Les droit-de-l’hommistes’’ internationalisent le combat
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Les associations des Droits de l’homme engagent le combat pour la libération de Guy Marius Sagna. Ils comptent ainsi l’internationaliser et dénoncer les violations notées dans cette affaire.
Les associations des Droits de l’homme s’impliquent dans le combat pour la libération de Guy Marius Sagna. En conférence de presse hier, des organisations comme la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho), Article 19 Afrique de l’Ouest/Sénégal et Amnesty International/Sénégal ont exigé la libération de l’activiste en détention pour une manifestation interdite contre la hausse du prix de l’électricité.
Dans leur stratégie de dénonciation, ils n’excluent pas de porter l’affaire sur le plan international. Assane Dioma Ndiaye et ses amis renseignent qu’ils ont commencé à informer des organisations et des missions diplomatiques à travers le monde. Ils préparent d’ailleurs une action judiciaire au niveau de la CDEAO et du Comité des Nations Unies contre la détention arbitraire.
‘’Nous allons également renforcer le combat pour avoir un Conseil supérieur de la magistrature beaucoup plus habilité à garantir l’indépendance de la justice. On ne peut pas parler de démocratie sans des institutions indépendantes, impartiales et qui protègent les citoyens contre les détentions arbitraires’’, déclare le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH).
Ces organisations de défense exigent, en outre, l’instauration d'un juge de la détention et des libertés au Sénégal. Car, aux yeux de l’avocat, sans ce juge, le parquet aura le chemin balisé pour mettre en œuvre les actions du gouvernement. Le droit-de-l’hommiste estime également qu’il faut une réforme en profondeur des institutions, de nature à garantir l’indépendance, les droits fondamentaux des citoyens qui sont, d’après ses dires, acquis et pérennisés depuis le XVIIIe siècle dans certains pays.
‘’Nous avons tenu à taper sur la table, aujourd'hui, et tirer la sonnette d'alarme, étant entendu que le combat ira crescendo, si les violations persistent’’, prévient la robe noire. Assane Dioma Ndiaye rappelle qu’ils sont dans un combat de principe et comptent défendre toute personne dans cette situation. ‘’Si vous laissez passer pour quelqu’un, un autre Sénégalais sera victime et la personne violatrice continuera à violer. On ne peut pas permettre à un gouvernement de violer les droits, en fonction d’intérêts particuliers. C’est inadmissible’’, fulmine Assane Dioma Ndiaye.
Pour le président de la LSDH, la détention de Guy Marius Sagna reste illégale. En effet, d’après Me Ndiaye, on ne peut pas porter atteinte à la liberté individuelle, simplement parce que des citoyens ont usé des droits fondamentaux de façon pacifique dans un Etat de droits. ‘’A la limite, si on estime qu’il y a un attroupement qui est de nature à troubler la tranquillité du public, on disperse ces citoyens’’, laisse-t-il entendre.
Les droit-de-l’hommistes estiment, en outre, qu’on ne peut pas surcharger Guy Marius Sagna par rapport à ses 8 co-inculpés qui ont tous été relâchés. A partir de ce moment, souligne Assane Dioma Ndiaye, il s’agit d’une ‘’affaire judiciaire éminemment politique pour éliminer une personne gênante’’. ‘’Nous avons estimé que deux principes qui guident la justice ont été violés : à savoir celui de l’indépendance et celui de l’égalité entre les citoyens et de non- discrimination’’, poursuit l’avocat. Qui n’a pas manqué de relever une troisième anomalie relative au traitement réservé à Guy Marius Sagna qui est stigmatisé et interdit de visite.
‘’Il a été transféré dans le secteur réputé estampillé ‘Haute sécurité’ au niveau du Camp pénal où on estime qu’on doit parquer les citoyens qu’on qualifie de dangereux, pour quelqu’un qui bénéficie de la présomption d’innocence, qu’on a arrêté sans arme, qui n’avait pas un projet de tuer ou d’attaquer de façon violente les institutions. On ne peut pas atteindre, à ce point, à sa dignité’’, dénonce Assane Dioma Ndiaye.
HABIBATOU TRAORE