Publié le 23 May 2013 - 11:22
L’EX-DG DE CBAO BLAISE DIAGNE PREND 3 ANS POUR BLANCHIMENT DE CAPITAUX

 La banque condamnée à payer 340 millions aux parties civiles

Alors qu’il purge déjà une peine de deux ans ferme pour détournement, l’ex-chef d’agence CBAO a été condamné hier à trois autres années de prison pour blanchiment de capitaux. La même peine est infligée à ses deux complices nigérians Emmanuel Ugwunna Mejeh et Evaristus Ndubusi Osuji tandis que son co-prévenu Assane Guèye a écopé de deux ans. La CBAO devra payer les dommages et intérêts.

 

Directeur général de l’agence CBAO Blaise Diagne au moment de son incarcération le 18 novembre 2011, Mody Sy n’est pas au bout de ses peines. Alors qu’il purge, depuis le 22 novembre 2012, une peine de deux ans pour abus de confiance, le glaive de la justice s’est encore abattu sur lui. Hier, le tribunal correctionnel de Dakar lui a infligé trois autres années. Mody Sy a été déclaré coupable des faits de blanchiment de capitaux, de faux et usage de faux en écriture privée de banque et d’association de malfaiteurs. En revanche, il a été relaxé des délits d’escroquerie et d’abus de blanc-seing.

 

Assane Guèye a été condamné à 2 ans de sursis dont 1 an ferme. Il a recouvré la liberté pour avoir été placé sous mandat de dépôt depuis 1 an et 6 mois. Il a été reconnu coupable d'association de malfaiteurs et de complicité d'escroquerie. Les deux Nigérians Emmanuel Ugwunna Mejeh et Evaristus Ndubusi Osuji ont écopé de 3 ans ferme, pour blanchiment de capitaux, faux et usage de faux en écriture privée de banque, association de malfaiteurs et escroquerie. Dans sa décision, le juge a infligé une amende de près de 97 millions de francs Cfa à chacun des prévenus.

 

Le tribunal a également ordonné une interdiction définitive de séjour au Sénégal aux deux Nigérians. Le tribunal a en revanche rejeté la restitution d’un montant de 44 982 242 francs bloqué dans le compte de Mejeh et appartenant à l’une des parties civiles, l’Allemand Dirk Alexander Strauss. Même si les prévenus ont été déclarés coupables de blanchiment, c’est la CBAO qui devra payer les dommages et intérêts aux parties civiles. 335 millions pour M. Strauss et 5 millions pour Makhary Diakhaté.

 

Les faits

 

Les faits qui valent au banquier cette seconde condamnation sont partis d’un message électronique reçu par M. Strauss. Dans ledit mail, il y était joint la photo d’une jeune et belle blonde. La fille, assise aux côtés d’un prêtre devant une Église, était présentée comme orpheline d’un somalien tué par les chébab. Toujours dans leur message, Emmanuel Ugwunna Mejeh et Evaristus Ndubusi Osuji faisaient croire à l’Allemand que la fille avait hérité de son défunt père la somme de 6 500 000 dollars à Londres. Pour appâter leur victime, les expéditeurs laissèrent entendre que la fameuse orpheline était une réfugiée présentement au Sénégal et cherchait des personnes altruistes pour entrer en possession de cet héritage. Même de faux documents comprenant un passeport sénégalais, un acte de décès et un jugement d’hérédité avaient été confectionnés par les deux faussaires.

 

500 millions de francs Cfa soutirés à un Allemand

 

Désireux d’aider la supposée orpheline, Dirk Strauss se rendit à Londres sur invitation des complices de la bande. Sur place, ces derniers lui montrèrent une mallette pleine d’argent avant de lui offrir 100 dollars. Ses bourreaux lui promirent, en plus de sa commission, de bénéficier de 15% de l'argent. Convaincu, M. Strauss commença à envoyer de l’argent dès son retour. C’est là que Mody Sy est entré dans la danse, puisqu’il a permis aux deux Nigérians d’utiliser le compte de certains clients de la CBAO pour y déposer l’argent envoyé par l’Allemand, avant de le retirer par la suite. Au total, plus de 183 millions ont été envoyés dans le compte de Makhary Diakhaté. 144 millions de francs ont transité par le compte d'Assane Guèye.

 

Si le premier a fini par se plaindre de ces mouvements dans son compte, ce n’est pas le cas du second. Assane Guèye a bien profité de la situation, car lorsque Mody Sy lui avait proposé de faire des mouvements dans son compte, il avait accepté vu que ses activités tournaient au ralenti. Si à l’enquête Mody Sy a reconnu avoir mis les comptes à la disposition de ses amis, en contrepartie d’une commission de 3 millions, à la barre, il a contesté les faits. Les deux Nigérians avaient également clamé leur innocence. Quant à Assane Guèye, il avait soutenu que le banquier s’était proposé de l’aider, sans l’informer de l’origine de l’argent.

 

FATOU SY

 

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