L’Aner alerte sur les dangers et invite à prendre les devants

L’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner) compte prendre les devants afin d’éviter que les équipements solaires ne deviennent dangereux en fin de vie. Hier, elle a organisé un atelier de vulgarisation de l’étude sur les déchets des systèmes solaires photovoltaïques ainsi que sur le cadre législatif nécessaire à la mise en place d’un environnement propice au recyclage.
L’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner), en collaboration avec la coopération belge (Anabel), a organisé, hier, un atelier de restitution d'une étude sur les déchets solaires, c'est-à-dire les déchets issus en grande partie des énergies renouvelables, particulièrement le solaire photovoltaïque. ‘’Aujourd'hui, le solaire, particulièrement le photovoltaïque, est une ressource énergétique très attractive. D'énormes implantations se réalisent et, si l’on n’y prend pas garde, il arrivera un moment où nous nous retrouverons avec ces infrastructures en fin de vie, devenues des déchets’’, a alerté le directeur général de l’Aner, le professeur Diouma Kobor.
En effet, les équipements solaires, après plusieurs années d'utilisation, deviennent des déchets spécifiques, souvent complexes et potentiellement dangereux, s’ils ne sont pas correctement gérés. ‘’Aujourd'hui, vous avez des lampadaires solaires dans tout le pays. Dans 10 ou 20 ans, certains composants ne seront plus fonctionnels. Il est crucial de savoir comment les recycler, les remplacer et les gérer. Ce sont des décisions à prendre, mais elles nécessitent un cadre réglementaire’’, a soutenu le Pr. Kobor.
Ce cadre fait souvent défaut au Sénégal. ‘’Nous avons un problème de réglementation. Les gens attendent généralement que les problèmes surviennent pour tenter de les corriger’’, a indiqué le DG. Et d’ajouter : ‘’C’est précisément ce que nous voulons éviter. Notre objectif est d’établir un cadre permettant aux entreprises, à la société et aux acteurs concernés de prendre des décisions éclairées sur la gestion, la valorisation ou la conservation de ces déchets, afin d’empêcher leur dispersion dans l’environnement.’’
À cet effet, l’Aner entend anticiper pour préserver l’environnement et assurer la sécurité des personnes et des biens face à ces composants qui pourraient devenir dangereux.
Comment anticiper ? ‘’En réalisant une étude d’impact et en quantifiant les déchets prévisibles d’ici dix ans. Cela permettra de déterminer s’il est temps de créer des industries capables de réutiliser, recycler et atténuer l’impact environnemental de ces déchets’’, a expliqué le Pr. Kobor.
Fatou Ly Mbow, directrice de l’Énergie au ministère du Pétrole, soutient cette approche proactive. ‘’Il faut anticiper, planifier et organiser un dispositif de gestion. Il ne s’agit pas seulement d’un progrès technique, mais d’un levier de souveraineté énergétique et industrielle via quatre axes’’, a-t-elle déclaré. Il s’agit, d’abord, de la mise en place d'un cadre réglementaire adapté, fondé sur la responsabilité énergétique des producteurs et intégrant les principes de l'économie circulaire. La deuxième étape consiste à la création d'infrastructures adéquates pour le traitement et le recyclage des déchets solaires dans le respect des normes environnementales. Troisième étape : le développement d'une filière industrielle nationale, génératrice d'emplois verts, d'innovation et de valeurs ajoutées locales. Et enfin, il faut aussi la sensibilisation des usagers et des collectivités à l'importance de cette problématique pour une appropriation collective des solutions.
‘’La gestion des déchets solaires est une opportunité : développer un secteur émergent créateur de valeur ajoutée locale, respectueux de l’environnement et porteur d’emplois. C’est aussi une responsabilité envers nos populations et les générations futures’’, a-t-elle insisté, appelant à une stratégie co-construite avec les acteurs du secteur. Elle a rappelé que le Sénégal s’est engagé dans une transformation via le référentiel Vision 2050, plaçant la durabilité environnementale et la souveraineté énergétique au cœur de ses ambitions. ‘’L’essor des énergies renouvelables, notamment solaire, en est un pilier. L’un de nos objectifs est d’atteindre 40 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, pour garantir l’accès à l’électricité et réduire l’empreinte carbone’’, a-t-elle conclu.
BABACAR SY SEYE