Les sortants de la FASTEF encore plus incisifs
Les jours se suivent et ne se ressemblent point à la Faculté des sciences et techniques de l’éducation et de la formation (FASTEF). En plus d’une diète entamée mercredi, les élèves professeurs ont séquestré hier un bus de DDD.
‘’On le brûle’’ ! ‘’Non, ne le brûlons pas, il est d’utilité publique’’ ! Vont-ils vraiment brûler ce bus de la société de transport Dakar Dem Dikk ? Rien n’est moins sûr face à la colère de ces élèves professeurs qui ne cesse d’enfler au fil du temps. Gare à eux s’ils s’aventurent à quitter le périmètre de leur établissement scolaire, parce que juste devant le portail, une fourgonnette blanche remplie de policiers veille au grain. Surtout que le chef chargé de l’opération à été on ne peut plus clair : ‘’Je ne suis pas l’interlocuteur indiqué en ce qui concerne vos revendications, mais si vous franchissez ce portail, je vous opposerai une farouche résistance’’.
Alors, les élèves-professeurs décident-ils de rester bien cloîtrés dans l’enceinte de la FASTEF, ceinturant leur butin du jour. A l’instant même, les tractations se déroulent au plus haut niveau. ‘’L’accesseur vient de nous informer que le recteur subit des pressions par rapport au bus que nous avons séquestré et il nous demande de libérer le car’’, tonne l’un des grévistes debout devant la foule. ‘’On ne le fera pas'', lui rétorque une bonne partie de la foule. Finalement ils décident de maintenir le bus et promettent de discuter entre eux pour voir quelle position adopter. ‘’Ce qui nous intéresse c’est moins la séquestration du bus que des discussions sérieuses sur notre situation qui perdure’’, dit Youssou Sané, sortant de la promotion de l’année dernière.
Le jeune élève-professeur s’interroge sur son cas et celui de certains de ses camarades et semble ne rien comprendre : ‘’J’ai mon diplôme depuis l’année dernière, mais je suis toujours là et je me demande pourquoi’’. Pendant que ces sortants de la FASTEF épiloguent sur le sort du bus et leur propre sort, ils reçoivent de la visite et pas n’importe laquelle. Des émissaires d’organisations syndicales enseignantes ont fait le déplacement pour disent-ils venir soutenir leurs jeunes camarades du même corps.
L’intervention des syndicats d’enseignants fait libérer le bus
A peine franchi le seuil de la FASTEF, les émissaires des syndicats d’enseignants se sont rendus au chevet de l’autre groupe d’élèves-professeurs qui observent une grève de la faim depuis mercredi. Dans ce mouvement d’humeur, le groupe s’est scindé en deux. Pendant que les uns cherchent à varier les méthodes de lutte, les autres observent une diète. Sur place, les syndicalistes ont demandé aux futurs professeurs de surseoir à leur mot d’ordre de grève et de libérer le bus.
Ils ont ensuite regretté et déploré la situation de leurs frères du même corps. ‘’Ce sont des professeurs sortant de la FASTEF qui attendent d’être affectés et aujourd’hui, tout ce qu’on leur a servi comme perspective de carrière, c’est de refuser de les recruter. C’est inadmissible et nous sommes à leurs côtés et exigeons du gouvernement qu’ils soient tous recrutés’’, a dit avec fermeté Oumar Waly Zoumarou. Le pays a besoin de ces professeurs, poursuit-il, car ‘’plusieurs écoles sont aujourd’hui fermées, des enfants dans la rue faute de professeurs, faute d’enseignants, donc il n’y a pas de raison qu’on puisse laisser des professeurs ou des instituteurs sortants en rade.
On exige qu’ils soient tous recrutés et sans condition’’, dira le coordonnateur général du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement (CUSE) regroupant 25 organisations syndicales. Amidou Bâ, secrétaire général de l’OIS et des membres du SAEMS-CUSEMS étaient aussi de la partie. Des syndicalistes qui ont été interpellés par des élèves professeurs sur la nécessité de paralyser le système. ‘’Si vous voulez vraiment nous soutenir, décrétez un mouvement de grève qui paralyse le système, au lieu de nous servir des discours’’, lancent plusieurs membres de la foule.
Oumar Waly Zoumarou leur rétorquera : ‘’à ce niveau nous n’avons pas de problème, seulement nous avons un mandat et devons rendre compte de cette mission qu’on nous a confiée. En toute souveraineté la plénière du CUSE et du Grand cadre prendra la position par rapport à cela’’, a dit Zoumarou.
Amadou NDIAYE