En 8 ans, que de milliards engloutis
Depuis 2005, quand le phénomène a pris de l'ampleur, les régimes successifs de Wade et Macky Sall ont déclaré plusieurs dizaines de milliards dans la résolution des inondations. Huit (8) ans après, professions de foi et actes demeurent à l'état d'incantation, si ce n'est au stade de serpent de mer.
Depuis 2005, le Sénégal a beaucoup investi dans la résolution des inondations. Du moins d'après les déclarations des régimes successifs des présidents Abdoulaye Wade et de Macky Sall. Huit (8) ans après, les Sénégalais en général, les citoyens frappés par les inondations en particulier, font le constat du déjà entendu et vu. La banlieue de Dakar et d'autres villes du pays pataugent en cet hivernage 2013 assez pluvieuse.
Depuis son arrivée au pouvoir en mars 2012, le gouvernement de Macky Sall n'a eu de cesse d'organiser des réunions, conseils interministériels sur les inondations. Le sujet est devenu une rengaine dans les communiqués du conseil des ministres. La nomination d'un département ministériel donnait à penser que le successeur de Wade avait pris l'exacte mesure de la question. A l'aune des résultats, cela ressemble à un coup d'épée dans l'eau. Et pourtant, que de milliards engloutis et de ''sacrifices'' politiques, peut-être même politicienne au nom de la lutte contre ce mal !
En 2005, Me Wade en fit une crise nationale, rappela ses ministres alors en vacances pour réfléchir sur la situation des sinistrés. Un plan d'Organisation des secours (ORSEC) est établi. Le prétexte était tout trouvé pour reporter les élections législatives prévues cette année-là. L'argent qui devait servir à leur organisation serait consacré au plan dit Jaxaay (métaphore renvoyant à l'aigle qui prend son envol), incluant évacuation d'eau (motopompe, produits phytosanitaires), construction de bassin de rétention et de logements sociaux destinés à des sinistrés délogés. Un premier chiffre de 52 milliards F Cfa est annoncé pour y remédier. Las !
Au terme d'une vérification du projet par la Cour des comptes en décembre 2010, celle-ci débusqua le scandale de Jaxaay. Lequel plan s'est trouvé plombé par des malversations et autres fautes de gestion à grande échelle. Les Sénégalais découvrent ahuris que les 52 milliards déclarés n'ont servi à réaliser que 2 000 logements sociaux sur les 3 000. ''Et sur les 2 000 logements livrés par les différentes entreprises, seuls 1 917 ont été effectivement attribués'', précisait le rapport d'audit, tout en soulignant du reste des magouilles dans l'attribution des logis.
Malgré tout, ce plan est ''revu'' par le régime de Macky Sall, avec notamment un autre volet construction de 2 000 logements sociaux aux sites de Tivaouane Peulh, Niakhirate et Keur Massar. Un an après, c'est à peine 500 habitations qui devraient être livrés - sous peu, s'avance le gouvernement – alors que la Cour des comptes évalue le besoin à ''près de 20 000 familles, donc 20 000 logements à construire''. Ces 500 logements et les ouvrages de drainage des eaux auraient coûté la bagatelle de 61 milliards F Cfa.
Plan décennal de 766 milliards
A son accession au pouvoir le 25 mars 2013, et pour parer au plus pressé, Macky Sall était obligé de remobiliser 4 milliards 708 millions F Cfa pour le pompage, le relogement temporaire, les médicaments pour les sinistrés, etc. Il a en outre annoncé des solutions durables, créé un ministère chargé de la Restructuration et de l’Aménagement des zones d’inondation, et élaboré un programme décennal de lutte contre les inondations estimé à 766 milliards F Cfa. La phase d'urgence qui devrait être déclenchée cette année nécessiterait un peu plus de 66 milliards. Un montant que l’État du Sénégal a pu rassembler avec l'aide de bailleurs étrangers. Dans une interview accordée au quotidien national ''Le Soleil'', ce vendredi, le ministre de tutelle Khadim Diop informait que pour des ''travaux durables'', 5 milliards seraient mobilisés pour les localités de Guinaw Rail, Benn Barack, Darou Rahman et Yeumbeul. ''Ils permettront, par un système gravitaire, de faire sortir les eaux des quartiers sans utiliser le pompage. Ce système va disparaître au fur à mesure que les ouvrages seront réalisés'', a-t-il dit dans l'entretien.
En attendant, le contribuable continue d'être saigné à blanc.