Obama lâche le Qatari Al Thani pour le Sénégalais Macky Sall

Vivant un destin dirigé par des maîtres inconnus, et faussé par son cours naturel, l’Etat africain est infesté voire encombré par des réseaux qui échappent au contrôle du peuple et parasitent l’autorité de l’Etat. Dans le domaine des relations politiques, ces réseaux remontent aux grandes chancelleries occidentales et plus particulièrement à l’Elysée. C’est dans ces instances politiques que se déroulent, se fixent au-dessous des cartes, des agendas politiques, économiques et financiers aux profits des capitaines d’industries, afin que l’entreprise succursale puisse ramasser la part du lion, dans les commandes et marchés publics. Et ce, souvent au détriment des entreprises nationales.
Mais le modus operandi des dits réseaux, consiste (…) à vider la démocratie de son contenu tout en en préservant ses formes à travers un certain interventionnisme politique faisant parfois parler les armes. A cet égard, on peut vraiment évoquer un interventionnisme français très récurent dans le champ politique africain en général, comme le sauvetage militaire de Idriss Déby Itno au Tchad en 2008 face à la rébellion, le coup de pouce électoral à Ali Bongo Ondimba, les interventions militaires en Côte d’Ivoire et en Libye.
En novembre 2001, l’Amérique s’était permise le luxe de voter une loi dénommée : «Patriot act» et signée par Georges W. Bush. Cette loi à forte «incidence morale» à l’égard du monde musulman, est l’arbre généalogique de toute mesure sécuritaire avec usage d’une violence excessive, bafouant les règles les plus élémentaires de libertés publiques. Cette loi impitoyable en vertu de laquelle les Américains créent des réseaux de prisons secrètes extra-territoriales et même parfois à l’insu des gouvernements des pays concernés, pour y transférer et loger des terroristes présumés. Parce que l'un des axes centraux de ce long texte de (132) pages, est d'effacer la distinction juridique entre les enquêtes effectuées par les services de renseignements extérieurs et les agences fédérales responsables des enquêtes criminelles (FBI), dès lors qu'elles impliquent des terroristes étrangers. Elle a ainsi créé des statuts dits de «combattant ennemi» et «combattant illégal», qui permettent au gouvernement des Etats-Unis de détenir sans limite et sans inculpation, toute personne soupçonnée de projet terroriste.
Cette loi a créé des effets d’entraînement, sous forme de mesures sécuritaires très répressives, un peu partout dans le monde, avec un lot d’exclusion politique qui consacre ainsi des occurrences politiques, qui créent des «desperados» qui vont grossir les rangs des djihadistes.
Ici, chez nous, l’ambassadeur de France au Sénégal et le ministre de l’Intérieur ont paraphé une convention de financement d’un montant de 463 millions FCFA pour la lutte contre le terrorisme. Une bonne mesure dont l'objectif est : empêcher, déceler, priver et intervenir, quatre points autour desquels tourne la stratégie qu’envisage la Police nationale pour faire face à toute menace terroriste. Mais je ne pense pas que ces procédures judiciaires soient non conventionnelles, comme ce fut le cas avec le «Patriot act». (...)
Au Qatar, séduit par le miroir aux alouettes de «nouveau maître du golf» et la griserie de «leader sous régional», Hamad Al Thani fourre le nez ou s’immisce dans les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne. Et ce d’autant plus qu’il s’est illustré comme un parangon de la paix et des valeurs universelles, connu dans les médiations de l’affaire des infirmières bulgares, entre autres : il est un soutien sans fard des opérations de l’Otan en Libye. Il a usé de sa forte puissance médiatique (Al Jazira) pour mener une action politico-diplomatique qui délivre des lettres de créances aux forces de l’Otan en Libye, et a soutenu vigoureusement la fermeté de Washington contre la Syrie de Bachar Al Assad.
Le zèle de Hamad ne s’arrête pas là. Il se présente comme une âme charitable qui finance avec largesses les œuvres humanitaires, agit pour la préservation et la promotion des droits humains, alors que son royaume est un goulag mis sous coupe réglée par une doctrine wahabite à la vision fondamentaliste très étriquée. L'ampleur de sa renommée fulgurante est telle qu'il est devenu l’objet de toutes les accusations fantaisistes, allant du financement occulte des djihadistes à un jeu double sur la corruption. Ses déboires guettent aujourd'hui le président Macky Sall s’il ne donne pas plus de priorité à la satisfaction des préoccupations des Sénégalais contre les «brevets de bienséance» distribués par-ci et par-là par les aréopages politiques occidentaux. Welcome, Mister Obama, le maître inconnu.
Serigne Fallou Dieng
Maître soufi
Président du cercle des intellectuels soufis