Pr Ousmane Oumar Kane Publie ‘’Beyond Timbuktu’’
« Beyond Timbuktu. An intellectual History of Muslim Africa » est le nouveau livre d’Ousmane Oumar Kane. L’ouvrage revisite les écrits sur l’islam en Afrique de l’Ouest.
De Saint-Louis à New York, en passant par Dakar, le professeur Ousmane Oumar Kane, qui occupe la chaire Islam et sociétés musulmanes contemporaines à la prestigieuse université Harvard Divinity school, s’est lancé dans de longues recherches pour fouiller les manuscrits arabes qui révèlent l’authenticité de l’islam dans toute sa dimension. Il vient de publier le livre « Beyond Timbuktu. An intellectual History of Muslim Africa » (Au-delà de Tombouctou, une histoire intellectuelle de l’Afrique de l’Ouest musulmane) dont le lancement a eu lieu hier au Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria).
L’auteur y évoque les écrits laudatifs par lesquels des érudits de l’Islam au Sénégal ont chanté les louanges du prophète Mohamed, à travers des poèmes qui peuvent être des sources historiques pour l’islam. ‘’Pour comprendre l’expansion du mouvement créé par Cheikh Ibrahima Niass, il n’y a pas de meilleures sources que ses récits de voyage‘’, dit-il. Dans ses recherches, Pr Kane a aussi noté une catégorie d’écriture polémique résultant en grande partie des rivalités entre confréries. Et une autre de type politique.
‘’Les grandes recherches ont révélé que des lettrés ont écrit en arabe et en ‘’Adjémi’’ pour protester contre des souverainetés à vocation de renverser le statu quo de certains pays’’, renseigne l’auteur. ‘’Adjemi’’ est un concept renvoyant au peuple avec qui les arabes sont entrés en contact, notamment les Perses et les Berbères. ‘’Néanmoins, le concept devenu moins péjoratif et très usité pour transcrire la langue des populations non arabes’’, précise Ousmane Oumar Kane.
Toujours, d’après le chercheur, l’Afrique noire, dans le discours académique et dans l’imagination populaire, est considérée en Occident comme un univers de tribus antagoniques. Partant de cette perception négative de la part des Occidentaux, l’auteur, dans son livre, propose de ‘’réaliser des objectifs communs et s’approcher des communautés comme la ‘’Tidjaniya’’ la ‘’khadriya’’, entre autres, qui ont des disciples presque partout en Afrique’’.
Selon l’auteur, ‘’cette tradition africaine a été toujours occultée par l’hégémonie occidentale du siècle dernier, tout en inventant l’Afrique comme un continent d’oralité’’. Le professeur Kane de dire que ce discours a passé sous silence la tradition littéraire. Ainsi, pendant la période coloniale, la production intellectuelle islamique était absente des grands débats d’influence sur la production du savoir. Il dément les auteurs qui ont affirmé que l’histoire de l’Afrique a été écrite dans des langues occidentales. ‘’Les auteurs Apiya, Dimbé et d’autres ont tort de dire que la plupart des intellectuels sont europhones ou que les analystes africains épousent les pensées des Occidentaux’’, fulmine-t-il.
Boubacar Barry, professeur d’Histoire à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et présentateur du livre, souligne à son tour que ce livre permet à l’Africain de n’avoir aucun complexe vis-à-vis de l’Occident. C’est un panorama de l’histoire qui traite des sujets d’actualité comme le djihadisme.
Safiyatou Diouf (stagiaire)