Aïda Ndiongue blanchie par la CREI
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Après 2 ans et 8 mois d’information, la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) a blanchi Aïda Ndiongue par un non-lieu qui a été notifié hier, aux avocats.
C’est la délivrance pour Aïda Ndiongue. Un accouchement pénible pour l’ex-sénatrice libérale qui a dû travailler pendant 2 ans et 8 mois d’instruction, et 17 prolongations avant d’accueillir son enfant : le non-lieu. Accusée d’enrichissement illicite, la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) estime qu’il n’y a pas assez de preuves pour la renvoyer en jugement. Par conséquent, le juge a rendu un non-lieu depuis le 26 février dernier. Mais ce n’est qu’hier que la décision a été notifiée aux avocats de la défense qui s’en sont réjoui.
La défense salue l’indépendance des juges
Pour Me Seydou Diagne, ‘’c’est un très grand motif de satisfaction pour Aïda Ndiongue d’abord, sa famille et sa défense’’. Sur sa lancée, l’avocat salue ‘’le courage et l’indépendance des juges’’ car, argue-t-il, ‘’ce n’était pas évident d’aboutir à un tel résultat avec ces 47 milliards d’accusation d’enrichissement illicite’’. Me Diagne de conclure : ‘’Notre cliente est soulagée. Elle retrouve son honorabilité et sa dignité même si elle ne les a jamais perdues. Elle remercie également les Sénégalais qui l’ont soutenue et ne garde ni rancœur ou ressentiment contre quelqu’un.’’
Son confrère Me Mbaye Jacques Ndiaye a abondé dans le même sens. La robe noire qui se trouve présentement à Paris salue ‘’l'indépendance et l'honnêteté intellectuelle des magistrats de la CREI qui ont eu le courage de dire le droit’’. Cela d’autant que, rappelle-t-il, ‘’Aïda Ndiongue a toujours soutenu son innocence’’. Aussi ajoute-t-il : ‘’Maintenant, l'heure n'est ni aux débats ni aux commentaires. Il s'agit de permettre à Aïda Ndiongue de retrouver une vie normale.’’
Mais ce souhait de Me Ndiaye dépend du parquet spécial qui a la possibilité de se pourvoir en cassation. Le maître des poursuites peut attaquer l’ordonnance de la Commission d’instruction devant la Cour suprême. D’après une source proche du dossier, ce qui est peu probable puisque la décision de la commission d’instruction est en phase avec le réquisitoire définitif du procureur spécial. Celui-ci, nous informe-t-on, a requis le non-lieu pour Aïda Ndiongue dont les poursuites ont démarré à la suite d’une sortie du procureur de la République Serigne Bassirou Guèye, le 17 janvier 2014.
Au cours de ce face-à-face avec les journalistes, le maître des poursuites disait que le ‘‘pot aux roses’’ est découvert et que l’ex-mairesse des HLM était détentrice ‘’d’un patrimoine de 47 675 000 000 de francs CFA à travers des opérations frauduleuses de ses sociétés, des bijoux de grande valeur, et de fortes sommes d’argent en espèces dans des enveloppes’’.
Après cette annonce, Aïda Ndiongue, qui faisait déjà l’objet de poursuites devant le juge du 2ème cabinet d’instruction dans le cadre des marchés fictifs du Plan Jaxaay, est inculpée le 5 juin 2015 pour enrichissement illicite. Soit trois jours après sa relaxe par le tribunal correctionnel de Dakar dans l’affaire Jaxaay. Un dossier sur lequel elle sera finalement condamnée en appel. Mais, contrairement au réquisitoire du procureur spécial, la commission d’instruction de la Crei la place sous contrôle judiciaire, une seconde fois. Ses avocats avaient dénoncé à l’époque ces deux contrôles judiciaires car l’inculpée l’était déjà devant le juge d’instruction. D’ailleurs, c’est au mois d’avril 2017 que la mesure a été levée. Maintenant, elle vient d’être blanchie.
FATOU SY