Publié le 10 Aug 2023 - 22:49
JEAN-BAPTISTE DIOUF, MAIRE DE GRAND DAKAR

‘’Je réaffirme ma candidature soutenue par des socialistes de l’intérieur et de la diaspora’’

 

Bien qu’il ait été porté par sa coordination pour être candidat à la candidature de Benno Bokk Yaakaar, malgré le dépôt de sa candidature au niveau des instances, le socialiste Jean-Baptiste Diouf n’a jusqu’à présent aucune réponse des instances du PS, qui semblent avoir placé cette candidature sous le coude d’Aminata Mbengue Ndiaye, laissant ainsi un boulevard aux hommes du président Macky Sall.

 

Monsieur le Maire, comment se fait-il qu’un parti comme le Parti socialiste, avec tout son parcours, toute sa trajectoire, n’ait pas un candidat à la candidature de Benno Bokk Yaakaar, d’autant plus que le président sortant n’est pas candidat à sa succession ?

D’abord, je ne suis pas Monsieur le Maire, je suis Monsieur le Président. À partir de maintenant, il faut m’appeler Monsieur le Président (rire). Il faut savoir que le PS a des procédures. Lesquelles  permettent effectivement de recueillir des candidatures. Pour ce faire, il fallait mettre en place une commission de réception des candidatures. C’est ce que j’avais suggéré. À charge pour cette commission de recueillir les candidatures, de les traiter en vue de permettre aux militants de choisir leur candidat.

Par la suite, il fallait déposer le choix qui est fait au niveau de BBY, qui est une coalition de coalitions. Malheureusement, cela n’a pas été fait. Il me paraît anormal que tous les candidats déclarés soient d’un seul et même parti.

Pourquoi la commission n’a pas été mise en place ?

Ce sont les instances du parti qui avaient la latitude de mettre en place la commission. Nous l’avons demandé lors du Secrétariat exécutif ; d’autres l’ont également demandé. C’était pour éviter justement ce cas de figure que nous vivons, avec tous les candidats issus d’une seule formation. Si le parti avait suivi ce processus, nous aurions eu un candidat que nous aurions pu proposer nous aussi à BBY. Maintenant, je ne saurais vous donner une réponse sur pourquoi cela n’a pas été fait. C’est la direction qui pourrait répondre à cette question, parce que c’est elle qui avait en charge cette question.

Vous, vous avez décidé d’être candidat. Pourquoi vous ne l’avez pas fait dans le cadre de Benno Bokk Yaakaar ?

Je ne peux pas accéder directement aux instances de Benno Bokk Yaakaar. Je ne peux que passer par mon parti qui doit déposer ma candidature. Les candidats de l’APR sont d’abord candidats de l’APR avant d’être candidats de Benno Bokk Yaakaar. Dans tous les cas, moi, je réaffirme ma candidature pour cette élection présidentielle du 25 février 2024.

Vous avez au moins saisi les instances de votre parti, avant de rendre publique votre décision ?

J’ai suivi toute la procédure requise à cet effet par les textes de notre parti. D’abord, c’est ma coordination. Après la réunion du Secrétariat exécutif au mois de juillet, j’ai convoqué les instances de notre coordination. La CA a décidé de porter la candidature à cette élection. Nous avons même organisé un meeting d’investiture. Par la suite, nous avons adressé des correspondances aux instances pour informer de notre investiture et demander que le parti prenne ses responsabilités pour le reste du processus. J’attendais une réponse que je n’ai pas eue. Mais que j’aie une réponse ou pas, je réaffirme ma candidature pour cette Présidentielle.

Jean-Baptiste n’est quand même pas n’importe qui dans le Parti socialiste. Qu’est-ce qui peut expliquer, selon vous, cette décision du parti de sacrifier votre candidature au bénéfice des candidats de l’APR ?

La direction du parti a souhaité rester dans BBY. Et rester dans BBY, pour eux, c’est donner carte blanche au président de la coalition.

Mais cela n’exclut pas qu’il y ait des candidats à la candidature pour les partis alliés ?

En fait, il y a eu une première rencontre où le parti avait choisi la candidature du président sortant, le président Macky Sall. Nous avions dit à l’époque : et si le président sortant n’est pas candidat ? Que ferions-nous ? Aucune réponse n’a été donnée et comme par hasard, l’histoire nous a donné raison. Le président ne participe pas. Là aussi, on a dit qu’on ne peut pas tout laisser aux autres, alors que dans ce parti, nous avons des cadres de haut niveau. On avait besoin simplement de libérer les énergies de ces talentueux socialistes pour transformer le Sénégal. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’aller à cette élection avec le soutien de ma coordination. Et je lance un appel à tous les socialistes et aux militants de gauche pour aller ensemble à la conquête des suffrages des Sénégalais.

Au-delà de ce qui a été dit, quelles sont les motivations de cette candidature ?

La motivation, c’est tout simplement basé sur ma vision et les aspirations profondes que j’ai pour le Sénégal. Et pour cela, nous pensons que nous pouvons faire un travail extrêmement important pour le développement de ce pays. D’abord, dans les changements qu’il faut dans l’Administration. Ensuite, il faut restaurer la discipline, le patriotisme, le civisme dans le pays, car ce sont des valeurs que nous sommes en train de perdre. Il faut également, à partir de ces valeurs, impulser le développement économique et durable du pays. Aussi, il faut restaurer le sens de l’intérêt général, mais également l’État de droit. C’est tout cela qui nous permettra de créer les conditions de développement économique durable. Nous sommes convaincu d’avoir ce qu’il faut pour relever ce défi et c’est pourquoi nous sommes candidat.

Vous êtes bien connu, machallah, dans votre commune. Mais une Présidentielle, ça ne se joue pas localement, c’est sur tout le territoire. Pensez-vous avoir suffisamment de soutiens pour faire le poids, d’autant plus que le PS ne semble pas soutenir cette candidature ?

Notre parti est en train de bouger. Depuis la déclaration de notre candidature, beaucoup de nos camarades sont déterminés et se sont engagés à me soutenir. Et je parle de toutes les régions du Sénégal et de la diaspora. Je reçois des appels venant de toutes parts. Notre candidature va surprendre tout le monde, au soir du 25 février. Pour ce qui est de l’appareil du PS, nous avons fait tout ce que nous devions faire. Aujourd’hui, on attend toujours la réponse. Nous espérons qu’elle sera positive.

N’êtes-vous pas un peu affaibli, si l’on sait que vous avez été battu à Dakar lors des dernières élections ?

Vous savez, les élections ne sont pas les mêmes. Aux élections locales, la majorité présidentielle n’a gagné que deux mairies, dont la mienne. Aux Législatives, les réalités étaient différentes. Dans des élections de ce genre, vous pouvez même gagner dans votre fief et perdre dans d’autres. Mais l’essentiel est que nous avions fait ce que nous devions faire, même si la victoire n’a pas été de notre côté. C’est ça le jeu démocratique. Aujourd’hui, nous sommes résolument tourné vers la Présidentielle. C’est le rendez-vous d’un homme avec son peuple.

Y a-t-il d’autres candidatures au niveau du Parti socialiste ?

Je ne sais pas pour les autres. Moi, je  ne suis sûr que de ma candidature. Je ne m’occupe pas de celle des autres.

La gauche dite plurielle s’est réunie le week-end dernier. Êtes-vous partie prenante de ces concertations et est-ce que l’idée d’un candidat unique de cette gauche a été abordée ?

J’ai effectivement participé à ces concertations. Pour ce qui est de la candidature, certains ont affirmé être de la coalition Benno Bokk Yaakaar, alors que d’autres avaient suscité la possibilité de mise en place d’un candidat de la gauche plurielle. Au-delà de ce qui a été dit, moi, je dis qu’une candidature comme celle de Jean-Baptiste, qui fait appel à la gauche plurielle et qui porte ses valeurs intrinsèques d’équité, de sociabilité, de patriotisme, je pense qu’elle devrait être accompagnée pour qu’elle soit socialiste et de gauche et écologique.

On a entendu Aminata Mbengue Ndiaye faire des précisions pour réaffirmer son ancrage dans Benno, comme si elle se démarquait des discussions autour de la candidature de gauche ? Cela ne fait-il pas désordre ?

Je ne sais pas si elle a peur ou non. Chacun a en tout cas sa manière de voir les choses. Au sein du parti, chacun a sa position. Il en est de même de la gauche, qui fait plus de 50 partis. Nous ne pouvons pas avoir les mêmes points de vue.

Qu’est-ce qu’ils faisaient donc là, puisqu’ils sont déjà engagés dans le processus de désignation d’un candidat pour Benno ?

Je pense qu’on aurait pu l’éviter au moment de faire les termes de référence. Il fallait préciser exactement ce qu’ils voulaient. Je pense que si les TDR étaient clairs, ceux qui ne partagent pas cette initiative d’une candidature auraient décliné ou venir et défendre leur position. Cela aurait permis d’aller plus loin.

L’unification de la gauche plurielle a aussi été abordée. Cela n’est-il pas une illusion ?

Nous sommes à l’heure des grands ensembles. L’union de la gauche plurielle est donc souhaitable. Si l’on y travaille bien, nous pouvons bien y arriver. Ce n’est pas une illusion. Mais je ne pense pas que ça soit possible avant cette élection. Il y a effectivement un problème de timing. Nous sommes à six mois de l’élection présidentielle. Je ne sais pas comment on peut mettre cela en branle.

Aujourd’hui, l’urgence, c’est le débat autour des candidatures. L’élection présidentielle est un moment important de la vie de notre pays. Tous ces partis sont des acteurs importants dans cette vie politique. Ils ont donc un rôle à jouer ; un rôle qu’ils jouent depuis les indépendances et même avant.

Pour en revenir à la candidature de Benno. Comment voyez-vous la poursuite des consultations après celles organisées par Niasse ? Pourrait-on en déduire un échec ?

Je sais que le président avait confié au président Niasse cette mission. Il paraît qu’il a fait un rapport qu’il a transmis au président. Il a apprécié et a reçu les candidats, pour recueillir leurs motivations... (la conseillère en communication souffle à son oreille). Le reste, je n’y connais pas grand-chose, parce que je suis de loin. La candidature de Jean-Baptiste, c’est la candidature qui m’intéresse aujourd’hui.

Une Présidentielle, c’est aussi des alliances. Vous, vous êtes de Dakar et quand on parle de Dakar, les gens pensent nécessairement à Khalifa Sall. Peut-on s’attendre à une alliance avec lui, d’autant plus que beaucoup disent que c’est le socialiste qui a le meilleur profil ?

Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. Ce que je sais, c’est que moi je suis candidat et j’ai fait mes preuves au sein du Parti socialiste et sur le plan politique, aussi bien local que départemental. J’ai eu aussi à parcourir beaucoup de régions. Et comme je vous l’ai dit, beaucoup de nos camarades qui sont dans les régions viennent vers moi et ensemble, nous sommes en train de créer les conditions d’une plus grande unité autour de ma candidature. C’est tout ce qui importe pour le moment.

Quels sont les rapports que vous entretenez avec Khalifa Sall ?

C’est un ex-camarade du Parti socialiste. Il n’y a pas de rapport particulier. Nous sommes des acteurs politiques et chacun joue son rôle.

Pouvez-vous nous donner quelques-unes de ces figures, socialistes ou non, qui soutiennent votre candidature ?

Le moment venu, on va les dévoiler. Ce n’est pas encore le moment. Prenez votre mal en patience.

L’Assemblée nationale a voté récemment une loi qui fait revenir dans le jeu électoral Khalifa Sall et Karim Wade. Certains ont trouvé anormal le fait de faire revenir des personnes qui ont été condamnées pour des faits liés à la gestion des deniers publics. Quel est votre point de vue ?

Moi, je souhaite que la Présidentielle soit inclusive, que les Sénégalais qui veulent y participer puissent le faire en toute quiétude. Et le peuple sénégalais qui est mature et très avisé va choisir. S’ils pensent que ces gens ne méritent pas de diriger le pays, ils ne vont pas voter pour eux. Je pense qu’on peut faire confiance au peuple.

Diriez-vous la même chose pour Sonko ?

Je pense qu’il faut utiliser les mécanismes du dialogue qui ont toujours existé dans ce pays, pour régler également ce problème. Le Sénégal est un pays de dialogue, nous utilisons ce mécanisme depuis des années. Vous vous rappelez le dialogue de 1992 avec le président Kéba Mbaye. Je pense que ce mécanisme ne doit jamais être rompu et il doit être utilisé pour prendre en charge les problèmes.

PAR MOR AMAR

 

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