Un combat en dehors de l’arène

Le lutteur Gora Niang, également connu sous le surnom de ‘’Niang Balo’’, a comparu devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Il est poursuivi pour défaut de permis, rébellion et outrage à agent de la force publique. Les faits remontent à un incident survenu lors de son contrôle de police, alors qu’il se rendait à l’aéroport pour un tournoi de lutte en Espagne.
L’altercation a eu lieu à la suite d’une demande de contrôle de routine. Niang Balo a présenté une attestation d’assurance au policier, mais ce dernier l’a jugée invalide. Le lutteur a contesté, affirmant que l’auteur du document se trouvait à un autre endroit et que la situation n’avait pas lieu d’être ainsi. L’agent a alors exigé la présentation du permis de conduire, une demande que Gora Niang n’a pas exécutée. Selon l’accusation, le lutteur a alors foncé sur l’agent de la police qui a sauté sur le capot. Il l’a traîné sur plusieurs mètres avant de prendre la fuite, tout en emportant les clés du véhicule.
Hier, devant la barre du tribunal, Gora Niang s’est défendu : ‘’Je n’ai pas foncé sur lui’’, a-t-il insisté. Le lutteur a expliqué qu’il était inquiet de manquer son vol pour l’Espagne et qu’il ne voulait pas être en retard. Mais le procureur n’a pas lâché l’affaire et affirmé que le prévenu a bien foncé sur l’agent, mettant sa vie en danger. Que ce comportement, même s’il est dû à la peur d’arriver en retard pour embarquer, n’en demeure pas moins répréhensible.
Pire, le procureur a souligné que le véhicule n’était pas en règle et que le lutteur a préféré fuir, se rendant ainsi directement à l’aéroport pour son combat à venir. ‘’Pourquoi ne vous êtes-vous pas soumis au contrôle de la police ? Est-ce parce que vous êtes un lutteur très connu ?’’, lui a lancé le procureur, rappelant que, peu importe son statut, Gora Niang devait se soumettre à la loi comme tout citoyen.
Ainsi, il a requis une peine de deux ans, dont six mois ferme, soulignant la gravité des faits, notamment le danger que le lutteur a fait courir à la vie de l’agent de la police. ‘’Le statut de lutteur, aussi prestigieux soit-il, ne justifie en rien ses actions qui ont failli coûter la vie à un policier’’, a-t-il martelé.
Face à ces accusations, la défense a exprimé des arguments de clémence. Maitre Amadou Sall a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas de blessure ni de coup porté et que le lutteur n’avait pas l’intention de nuire à l’agent. L’avocat a aussi mentionné les conséquences financières de l’incident, soulignant que Gora Niang avait déjà perdu énormément d’argent en raison de son absence à son tournoi en Espagne.
De son côté, Me Barro a demandé une compréhension particulière en soulignant que le lutteur s’était vu contraint de réagir ainsi sous pression. L’avocat a ajouté que les billets pour le voyage en Espagne étaient déjà achetés et que la situation avait pris une tournure tragique pour le lutteur, qui a souffert de la perte de son combat. Il a ainsi sollicité la clémence du tribunal, insistant sur la nécessité de ne pas étouffer le talent de Gora Niang.
Le dernier mot des défenseurs a été celui de la compassion, avec Me Babacar Mbaye appelant le tribunal à tendre la perche à Gora Niang, malgré l’incident.
Le tribunal a décidé de rendre son verdict le 2 avril prochain.
MAGUETTE NDAO