Des solutions pérennes demandées

Encore quelques gouttes de pluie et c'est la catastrophe ! Parcelles-Assainies, Yoff, entre autres localités à Dakar : beaucoup de gens sont dans le désarroi. Des solutions pérennes sont réclamées.
‘’Alors qu’il n’y a même pas de pluies torrentielles ou de ruptures de barrages, il y a des inondations. Un cumul de 93 mm a suffi pour provoquer la situation actuelle. Ce n’est donc pas la pluie qui est exceptionnelle, mais bien la faillite de l’État qui a entraîné ces inondations. Dans certains pays (Chine, États-Unis), pour qu’il y ait inondation, il faut qu’il y ait des ouragans’’, déclarait Ousmane Sonko, lorsqu’il était opposant. Aujourd’hui encore, la situation n’a pas beaucoup changé et l’État a du pain sur la planche.
Aux Parcelles-Assainies, les récentes pluies ont empêché les habitants de l’Unité 24 de dormir. L’eau a inondé les rues et les maisons, et la situation était si grave que le Premier ministre a donné un coup de fil à l’imam qui est sorti pour constater les dégâts. Selon l’imam Moustapha Amar, le quartier est situé dans une cuvette et souffre d’un grave problème d’assainissement. Il note aussi que l’Office national de l’assainissement (Onas) a déclaré qu’il n’était pas possible d’y installer un réseau d’égouts. Il révèle que 70 maisons sont sans raccordement au système d’évacuation des eaux usées.
À Yoff, l’hôpital Philippe Senghor a été aussi envahi par les eaux de pluie. L’année dernière, une situation similaire s’était produite. Quelles mesures ont été prises depuis ? Le secrétaire exécutif du Comité de développement sanitaire du centre de santé Philippe Senghor, Baye Ousseynou Diop, souligne l’importance de solutions pérennes. ‘’Les récentes inondations au centre de santé Philippe Senghor de Dakar sont préoccupantes et nous partageons les inquiétudes des populations. Nous avons pris note de la situation de l’année dernière, le 7 juillet 2024 précisément, lorsque le ministre Dièye était passé pour constater les dégâts et nous avions mis en place un plan d’action.
Nous avions travaillé sur l’amélioration du système d’évacuation des eaux et évoqué le problème du canal. Malheureusement, les solutions proposées à l’époque n’ont été que temporaires et n’ont pas résolu le problème de fond. Nous pensons qu’il est temps de trouver une solution pérenne ou définitive pour éviter que de telles inondations ne se reproduisent’’, dit-il.
Revenant sur la situation de cette année, Baye Ousseynou Diop renseigne que l’année dernière, l’Onas avait installé une motopompe de grande puissance, mais celle-ci a été retirée de l’hôpital avant le début de cet hivernage. Ce retrait aurait contribué aux inondations de cette année. De plus, le groupe électrogène qui devait alimenter la pompe interne est en panne.
L’hôpital a pu obtenir un nouveau groupe électrogène ‘’de grande capacité grâce à la diligence du ministre Cheikh Tidiane Dièye et l’Onas’’. Les agents espèrent que celui-ci ne sera pas retiré après l’hivernage. ‘’Nous travaillons actuellement avec les autorités locales (mairie, représentants coutumiers et religieux) pour une solution définitive et nous proposons de construire en hauteur et de transformer les points bas en parkings internes après l’hivernage. Cela pourra servir de bassin de rétention provisoire d’eaux pluviales pendant la période hivernale. Ainsi, l’eau ne causera plus de dégâts humains ou matériels et ne perturbera plus le fonctionnement normal du centre de santé’’, indique M. Diop.
Lotissements anarchiques
Habitant à Yoff, Mbacké Ba renseigne qu’auparavant, la présence de sable permettait une meilleure absorption des eaux de pluie. Il pointe du doigt les maisons construites à Ouest-Foire : ‘’Même en cas de fortes averses, l’eau avait un écoulement naturel et le reste était absorbé par le sol. Aujourd’hui, avec la multiplication des constructions, notamment à Ouest-Foire, l’eau ne peut plus s’écouler correctement. Ces lotissements, construits de manière anarchique, sont situés en hauteur par rapport à l’hôpital. Il est donc logique que l’eau s’y déverse. Pour pallier ce problème, il aurait fallu que les fondations de l’hôpital soient plus élevées’’, constate-t-il. Il garde espoir que les autorités apportent la solution.
Dans la même veine, un autre estime que tout cela est la conséquence d’une mauvaise urbanisation. ‘’La prédation des terres de l’aéroport, de Ouest-Foire, de Nord-Foire, des Almadies, etc., est la seule cause de ce désastre écologique qui affecte dangereusement notre cadre de vie. Dakar doit être repensé selon la théorie de la destruction créatrice’’, a-t-il déclaré. Il faut également dire que le pavage des rues, sans canalisations, entraîne la stagnation de l’eau dans les zones plus basses.
Hier, l’Onas a informé que les eaux sont évacuées aux Parcelles-Assainies, à Ngor et à Thiaroye. ‘’Depuis le 15 août, suite aux précipitations exceptionnelles ayant engendré un phénomène d’inondations aux Parcelles-Assainies, Yoff et Thiaroye…’’, a-t-elle indiqué.
Mais, il faut encore le souligner, l’État étant une continuité, la lutte contre les inondations aurait dû commencer avant la saison des pluies par des actions concrètes. Après avoir identifié les zones inondables, il est nécessaire de mettre en place des solutions durables, comme le disait Diomaye Faye
Touba, de nouveau sous les eaux Par ailleurs, à Touba également, la situation est catastrophique. Dans de nombreux quartiers, les routes sont impraticables. Les moustiques s’en sont donné à cœur joie, lors du Magal. Pire, au marché Ocass, l’eau de pluie se mélange aux eaux usées et aux ordures. |
BABACAR SY SEYE