Publié le 16 Sep 2015 - 21:56
L’ŒIL DU CYCLONE DE SEKOU TRAORE

 La belle et la bête

 

En compétition actuellement à la 18ème édition du festival de cinéma africain de Khouribga, ‘’L’œil du cyclone’’ du réalisateur burkinabé Sékou Traoré a été projeté lundi dernier. Il a fait l’objet d’une discussion hier dans l’une des salles de l’hôtel recevant la délégation officielle.

 

‘’Emma, jeune avocate, est la fille d'un bijoutier, ancien responsable commercial d'une société d'extraction de diamants. Etant enfant, elle a dû être évacuée avec toute sa famille, lors de l'occupation des zones minières par un mouvement rebelle qui, vingt ans plus tard, continue de résister aux forces gouvernementales, n'hésitant pas à commettre les pires atrocités. Un jour, le bâtonnier demande à Emma d'assurer la défense de Blackshouam, un rebelle capturé par l'armée.

Présenté comme une véritable bête féroce enfermée dans un mutisme absolu, Blackshouam finit pourtant par se confier à la jeune femme’’. Tel est le synopsis du film du Burkinabé Sékou Traoré ‘’L’œil du cyclone’’. Il a été projeté lundi soir au centre culturel de Khouribga, dans le cadre de la 18ème édition du festival de cinéma africain de cette ville. Des confessions de Blashouam alias Colonel Hitler Mussolini, Me Tou découvre que son propre père Long Jonh ainsi que le beau-frère du président de la République M. Maglé sont à la tête du réseau de trafiquants de diamants qui travaille avec les rebelles.

 Des hommes d’Etat sont mêlés à cette crise qu’ils disaient miner le pays. Ainsi, pendant 20 ans, ils ont entretenu la guerre et gagnaient des deux côtés. Ce qu’Emma n’a pas manqué de dénoncer à la barre même si l’un des trafiquants de diamant est son père. Dans ce film, la jeune avocate a osé dénoncer les siens et défendre ‘’le rebelle’’, même si ses parents n’étaient pas d’accord. Il est en outre question dans ce film de l’enrôlement des enfants dans des armées. Emma s’est d’ailleurs appuyée sur le passé d’enfant soldat de son client enrôlé dans l’armée alors qu’il n’avait que 8 ans pour montrer qu’il n’était pas forcément responsable des crimes dont on l’accuse. Malgré son argumentaire, elle n’arrivera pas à faire acquitter Blackshouam. Mais réussira quand même à lui éviter la peine capitale.

Cependant, la fin n’est pas comme celle de la belle et de la bête. Ici, la belle va être dévorée par la bête. Emma mourra des mains d’Hitler Mussolini qui l’a étranglée. Une fin qui est matière à discuter chez les critiques cinématographiques. Pour certains comme le journaliste et président de la fédération africaine des critiques de cinéma (FACC) Baba Diop, cette fin peut alimenter le débat sur le retour de la peine de mort dans certains pays africains. Car, le film montre que cet homme ne pourra jamais changer et qu’il faut le fusiller. Or pour le Pr Maguèye Kassé, également critique de cinéma, ‘’ce film ne pouvait pas avoir de happy end’’. Même s’il reconnaît que chacun peut l’interpréter à sa guise suivant ‘’le projet qu’il a pour l’Afrique’’.

Le réalisateur quant à lui dit vouloir montrer que ces gens-là sont imprévisibles. Dans le film, on a l’impression qu’Emma est en train de le guérir mais ‘’il reste le même homme dangereux qu’il était en brousse. On a essayé de l’humaniser le maximum possible dans le film mais, avec toutes les drogues utilisées et les atrocités vécues en tant qu’enfant soldat, sa guérison ne peut être facile’’, estime Sékou Traoré. Ce que le critique de cinéma Aït Youssef voit à travers cette fin est tout à fait différent. ‘’C’est un acte érotique. Le rebelle était attiré par l’avocate et vice versa’’, dit-il.

Cependant, dans ce film, le jeu d’acteur plus que la trame interpelle certains cinéphiles. Regard profond et glacial malgré son œil poché, Blackshouam fait peur même à l’écran. Le téléspectateur, rien qu’en le voyant, est persuadé qu’il a été capable des atrocités dont il est accusé. Et l’actrice Maïmouna Ndiaye qui interprète le rôle de l’avocate Emma Tou dans le film a su elle aussi transmettre ses émotions aux cinéphiles. Les deux sont tellement imprégnés dans leurs personnages, qu’à eux deux seuls, ils tiennent tout le film.   Même si certains critiques comme Baba Diop trouve que Maïmouna Ndiaye a bien tenu le rôle d’Emma mais que Fargass a fait du ‘’sur- jeu’’ consécutif à son état de comédien. Par contre, le Pr Kassé trouve ‘’qu’aucun des protagonistes n’a failli dans son rôle’’.  

BIGUE BOB (envoyée spéciale)

 

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