Publié le 10 Jul 2023 - 13:39
INCENDIE AU MARCHÉ ZINC DE PIKINE

Plus de 300 cantines réduites en cendres

 

Un pôle du marché Zinc de Pikine, consacré à la vente de denrées de première nécessité, a été totalement emporté par des flammes, samedi nuit aux environs de 3 h. Toutes les marchandises ont été réduites en cendres. "EnQuête" s’est rendu sur les lieux pour s'enquérir de la situation.

 

Un spectacle de désolation ! Au marché Zinc de Pikine, les cœurs ne sont pas à la fête. Après le violent incendie qui a ravagé une partie du lieu de commerce, un spectacle post-apocalyptique s’offre aux vendeurs, visiteurs et clients. La fumée est encore présente, quelques heures après que le feu a été maitrisé. Des morceaux de zinc éparpillés, des tas de tonnes de riz, de maïs, de mil, de pain de singe, d'oignons, de pommes de terre totalement calcinés s’offrent aux yeux. L’air est vicié par une odeur nauséabonde. Mais les victimes désespérées n’en ont cure. Leurs incessants va-et-vient traduisent leur désarroi.

Le regard vide, l’air songeur, un grossiste d’une quarantaine d'années environ, soutient que personne ne connait l'origine de l'incendie. "On m'a appelé vers 2 h 30 mn. Je suis venu et j'ai trouvé la catastrophe", se désole Oumar Mbaye. Les sapeurs-pompiers sont venus très tôt, poursuit-il, mais malheureusement, ils ont eu des difficultés pour accéder au sinistre. Ils ne sont pas parvenus à faire entrer leurs véhicules. Donc, ils ont été obligés de brancher les raccords dehors pour pouvoir arroser l'intérieur du marché. "N'eût été l'intervention rapide des soldats du feu, la situation serait encore plus grave. Les bouteilles de gaz qui se trouvaient dans certains magasins ont aggravé la situation. Parce qu'il y a eu d'énormes explosions. Mais par la grâce de Dieu, il n'y a pas eu de mort", renseigne-t-il.

Les commerçants sont ainsi soulagés que tout le marché n’ait pas pris feu. C'est la partie où se vendent les légumes et autres denrées de première nécessité qui est totalement ravagée. Selon le quadragénaire, les dégâts sont énormes. Impossible, pour l’heure, d’estimer les pertes.

Les pertes

Selon les maitres du lieu, le marché n'a jamais connu ce genre d'incendie. Babacar Ndaw, vendeur d'alimentation et de charcuterie dans ce marché depuis 2004, soutient qu'il a perdu beaucoup de biens. "Pour dire vrai, je ne peux pas estimer ce que j'ai perdu, parce que tout le monde sait que les marchandises sont très chères actuellement. Toute personne qui te dira qu'elle a perdu tant, elle ne te dira pas la vérité. Rien n’est sorti de mes deux magasins. Tout est réduit en cendres comme tu le vois. En arrivant sur les lieux, je n'ai trouvé que de la fumée qui nous a empêchés de faire sortir quoi que ce soit’’, souligne le quinquagénaire habillé d'une chemise blanche.

"Je suis vendeur de poulets. J'ai tout perdu. Tous mes poulets sont morts calcinés. Je suis dans le désarroi. Je ne sais même pas quoi dire ou faire. Mon business était mon seul espoir", se lamente un autre vendeur, les larmes aux yeux.

Absence des autorités dénoncée

Babacar Ndaw déplore, lui, l'absence des autorités administratives. À part le maire Amadou Thiara, dit-il, aucune autre autorité n'est venue s'enquérir de la situation. "Les autorités devraient être au chevet des populations. Nous sommes des Sénégalais. Nous avons eu un malheur. Elles doivent nous assister, parce que tout ce qu'on gagne reste ici au Sénégal. En plus de cela, nous faisons notre devoir, à savoir payer les impôts", lance-t-il.

Autre grief. "Les autorités doivent revoir l'organisation du marché, pour éviter certains incidents, comme celui d'aujourd'hui, revoir également l'installation des fils électriques et aménager des voies pour permettre aux soldats du feu d'accéder aux lieux le plus rapidement possible, en cas de besoin, parce que si les sapeurs-pompiers n'ont pas pu éteindre le feu à temps, c'est à cause de la configuration du marché", lance-t-il.

Recensement des victimes 

L'agent municipal de la commune de Pikine-Nord, Mbaye Niang, faisant partie des délégués du marché, présent sur les lieux, informe qu'ils sont en train de faire un recensement. "On est sur le terrain en train de faire le recensement, pour voir comment assister les victimes. La mairie est toujours au chevet des populations. On va voir ce qu'on pourra faire pour soulager les personnes impactées", renseigne-t-il. Il fait remarquer que les personnes qui sont sous location dans le marché sont les plus vulnérables. Or, ce sont elles qui font vivre le marché. Donc, elles seront les premières à être recensées.

"On ne peut pas recenser quelqu'un sans une carte nationale d'identité, car c'est ce qui nous permet de savoir qui elle est. Celles qui n'ont pas de pièce ne sont pas recensées. Ainsi, se réjouit-il, il n'y a pas eu de perte en vie humaine. Nous rendons grâce à Dieu. Parce que, dit-il, il y avait des gens qui passaient la nuit dans le marché, mais heureusement que tout le monde était parti pour la fête de Tabaski" en famille, renseigne Mbaye Niang.

Il affirme que 300, voire 350 cantines ont été emportées par les flammes. Il y a également, dit-il, des centaines de millions qui sont partis en fumée. Le jour de l'incendie, le capitaine commandant de la caserne de Guédiawaye, présent sur les lieux pour constater les dégâts, a déclaré : "Plusieurs centaines de cantines sur une superficie de 300 m2 ont été emportées. Il a fallu plus de trois heures aux 54 éléments des sapeurs-pompiers pour venir à bout de l’incendie. Les soldats du feu ont éprouvé beaucoup de difficultés pour accéder au marché. Ils ont d’ailleurs constaté qu’il n’y avait pas de bouche d’incendie fonctionnelle."

La police a ouvert une enquête pour déterminer les causes de ce violent incendie.

Pour rappel, le feu s’est déclaré tard dans la nuit du 6 au 7 juillet 2023.

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

Section: