDIDATURE !
Zone CFA : Trois forces financières mondiales à surveiller de près !
Sénégal, pays de paradoxes
Plaidoyer pour un Acte 4 de la Décentralisation : Pour des Territoires Résilients, Autonomes et Transformateurs
L’Horticulture : Une Science au Cœur de l’Avenir Agricole et Écologique
Le Sénégal, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et la prochaine vague démocratique : Fascination de la Négation des valeurs du Sénégal
UNE OPPOSITION MINORITAIRE FACE AU DIALOGUE : Le choix risqué du boycott
Gaza ou l’effacement méthodique
DIALOGUER, VOUS DITES…
Des intellectuels, écrivains, constitutionalistes, chercheurs, économistes et sociologues, pour la préservation de la république, la sauvegarde des libertés et droits fondamentaux
Dialogue national du 28 mai 2025 : L’histoire ne doit pas se répéter !