Taxawu Sénégal à l’heure du choix et du renouveau
La lourde défaite de Khalifa Sall, qui n’a obtenu que 1,56 % des voix lors de la Présidentielle, semble marquer le crépuscule de sa carrière politique. L’ancien maire de Dakar, qui risque d’être rattrapé par l’âge (73 ans en 2029), doit tendre vers le renouvellement de son parti qui doit peser sur l’échiquier politique.
L’élection présidentielle qui a vu la victoire de Bassirou Diomaye Faye a été marquée par le net recul des caciques de la vie politique sénégalaise comme Khalifa Sall et Idrissa Seck. Pour l’ancien maire de Dakar, ce score de 1,56 % des voix qui le classe quatrième de la Présidentielle derrière le candidat du Pur Aliou Mamadou Dia (2,8 %), sonne comme un désaveu. Alors que l’ancien responsable socialiste avait de grandes ambitions concernant ce scrutin en jouant la carte de l’expérience et de la réconciliation nationale.
Au regard de ce score, la question de la survie politique de Khalifa Sall se pose. Surtout que l’ex-ministre socialiste risque d’être rattrapé par l’âge pour être candidat en 2029. Khalifa Sall aura alors 73 ans. ‘’Nous avons fait une bonne campagne et nous avons aussi un programme. Tandis que d’autres sont venus avec un projet. Je pense que les Sénégalais sont assez matures pour faire le bon choix en la personne de Khalifa Ababacar Sall’’, déclarait Barthélemy Dias après son vote dans sa commune de Mermoz Sacré-Cœur, le 24 mars dernier.
En effet, les relations difficiles avec sa coalition d’origine Yewwi Askan Wi (Yaw) et les diatribes de Barthélemy Dias contre l’ex-Pastef ont fortement contribué à parasiter la campagne électorale de Khalifa Sall. Son choix de participer au Dialogue national de juin dernier avait entrainé son exclusion de Yaw, accentuant la méfiance auprès de la base électorale de l’opposition. Les images de ses retrouvailles chaleureuses avec Amadou Ba, lors de la campagne à Vélingara, ont aussi renforcé son image de membre de l’élite politique traditionnelle du système qu’entend déboulonner l’ex-Pastef.
Selon plusieurs analystes, un soutien de Khalifa Sall à Amadou Ba était une option envisageable, en cas de second tour.
Malheureusement pour le socialiste, la volonté de rupture incarnée par l’ex-Pastef a donné à cette Présidentielle des allures de référendum entre le système porté par Amadou Ba et l’antisystème défendu par Diomaye Faye.
Pour l’ancien premier magistrat de Dakar qui participait à sa première et dernière Présidentielle à l’âge de 68 ans, cette élection était un ‘’one shot’’. Il nourrissait l’ambition de faire de bons scores dans la capitale, principalement dans le département de Dakar présentée comme la chasse gardée de Taxawu Sénégal depuis 2009.
Mais la déferlante Diomaye-Président a réussi à balayer cette forteresse, en remportant le département avec 286 846 voix, contre 24 306 voix pour Khalifa Sall. Symbole de cette déroute, Khalifa Sall a même perdu dans son bureau de vote, au foyer des jeunes de Grand-Yoff. La coalition DiomayePrésident a obtenu 215 voix contre 32 voix pour Khalifa Sall.
Pour l’heure, il n’est pas encore question de l’avenir du chef, nous fait-on savoir du côté de Taxawu. Néanmoins, il parait difficile de croire que les jeunes loups du parti puissent ronger leurs freins, en attendant que Khalifa Sall cède la place.
L’ère du changement au sein de Taxawu Sénégal
Dans la nouvelle configuration politique, Khalifa Sall pourrait passer le témoin à son directeur de campagne Barthélemy Dias ou au jeune prometteur député de Saint-Louis Babacar Abba Mbaye. Le choix du maire de Dakar peut s’avérer problématique, dans la mesure où il a été condamné dans l’affaire du meurtre Ndiaga Diouf, ce qui le rend inéligible à la magistrature suprême. La promotion d’un leader incapable de se présenter à la Présidentielle ne risque-t-elle pas d’occasionner de futurs troubles au sein de Taxawu Sénégal ? Tandis que le député Babacar Abba Mbaye ne semble pas posséder la posture nationale pour s’imposer à la tête du parti. Taxawu Sénégal devrait ainsi enclencher son processus de renouvellement dans les prochains mois.
Le parti avait annoncé, à la veille de la Présidentielle, le ralliement de 73 partis et mouvements à sa coalition Khalifa2024. Il s’agira alors, pour les responsables, de démarrer une nouvelle dynamique devant les conduire aux prochaines échéances électorales, comme les Législatives anticipées.
Ce processus de revitalisation du parti doit aussi s’accompagner d’une volonté de restructuration. Car Taxawu Sénégal a la particularité de voir la quasi-totalité de ses leaders concentrés à Dakar. Ainsi, un travail de mobilisation doit être fait pour implanter durablement le parti sur le territoire national.
En outre, la recomposition du Parti socialiste qui ne va pas manquer, dans les prochaines semaines, pourrait favoriser un rapprochement, dans le but de constituer un pôle socialiste fort.
Il y a aussi la volonté d’ouverture affichée par le nouveau président élu Bassirou Diomaye Fall de tendre la main à toutes les forces vives de la nation. Cette donne pourrait aussi constituer une voie de salut pour la formation de Khalifa Sall. D’autant plus que le pilier social de l’ex-Pastef ne parait pas en porte-à-faux avec la doctrine sociale de Taxawu héritée du Parti socialiste.
Mamadou Makhfouse NGOM