Publié le 12 Jul 2022 - 12:43

Le billet du mouton…

 

La Tabaski encore appelée fête du mouton. Oui l’animal était au cœur de l’actualité ces derniers jours. Il a renvoyé plusieurs messages qu’un sérère peut décortiquer contrairement à un halpular qui ne cogitait que sur la quantité de la viande et des possibilités d’en garder des morceaux jusqu’à la Tamkharit. Décidemment !

L’imam de mon quartier a rappelé que l’importance pour Dieu ce n’était pas la valeur de votre mouton mais l’acte de dévotion à la base du sacrifice. Quelqu’un va acheter un petit mouton de 65 000 FCFA vers Ngoundiane et se retrouver demain devant notre Seigneur avec un bélier à la dimension d’un immeuble a expliqué notre imam. Un autre va acheter son mouton à 1 500 000 FCFA pour se retrouver demain avec un petit mouton qui ne pourra pas le transporter. D’ailleurs les moutons n’ont pas compris toute cette médiatisation quand on les donne aux nécessiteux. Cela est l’affaire des politiciens qui cherchent à tirer du gain dans tout investissement. Bon Dieu reconnaîtra demain ses moutons !

Le mouton a rappelé à chaque père de famille ses responsabilités surtout envers les enfants. Ces derniers n’ont rien à cirer de la crise en Ukraine ou des conséquences de l’embargo sur le Mali. Ils veulent juste porter de beaux habits et manger du mouton. Mais le père de famille en a profité pour leur rappeler que dans la vie, il faut se battre pour satisfaire ses besoins, que les difficultés ne manqueront pas, qu’on n’a pas toujours ce que l’on veut, il faut aider les autres qui sont dans le besoin en toute discrétion, qu’il ne faut pas être violent envers son prochain, c’est Dieu qui tue les hommes mais un homme ne doit pas tuer un homme, même les animaux Dieu nous donne le droit de les tuer pour satisfaire des besoins vitaux mais pas pour jouer. Les messages étaient très nombreux autour du mouton.

Mais y a des messages qui ne passent pas. Comme cet homme politique qui voulait faire passer le message du dépassement en politique en offrant un mouton au maire de sa localité. Un maire farouche opposant qui retourne gentiment le cadeau à l’envoyeur. Oui on n’a pas besoin de prendre l’avion pour aller à Ziguinchor demander des précisions aux intéressés. Il faut juste comprendre le message principal, il y a des nécessiteux pour la distribution de tels cadeaux.  La paix ce n’est pas un mouton, c’est un comportement. Alors faites ce que vous devez faire ! Vous tous ! Pour indiquer la bonne direction à vos troupes.

Le mouton a fait aussi dans la diplomatie. En attendant l’autosuffisance en mouton, il faut un coup de pouce des voisins pour combler le gap à chaque Tabaski. La tension qui a animé le marché les deniers jours avant la Tabaski a démontré que le mouton du voisin a fait un peu dans l’embargo. Voilà il faut des efforts immenses pour remettre au beau fixe les relations. Des efforts comme faire des milliers de kilomètres pour faciliter le transport du blé dans une zone de guerre. Le mouton est aussi vital !

L’enfant du voisin a demandé à son père pourquoi depuis le jour de la Tabaski le mouton qui reste dans l’enclos est toujours en train de bêler ? Parc que son ami, son parent de mouton a été égorgé pour la fête. Il est seul, dans le vide. Le voisin d’expliquer à son enfant c’est ensemble qu’on est fort, c’est ensemble qu’on est dans la quiétude. Et c’est valable aussi pour nous les hommes.  Un autre enfant qui demande à son père pourquoi payer à quelqu’un pour dépecer le mouton et l’aider à le faire. Quand on est responsable, il faut mettre la main à la pâte, être devant, donner le bon exemple. Il faut respecter ceux qu’on commande, l’argent n’achète pas la dignité… Il faut éviter la jouissance et l’opulence, elles tuent ce qui est humain en nous.

Un coup de corne par-ci, un bêlement par-là pour nous rappeler qu’il ne s’agissait pas seulement de se gaver de viande mais surtout de continuer de cultiver des valeurs pour une vie sociale harmonieuse. C’est en cela qu’on mérite d’égorger un mouton.

Bonne fête à vous les hommes, le mouton est toujours à votre disposition. Par la grâce de Dieu. Et cela il faut la mériter !

DEWENETI !

NDIAGA DIOUF

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