Publié le 31 Aug 2013 - 22:00
A LA DECOUVERTE DE KEUR NGANDA

Le village spirituel de Serigne Cheikh Sidi Mokhtar Mbacké

 

 

Niché dans la communauté rurale de Lappé et situé à plus de 50 km de la commune de Ngaye Mékhé, Keur Nganda est un village qui a été créé par l'actuel khalife général des mourides Serigne Cheikh Sidi Makhtar Mbacké. EnQuête est allé à la découverte de ce village devenu célèbre avec l'accession de son fondateur au khalifat, en 2010. Reportage.

 

 

Dans l’orthodoxie mouride, chaque khalife général a son village qui lui sert de retraite spirituelle. Un village qu’il crée dans le but d'enseigner à ses disciples les fondamentaux de la religion musulmane et les enseignements du fondateur du mouridisme Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Feu Serigne Abdou Lakhat Mbacké (khalife de 1968 à 89) avait fondé le village de Bélel. Serigne Saliou Mbacké (khalife de 1990 à 2007) se recueillait à Ndiouroul et Khelcom Djiaga.

L'actuel khalife général des mourides Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, intronisé en 2010, se retranche à Keur Nganda, pour se ressourcer. Le village est situé à dans la communauté rurale de Lappé, à une cinquantaine de kilomètres de la commune de Ngaye Mékhé, dans le département de Tivaouane, à quelques 160 km de la capitale sénégalaise.

Keur Nganda a été créé par l’actuel khalife général des mourides, il y a de cela une soixantaine d’années. El Hadji Mbaye Sall, un des premiers habitants du village, raconte : ''L’histoire de ce village débute au moment où le marabout est venu y habiter. À l’époque, il n'y a avait rien ici et le marabout était seul aussi. Il passait tout son temps à lire les versets saints du Coran, à cultiver et à faire cultiver des champs. Ensuite, je suis venu le rejoindre. Nous avons fonctionné de la sorte jusqu’au jour où il est devenu le khalife''. Le vieil homme à la barbichette blanche et au débit rapide se targue d'être du village qui compte aujourd'hui plus de 30 pères de famille. Le village, dit-il, ne cesse de croître. ''Au départ, il n'y avait qu'une maison, puis cinq, ensuite une dizaine. Aujourd’hui, il y en a plusieurs''. Dans ce village de cultivateurs, les populations vivent des produits de leur labeur.

 

Jour de Ziar

 

En ce  dimanche, le soleil est au zénith. Un vent chaud souffle sur les têtes des milliers de disciples qui sont venus de toutes les régions du pays renouveler leur acte d’allégeance au khalife. Ils sont des milliers à prendre d'assaut la petite bourgade d'habitude calme. Différents dahiras en profitent pour venir verser leurs cotisations annuelles. Des sommes qui varient et se comptent parfois en millions de francs CFA.  La place publique du village ou ‘’penc’’, dans le jargon local, entourée par une dizaine de concessions,  est pleine de voitures en stationnement. Bus, 4x4, cars ''Ndiaga Ndiaye'' rendent problématique toute velléité de déplacement. Jeunes, enfants et adultes sont sur le qui-vive. Chacun n'a qu'une obsession : voir le khalife. Tout ceci se passe sur fond sonore des chants de khassaides.

Le logement de l’homme fort de Touba est un grand bâtiment peint en jaune et en vert. Il détonne dans le paysage, puisque toutes les autres constructions sont des cases. À l'intérieur de la concession du saint homme, la grande cour refuse du monde. A l’entrée de la concession, à droite, sous un auvent en tôle de zinc, se trouve un lit traditionnel sur lequel sont posés plusieurs livres. Les chambellans veillent et interdisent de prendre des photos du saint homme qui s'est installé là. La barbe blanche, des lunettes de couleur noire de marque Ray Ban, une grosse bague à l’un des doigts de sa main gauche, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, reçoit les fidèles par grappes. Ceux-ci viennent donner leurs présents, recueillent des prières et s'en vont. Ainsi de suite.

 

''A la fin de chaque mois, il nous distribue des vivres''

 

À côté de ce tohu-bohu, les villageois gardent leur sérénité, sachant que les étrangers n'en ont que pour quelques heures, avant de retourner à leurs localités d'origine. Eux ont la chance de côtoyer le saint homme souvent. Même si, révèle El Hadji Mbaye Sall, ''à chaque fois que le marabout est présent dans ce village, c'est un ballet continu de véhicules et de personnes qui viennent rendre hommage au guide''. Le village ne retrouve son calme que lorsque le marabout séjourne ailleurs. Les autochtones ne tarissent pas d'éloges pour lui, en louant sa bonté. Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké est véritablement un guide pour eux. ''Le marabout ne cesse de nous inviter à emprunter le droit chemin, de nous aimer les uns les autres et de nous comporter en vrais disciples mourides'', témoigne El Hadji Mbaye Sall. Le Khalife ne cesse de les inviter à respecter les 5 prières quotidiennes, à être assidus à la lecture du Coran et des recueils de poèmes de Serigne Touba (khassaides) et à ne pas rechigner à cultiver la terre. ''Avant son accession au khalifat, le village n'était constitué que de maisons en paille. Les gens ne vivaient que d’agriculture. Même s’il ne prend pas en charge les dépenses quotidiennes, à la fin de chaque mois, il distribue des vivres'', ajoute le vieil homme.

 

''La vie est devenue facile, depuis son avènement’’

 

Adama Diouf ne dit pas autre chose. Elle habite de Keur Nganda, depuis 5 ans. ''À chaque fois qu’il séjourne au village, nous allons à son domicile préparer les mets. Pour nous faire plaisir, il immole des bœufs et/ou des chameaux''. La dame lève un coin du voile des occupations des habitants. ''Pour animer le village, nous organisons chaque mercredi un dahira pour revisiter les enseignements du prophète Mohamed. Nous passons notre temps à adorer le bon Dieu, et suivre les injonctions du marabout et éviter ses interdits''. 

Lorsque Adama Diouf venait dans le village, il n'y avait que peu d'habitants. Aujourd'hui, les choses ont bien changé. ''La vie est devenue très facile pour nous, depuis son avènement. Le marabout et très compréhensif. Quand il est là, on évite les occupations mondaines. Les rares fois où il y a une fête, c’est lorsqu’il y a mariage’’. Lors du magal de Touba, ce sont les habitants du village qui s'occupent de tout dans la maison du khalife. ''Nous lui souhaitons une longue vie, afin qu’il termine les projets qu’il a entamés pour toute la communauté mouride''. 

Keur Nganda reste une bourgade au cœur du Kayor. Les villageois vivent toujours de l’agriculture, de la cueillette et de l’élevage. ''Nous sommes des cultivateurs. Nous nous nourrissons de l’arachide, du mil et du niébé, entre autres, que nous cultivons'' renseigne  Baye Mbaye.

Naturellement, tout n'est pas rose à Keur Nganda. Les habitants ont des doléances parmi lesquelles figure l’achèvement des travaux des locaux qui devraient abriter la communauté rurale. ''Si Abdoulaye Wade était toujours là, les bâtiments seraient déjà achevés. Nous comptons sur son successeur pour qu’il le fasse. Même si, depuis que Macky Sall est au pouvoir, pas une seule brique n’y a été posée'', s'insurge Adama Diouf.

 

 

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