Publié le 12 Jul 2023 - 07:12
LE GÉNÉRAL DE DIVISION MOUSSA FALL

“Nous faisons face à un monde qui conçoit la violence comme un réflexe d'autodéfense, d'autoprotection...”

 

Le haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire (Haucomgen), le général de division Moussa Fall, a donné hier son avis sur les nouvelles formes de contestations de la population envers les hommes de tenue, l’émigration irrégulière,  la stratégie que le personnel sécuritaire doit adopter pour faire face aux nouvelles formes de violence…

 

La troisième réunion de commission  de l’Association internationale des gendarmeries et forces de police à statut  militaire  (FIEP),  sur le thème ‘’Capacités des forces de police à statut militaire face aux menaces issues des conflits régionaux. Approche sur la protection de l'environnement et le contrôle des flux migratoires’’ s’est ouverte sous la présidence du haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire (Haucomgen). Le général Fall a confié, à cette occasion, que le sujet choisi met en évidence l'obligation d'éprouver les schémas d'organisation des forces de gendarmerie et de sécurité à statut militaire, et la nécessité d'une résilience absolue, afin de mieux répondre aux défis conjoncturels de sécurité publique et ceux à venir, dans un environnement de crises sous-régionales persistantes.

Le général de division Moussa Fall est convaincu que les forces qui composent la FIEP ont un rôle déterminant à jouer dans la marche du monde, ‘’cette marche irréversible sous la cadence de la connectivité rapide, de l'interdépendance entre les sociétés, parfois confrontées à des conflits régionaux et dont la bonne gestion recommande à la fois de l'entraide et de la solidarité. Nous vivons effectivement une époque marquée par des conflits régionaux qui ont des répercussions sur la sécurité mondiale. Les forces de sécurité à statut militaire jouent un rôle prépondérant dans la prévention et la résolution de ces conflits, en maintenant l'ordre, en protégeant les populations et en assurant la stabilité dans les régions touchées. Ces formes de conflits affectent également la sécurité et la stabilité nationales. Leur prolongement, au-delà des frontières, où leurs méfaits sont parfois plus prononcés du fait des déplacements de populations, reste un défi à relever en communauté. C'est pourquoi une bonne maîtrise des conflits régionaux appelle des formes particulières de coopération, bilatérale ou multilatérale, entre forces de sécurité nationales amies et partenaires, acteurs directs ou parties prenantes sur le terrain’’, a estimé le patron de la gendarmerie sénégalaise.

À en croire le général Fall, ‘’l'évolution fulgurante des mentalités est la conséquence d'une mondialisation presque achevée. Cette interconnexion, ce brassage de cultures et manières de penser offrent aux nouvelles générations une autre perception de la notion de la liberté et des libertés individuelles. Ces dernières ont fini de confondre la frontière du droit à celle du devoir et des obligations’’. Ainsi, poursuit-il, ‘’nous faisons face à des peuples plus exigeants à l'égard de leurs gouvernants, à des citoyens aux réactions spontanées et parfois très agressives dans la forme de leur revendication. Nous faisons face à un monde de toutes les confusions, qui conçoit la violence comme un réflexe d'autodéfense, d'autoprotection ou tout simplement comme une posture légitime d'expression démocratique de son indépendance. Ce choc naturel de volontés individuelles dans un espace que nous partageons en commun est généralement alimenté par des motifs incompréhensibles. Il est malheureusement le fondement des conflits auxquels les gendarmeries et forces de sécurité à statut militaire sont appelées à apporter des réponses justes, légales, mais surtout proportionnées’’.

Face à un tel environnement, selon lui, ‘’l’offre traditionnelle de sécurité des forces de défense et de sécurité se trouve naturellement compromise. Les demandes de sécurité des populations imposent désormais un changement des paradigmes. Les forces de sécurité nationale doivent, chaque fois que c'est nécessaire, entreprendre un vaste programme de modernisation de leur outil et d'adaptation de leur doctrine d'emploi, pour être en mesure de répondre aux défis croissants et multiformes’’. Il est d’avis que ‘’cette organisation autour de la FIEP est un bon cadre de réflexion et d'échanges de procédés pour apporter des orientations pertinentes et efficientes à cette grande problématique de l'insécurité.

Notre association a la particularité de regrouper des modèles de forces inspirées de traditions séculaires, mais celles-ci sont aussi appelées à évoluer dans le bon sens, pour mériter encore la confiance de nos concitoyens et de nos autorités. Singulièrement, le modèle gendarmerie, d'héritage colonial français, est organisé comme une force polyvalente et réversible, avec des missions régaliennes réparties entre la sécurité intérieure et la défense. Ces missions peuvent être regroupées en trois objectifs principaux : participer à assurer la continuité de l'action gouvernementale, participer à garantir la sécurité générale du territoire par la prévention et la répression des atteintes à l'ordre public et participer à la protection des populations et de leurs biens, en particulier les moyens qui conditionnent le maintien des activités indispensables à leur bien-être’’.

Par ailleurs, de par leur nature, leur organisation et des valeurs militaires qu'elles incarnent, selon lui, les gendarmeries et forces assimilées sont particulièrement aptes à remplir des missions aux côtés des armées, en période normale comme en période exceptionnelle, notamment dans le cadre de la défense opérationnelle du territoire.

Aujourd'hui, ‘’l'émergence de nouvelles formes de menace, a-t-il précisé, a érigé la protection et la sûreté de nos territoires nationaux au rang de priorité stratégique et vitale. Pour y faire face, les forces de gendarmerie et forces assimilées doivent proposer un schéma cohérent, capable de garantir en permanence et partout une meilleure surveillance de leurs villes, de leurs campagnes, de leurs volets de communication, mais aussi de leurs frontières’’.

Il rappelle qu’au ‘’nombre des conséquences désastreuses des conflits, la dégradation de l'environnement, l'immigration irrégulière et les trafics d'armes et d'êtres humains restent des phénomènes majeurs qui appellent la mise en œuvre d'actions conjointes et concertées. Le sous-thème dont vous allez débattre durant les prochains jours, portant sur les problématiques de la ‘Protection de l'environnement et le contrôle des flux migratoires’ dans un contexte de crise, soulève des préoccupations communes, d'une brûlante actualité dans notre pays. Il interpelle non seulement les forces de gendarmerie, mais également toutes les forces de défense et de sécurité ici représentées. Le récent chavirement d'une embarcation provenant des côtes africaines, transportant plus d'une centaine de migrants au large de la péninsule grecque est une illustration dramatique de l'impérieuse nécessité de repenser la lutte contre ce fléau. Par ailleurs, l'orpaillage clandestin exercé dans les régions est et sud-est du Sénégal fait de cette part de frontières un terreau fertile pour le développement du risque terroriste. Il draine un lot de criminalités d'opportunité, de trafics en tous genres et de dégradations importantes de l'environnement et hausse le niveau d'alerte dans une région ouest-africaine quelque peu épargnée par les grands défis du climat’’, dit-il.

‘’Le Sénégal, de par sa position géographique, est frontalier à des pays en proie à la menace terroriste’’

L'engagement des institutions pour la protection de l'environnement, d’après lui, a été réitéré lors du Sommet des commandants des forces de gendarmerie et directeurs à Lisbonne en octobre 2022. Cet engagement est plus que jamais renouvelé, parce qu'il est le gage de leur participation à la préservation des ressources si chères à l'épanouissement de leurs pays respectifs. ‘’C'est pourquoi cette tribune est, à mon humble avis, une précieuse opportunité pour relancer la coopération multilatérale et renforcer les mécanismes d'échanges de bonnes pratiques indispensables pour surmonter nos préoccupations sécuritaires similaires et transversales.

Le Sénégal, de par sa position géographique, est frontalier à des pays en proie à la menace terroriste. Il constitue également un lieu de départ ou de transit des candidats à l'immigration clandestine. D'importantes mesures et des moyens conséquents ont été investis par l’État dans ces deux domaines, avec l'appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Les représentants de la gendarmerie ne manqueront pas de partager ces expériences avec les délégués de la FIEP lors des travaux de commissions’’, ajoute le général de division Moussa Fall.

CHEIKH THIAM

Section: 
DÉTENTION ET TRAFIC DE RÉSINE DE CANNABIS : Deux personnes interpellées à Gounass
PRISE EN CHARGE ONÉREUSE DES CANCERS MASCULINS : Le Pr. Papa Ahmed Fall interpelle le président Diomaye Faye
ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE : ‘’Qui est le capitaine ?’’ : Derrière le nombre croissant de migrants dans les prisons espagnoles
DECES MAMADOU MOUSTAPHA BA : Pour le repos de son âme !
Diomaye en Arabie Saoudite
D’anciens Enfants de troupe accompagnent la dépouille mortelle  
GRÈVE, GUÉGUERRE ENTRE LES AGENTS ET LA DIRECTRICE… : Rien ne va plus à Albert Royer !
JOURNÉE DES FORCES ARMÉES : Diomaye veut créer une véritable industrie nationale de défense
FESTIVAL LA KIMPAVITA : Le Maroc à l'honneur de la 6e édition
ASSISES DE LA PRESSE : Les conclusions présentées à Aliou Sall
DÉTENTION ET USAGE DE HASCHICH : Un étudiant condamné à un mois d’emprisonnement ferme
ESCROQUERIE PORTANT SUR PLUS DE 500 MILLIONS DE FRANCS CFA : Marie Lo jugée devant la chambre correctionnelle  
POUR SURMONTER LES ATTAQUES, HARCÈLEMENTS... : Les femmes journalistes conseillées à suivre une formation en gestion du stress
LETTRE DE MACKY SALL AU GOUVERNEMENT : La réponse cinglante du ministre-porte-parole Ousseynou Ly
TRAFIC DE DROGUE SUR L’AXE POINT E-RUFISQUE-MÉDINA : 300 kg de chanvre indien saisis par la police
Cartes d’électeur
Inondations Bakel-Matam
Obsèques Mamadou Moustapha Ba
LINGUÈRE LYCÉE ALBOURY NDIAYE : Les élèves en grève pour dénoncer le déficit de professeurs
CAMPAGNE POUR UNE RÉFORME SUR LES PROCÉDURES DE VISAS : Quatre mille personnes ont déjà signé la pétition