Publié le 22 Jul 2013 - 16:53
INSPECTION GÉNÉRA LE D'ÉTAT

 Fin de mandat pour Nafi Ngom Keïta

 

Fin de parcours de la Vérificatrice générale Nafi Ngom Kéïta, à la tête de l'Inspection générale d’État (IGE). Si l'on se fie en tout cas aux textes qui régissent le fonctionnement et l'organisation de ce corps d'élite de l'administration sénégalaise, son mandat qui a pris effet le 7 juillet 2006 a expiré depuis le 7 juillet 2013.

C'est un décret signé le 6 juillet 2007 par le président de la République d'alors, Me Abdoulaye Wade et contresigné par Macky Sall, alors Premier ministre, qui avait consacré la nomination de Nafi Ngom Keïta à la tête de l'Inspection générale d’État (IGE). Décision qui a été signifiée dès le lendemain à Nafi Ngom Keïta, qui s'était signalée dans l'affaire dite des Chantiers de Thiès. Elle avait remplacé, à la tête de ce corps de contrôle bien stratégique de l’État, Siricondy Diallo alors en poste depuis le 23 juin 1984. Le même Siricondy Diallo se retrouvera par la suite au Conseil constitutionnel comme ''Sage''. La nomination de Nafi Ngom Keïta, assimilée à une promotion pour le rôle qu'elle aurait joué dans les Chantiers de Thiès, avait été mal accueillie. Son profil avait aussi été mis en avant. Et pourtant, infirmière au départ, elle a quand même pu décrocher plusieurs

diplômes par la suite. Nafi Ngom Keïta est brevetée de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam, devenue Ena), titulaire d’un master en finances et gestion publique et diplômée de la Fondation canadienne pour la vérification intégrée.

Un mandat de 7 ans non renouvelable

Ainsi, le départ de Nafi Ngom Keïta est inscrit dans l'ordre normal...des textes qui réglementent le fonctionnement de l'Inspection générale d’État. La loi 2007-17 du 19 février venue modifier celle du 11 août 2005, crée le poste de Vérificateur général du Sénégal, nommé par décret présidentiel en même temps qu'il lui fixe mandat de sept (7) années non renouvelable.

Sur les starting-blocks, plusieurs profils se présentent comme potentiels remplaçants. Il s'agit de François Collin, qui est Vérificateur général adjoint, par ailleurs fils du défunt Jean Collin, tout puissant secrétaire général de la Présidence sous Abdou Diouf. On évoque aussi Abdoul Karim Guèye, ancien Directeur général de l’École nationale d'administration (Ena). Le nom de Pape Ousmane Guèye, qui avait été nommé Secrétaire général du gouvernement, le 1er mai 2009, en remplacement de Fatou Diagne, figure aussi sur la bonne liste des favoris. Pape Ousmane Guèye est aussi inspecteur principal des Douanes.

Mais avant de quitter l'Inspection générale d’État, le Vérificateur général d’État Nafi Ngom Keïta a installé cinq nouveaux IGE nommés par décret. Il s'agit du Professeur agrégé Bassirou Diop, du l'intendant-colonel Ibrahima Bâ, de l'Inspecteur des Impôts Ibrahima Mboup, candidat malheureux au concours direct, du directeur de la Fonction publique Mamadou Lamine Diallo et de Médoune Cissé, ancien Secrétaire général adjoint de la Présidence du temps où Abdoulaye Wade était Président. Ces ''recrutements au tour extérieur'', selon la terminologie consacrée, sont en principe encadrés par la loi. Qui stipule que ''le recrutement au tour extérieur doit avoir pour objectif le renforcement de l’effectif et l’amélioration des capacités techniques de l’Inspection générale d’État''.

Les ''recrutements par tour extérieur'' en question

Autre tamis imposé par la loi, c'est que ''toute décision relative au recrutement des inspecteurs généraux d’État est subordonnée aux conclusions d’une enquête approfondie de moralité effectuée par un organisme compétent''. Le dossier d’engagement d’un inspecteur général d’État ''comporte obligatoirement un exemplaire du certificat établi à l’issue de cette enquête''. Ces conditions sont-elles respectées pour les recrutements au tour extérieur ? Ils sont en tout cas nombreux dans ce corps d’élite de l'administration sénégalaise à déplorer que ''ceux qui sont recrutés au tour extérieur sont aujourd'hui plus nombreux que les IGE qui passent par voie de concours''.

Pourtant, la loi est claire. Et parmi les rôle assignés au Vérificateur général, il y a l'obligation ''d’instruire les dossiers afin de s’assurer que lesdites conditions (citées plus haut) sont réunies, et de donner son avis, après avoir fait diligenter une enquête de moralité par les services compétents de l’État''. L'année dernière déjà, sept nouveaux membres avaient rejoint par voie de décret l'Inspection générale d’État. Et, poursuit-on, ''avant, on nommait des fonctionnaires qui ont une certaine expérience de l'administration, donc d'un certain âge''. Mais ''aujourd'hui, on recrute même des IGE qui ont juste la quarantaine'', se désole-t-on. Les récriminations s'orientent aussi vers le fait que certains, n'ayant pas réussi le concours connu pour être très sélectif, réussissent malgré tout à faire leur entrée à l'Inspection générale d’État, par le sésame d'un décret présidentiel. Depuis le départ du Président Abdou Diouf, la pratique des recrutements au tour extérieur a battu tous les records. Le Président Abdoulaye Wade en avait fait un instrument politique, intégrant à tout va, selon des critères aujourd'hui très critiqués. Le Président Macky Sall semble emprunter la même pente.

L'IGE, un corps protégé avec bien des avantages

Le corps des Inspecteurs généraux d’État est un des plus prestigieux de l'État. Selon la loi qui définit ses domaines de compétence, ''les missions de l’Inspection générale d’État, en tant qu’Institution administrative supérieure de contrôle (IASC), s’exercent sur l’ensemble des services publics de l’État quel que soit leur mode de gestion (services en régie, concédés et autonomes) ou leur localisation géographique (services centraux, régionaux et extérieurs); les établissements publics (…), les collectivités locales et leurs établissements publics ; la gestion administrative et financière de l’Armée, de la Gendarmerie et des corps paramilitaires ; la gestion administrative et financière des services judiciaires ; les entreprises du secteur parapublic et les personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique ; les organismes,les associations ou les fondations faisant appel à la générosité du public'', etc. Bref, presque rien n'échappe au spectre de compétence des IGE.

Compte tenu de ce statut particulier, la République leur octroie un logement de fonction, un véhicule de fonction, sans compter les indemnités de fonction, de sujétion et de contrôle. Protégés par la loi, les IGE ont un salaire qui tourne autour de trois millions francs Cfa compte non tenu des autres avantages en termes d'indemnités. L'âge de la retraite dans ce corps est de 65 ans.

Mais, ''les inspecteurs généraux d’État ayant atteint la limite d’âge pour faire valoir leurs droits à une pension de retraite, et justifiant au moins de dix années de services effectifs cumulés dans le corps des inspecteurs généraux d’État, peuvent prétendre à l’honorariat''. A ce titre, ''ils continuent de jouir des honneurs et privilèges attachés au corps. Les conditions d’accès à l’honorariat sont fixées par décret''.

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